« Nous avons voulu comprendre d’abord quel regard on porte aujourd’hui sur l’évaluation scolaire. Il apparaît clairement qu’elle est bien une aire de soupçons et d’ambiguïtés ». Raoul Pantanella ouvre ce numéro 438 des Cahiers pédagogiques dédié à l’évaluation des élèves par sa remise en cause. « On peut voir d’abord combien la mesure des acquis scolaires est aléatoire, faussement précise et assurée, et combien tout le monde sait cela mais fait comme s’il convenait de l’ignorer obstinément ».
Et le numéro en donne des exemples. Pierre Merle montre, ne nous en déplaise, que cette mesure dépend aussi de variables subjectives comme les arrangements d’établissement, le climat de la classe, la prise en compte de cas personnels. Pour lui, « la notation est l’un des chaînons des prophéties autoréalisatrices positives ou négatives car elle exerce une influence considérable sur le comportement des élèves en classe et sur leurs attentes à l’égard des professeurs et de l’école ». Philippe Perrenoud appelle donc les enseignants à piloter les apprentissages au lieu de se perdre dans « la guerre des notes ». Jean-Martial Fouilloux se demande si l’évaluation telle qu’elle est pratiquée est en cohérence avec l’éducation démocratique.
Voilà des paroles dures à entendre parfois ! Les Cahiers donnent alors la parole à des enseignants de terrain qui partagent avec nous leurs expériences. Elles peuvent aller de la ceinture des pédagogies institutionnelles en orthographe au portfolio. A noter par exemple ces réflexions sur l’évaluation à l’oral, l’épreuve d’invention au bac de français ou encore la dissertation de philosophie. Les outils officiels n’échappent pas à la critique. Ainsi, pour R. Guichenuy, « les outils fournis par l’institution (Casimir, Jade) risquent de tourner au pensum. Les enseignants ne se les approprient pas. Par contre, s’ils sont le fruit du travail d’une équipe, intégrés dans un projet pédagogique, ce sera le cas ».
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