C’était le 14 février dernier à Clermont-Ferrand. L’IUFM d’Auvergne invitait, dans une conférence publique, deux experts, Roland Goigoux et Michel Fayol, à faire le point sur l’état des savoirs concernant la lecture. Il faut croire que l’initiative était pertinente : plusieurs centaines de personnes ont dû rester dehors, les deux amphis universitaires prévus pour accueillir les auditeurs se révélant trop petits.
« Je conteste l’approche syllabique stricte, parce qu’elle exclut l’analyse mais aussi parce qu’elle vide les textes de toute signification (Léa sort le cheval, Faro le mord, le cheval a mal, Léo lui parle fort, il file) » affirme Roland Goigoux. « Si on choisit que le O ne fera que le son O, on se prive de tellement de mots que ça donne des textes dérisoires…. Pourtant, les manuels actuels organisent un travail partant de l’oral, font un travail d’analyse phonologique, localisent les phonèmes (« où entend-on OU dans MOUTON ? » et permettent de faire les relations entre ce qu’on entend et ce qu’on voit ».
« L’activité de lecture est une vraie activité, qui doit se pratiquer en tant que telle même si on doit aussi pratiquer des exercices spécifiques » estime Michel Fayol. « Mais il ne faut pas oublier que l’activité de lecture fait beaucoup référence aux connaissances antérieures et à la culture… Sur la formation à l’enseignement de la lecture, je pense qu’il faut un minimum de connaissance sur ce qu’est un phonème, comme sur ce qu’est un processus d’apprentissage. Former les maîtres à repérer le niveau de difficulté de ce qu’ils donnent à faire aux élèves, c’est déjà leur donner plus d’efficacité. Si on veut dépassionner les débats, ça vaut la peine de s’interroger sur les aspects sur lesquels on n’a pas de réponse, et plutôt que d’apporter des réponses passionnelles, travailler à développer des travaux empiriques, par exemple sur la place à donner à l’écriture dans l’apprentissage ».
Patrick Picard rend compte de cette conférence et des propos des intervenants.
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