« Je n’ai pas peur du passage à l’acte. Je ne dis pas ça par rapport à mes prédécesseurs, mais c’est ainsi : pour moi, la politique consiste à agir, pas à décrire. C’est mon côté paysan, les pieds dans la tourbe. Nous avons une obligation de mouvement plus que de résultat. On doit montrer qu’on se défonce, qu’on se donne du mal ». Dans Libération, le ministre de l’éducation nationale se construit une image d’homme fort.
Pour Emmanuel Davidenkoff, « la réformite est de retour à l’Education nationale ». Gilles de Robien serait bien en train de changer l’école. « Les mesures Robien font système… Elle s’exprime d’abord par le regard porté sur l’élève, sommé de se soumettre ou de se démettre. Paradoxalement, la politique de Robien entérine les dysfonctionnements du système. D’abord, elle externalise les réponses aux difficultés : recours aux associations (via les ateliers relais) ou aux entreprises (apprentissage à 14 ans) pour les collégiens en difficulté ; recours à la police pour lutter contre la violence (policiers «référents» dans les établissements, incitation aux enseignants à porter plainte contre les élèves) ; recours aux subsides et à la politique du ministère de la Cohésion sociale pour répondre à la détresse sociale (plan Borloo)… Dit autrement : l’échec scolaire n’est pas celui de l’école ; c’est celui de l’élève et de sa famille… Ensuite cette politique renonce aux exigences culturelles les plus ambitieuses : les apprentis de 15 ans devront maîtriser le futur «socle de connaissances» qui sera donc moins exigeant que le brevet des collèges, et Robien prévoit «l’allègement des programmes» ».
Robien serait donc en train de réussir là où ses prédécesseurs ont échoué. Reste à savoir si le désengagement fait réforme.
Article de Libération
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