« Certains enseignements contribuent directement à développer des compétences en rapport avec la santé. D’autres… peuvent mettre en oeuvre des activités, exploiter des situations ou des supports utiles pour l’éducation à la santé ». Dans ce nouveau numéro de la revue V.E.I. Diversité, Nadine Neulat rappelle l’importance de l’éducation à la santé dans l’éducation nationale. Elle annonce d’ailleurs la publication par la Desco d’un livret sur « L’éducation aux comportements responsables au collège et au lycée ».
La revue s’organise en trois parties consacrées aux recherches sur la santé des jeunes, à l’éducation à la santé et aux disparités territoriales.
Disons le : ce numéro prend parfois à rebrousse poil des convictions. C’est ainsi que Gilles Brandibas analyse les attitudes d’opposition de l’adolescent comme le signe parfois d’une maturation. « Refuser ne signifie pas systématiquement une opposition symptomatique, mais cela peut être le signe d’un processus de maturation et d’intégration de l’interdit….L’opposition à l’école participant à cette étape de maturation est une opposition constructive… Ainsi la santé psychique des adolescents… est le produit d’une interaction entre un environnement plus ou moins averti de ces manifestations et d’un adolescent plus ou moins à même de faire la part des choses entre ses conflits internes et ce qu’il perçoit du désir qu’ont les adultes de l’aider ».
Marie-Christine Toczek dévoile la « face cachée de l’estime de soi ». Pour elle, « l’idée communément admise selon laquelle une estime de soi élevée est une qualité indiscutable pour l’élève est remise en question : elle peut être contreproductive ».
Mais VEI Diversité donne aussi à réfléchir sur la santé des jeunes, hors de tout contexte scolaire. Dans un remarquable entretien, Marie Choquet, Inserm, fait le point sur l’évolution de la santé des jeunes ces dernières années. Sait-on par exemple que « on a aujourd’hui une importante augmentation de la consommation de cannabis, dans des proportions inattendues : en l’espace de 5 ans, le taux a triplé ». Elle signale également le doublement des suicides chez les filles, alors que les garçons ont un taux stable. Face à ces préoccupations elle communique ses déceptions face à l’immobilisme de l’Ecole.
Pourtant Marc Loriol, CNRS, dégage une évolution : celle de la médicalisation croissante de la souffrance des jeunes. Devant les difficultés d’accès à l’emploi,la société passerait d’une réponse sociale à une aide psychologique, niant la dimension sociale. Pourtant Marta Antunes-Maia retrouve celle-ci jusque dans les représentations des adolescents en matière de sexualité.
On le voit, ce numéro de VEI Diversité nous emmène loin dans un univers encore peu exploré par les enseignants alors même qu’ils ont un rôle croissant à y jouer : celui de la santé des jeunes.
Sommaire et extraits