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Le dossier à télécharger (en pdf) – L’affichette pour la salle des profs (en pdf)
« […]
On observe sur cette question un consensus remarquable de la communauté scientifique […]Franck Ramus […] Liliane Sprenger-Charolles, Johannes Ziegler ou à Stanislas Dehaene,[…] » |
Les chercheurs Franck Ramus, Chargé de Recherches au CNRS … Réagissent également : |
Dans le débat sur » les méthodes de lecture « , la Science a bon dos. Invoquée à la fois par le Ministre de l’Education Nationale et par ses opposants, elle semble se plier aux différents points de vue. Pourtant, après maints débats alimentés de citations tronquées, les nuances d’un point de vue qui vise à l’objectivité scientifique n’ont toujours pas réussi à se faire entendre. Il nous paraît donc important de clarifier ce que les recherches scientifiques permettent (ou pas) de dire. […]
Les mots « syllabique » et « globale » ne font pas partie du vocabulaire scientifique car trop ambigus. Les recherches se sont plus précisément attachées à comparer l’efficacité des méthodes en fonction de l’importance accordée au déchiffrage (des lettres en sons, ou plus précisément des graphèmes en phonèmes) […]
1.l’enseignement systématique du déchiffrage est plus efficace que son enseignement non systématique ou absent ;
2.l’enseignement systématique du déchiffrage est plus efficace lorsqu’il démarre précocement que lorsqu’il démarre après le début de l’apprentissage de la lecture ;
3.les enfants qui suivent un enseignement systématique du déchiffrage obtiennent de meilleurs résultats que les autres, non seulement en lecture de mot, mais également en compréhension de texte (contrairement aux idées reçues sur les méfaits du déchiffrage qui conduirait à ânonner sans comprendre) ;
4.l’enseignement systématique du déchiffrage est particulièrement supérieur aux autres méthodes pour les enfants à risque de difficultés d’apprentissage de la lecture, soit du fait de faiblesses en langage oral, soit du fait d’un milieu socio-culturel défavorisé ;
5.du moment que le déchiffrage est enseigné systématiquement, il importe peu que l’approche soit plutôt analytique (du mot ou de la syllabe vers le phonème) ou synthétique (du phonème vers la syllabe et le mot). […]
Y a-t-il donc lieu de décréter l’état d’urgence ?
Probablement pas. Il semble qu’une grande majorité de professeurs des écoles enseignent effectivement le déchiffrage dès le début du CP, et la plupart des manuels publiés respectent l’esprit des programmes. Néanmoins, il faudrait à tout prix éviter que dans
une minorité de classes les enfants perdent les premières semaines voire les premiers mois du CP à faire semblant de lire en devinant les mots. Pour cette raison, une clarification des programmes serait utile, tout comme le suivi de leur mise en application effective, en relation avec les personnels des IUFM et des différents corps d’inspection.
Faut-il donc revenir aux vieilles méthodes enseignant exclusivement le B-A-BA de manière répétitive et dénuée de sens ?
Certainement pas. Sur ce point nous rejoignons largement l’avis du monde enseignant pour dire que les méthodes qui, dans l’état actuel de l’art, semblent optimales, initient l’enfant non seulement au déchiffrage, mais également à la morphologie, à la syntaxe, à la compréhension de textes ayant un sens, ainsi qu’à l’écriture. Simplement, le déchiffrage doit être présent dès le début du CP.
Peut-on espérer d’une telle réforme l’éradication de l’illettrisme ? L’obligation d’enseigner le déchiffrage dès le début du CP serait un net progrès pour la minorité d’enfants qui actuellement n’en bénéficieraient pas. Cela réduirait sans doute marginalement l’illettrisme, sans pour autant l’éradiquer. Les causes de l’illettrisme sont multiples, incluant de nombreux facteurs socio-culturels et une faible maîtrise de la langue orale. L’école (notamment maternelle) a un rôle important à jouer à ces niveaux aussi. Quant à la dyslexie, elle concerne un groupe très minoritaire d’enfants souffrant d’un trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture, pour qui l’enseignement précoce du déchiffrage est aussi bénéfique, à défaut d’être réellement curatif.
Texte complet sur
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/contribs_ramus.aspx
« Je pourrais également vous parler de la Finlande, toujours classée première dans les comparaisons internationales en lecture, et qui applique depuis longtemps des méthodes phono-synthétiques. » G .De Robien |
La Finlande ?
Ce n’est pas ce qui fait la différence pour les finlandais eux-mêmes. A la journée de convention de l’UMP, au cours de laquelle Nicolas Sarkozy présentait son projet pour l’école, Kristina Kaihari-Salminen, conseillère au National board of education de Finlande, décrivit ce qui, d’après elle, fait la réussite du système finlandais : aucune sélection, proximité du domicile, scolarité unique de neuf ans, beaucoup de soutien, pas de redoublement, pas de classement. Et pour les enseignants : large autonomie, recrutement local, formation sur 5 ans, liberté des méthodes, travail collectif, « social-constructivisme » en pédagogie, évaluation permanente, feedback- positif des élèves […]
A noter également que le système linguistique finlandais est très “transparent” entre l’oral et l’écrit…
Page publiée le 03-02-2006