« Le contrat de travail ne pourra commencer qu’à 15 ans, l’âge légal. Nous créerons des filières qui permettront de revenir vers l’école, le lycée. Un système qui sera aidé par l’acquisition durant l’apprentissage du socle commun de connaissance générale. L’apprentissage peut redonner le goût à l’enseignement supérieur ». Quelques jours après avoir annoncé l’apprentissage à 14 ans, dans un article annoncé par l’AFP, le premier ministre redéfinit son projet. L’apprentissage débuterait lieu 15 ans, sous statut scolaire et avec des passerelles de retour vers le lycée voir l’enseignement supérieur. Un dispositif hautement improbable et qui, s’il voulait réellement tout ménager, risquerait de laisser sur le carreau des jeunes sans formation générale solide et sans formation professionnelle réelle.
C’est d’ailleurs ce qu’osent affirmer certains professionnels. Ainsi, dans Libération, pour Xavier Cornu , directeur général de l’enseignement à la Chambre de commerce de Paris, « quand vous êtes apprenti boulanger, vous n’êtes pas apprenti couvreur, encore moins collégien modèle puisque vous étudiez moins. Donner une orientation quasi définitive à 16 ans, c’est déjà très tôt. 14 ans, c’est vraiment prématuré ». Pour lui, « un jeune de 14 ans, quel que soit le milieu dont il est issu, n’a ni les aptitudes physiques et comportementales, ni la maturité psychologique pour endosser la responsabilité d’un contrat de travail. A fortiori les 15 000 jeunes en situation de déscolarisation qui sont clairement visés par le dispositif : ils savent à peine lire, écrire et compter, sont dans un temps de révolte et pas d’intégration ce ne sont pas des conditions idéales pour être embauchés ! Un tel dispositif risque donc de se retourner contre le jeune : si vous le faites entrer en apprentissage en lui expliquant que c’est une «dernière chance», et que le contrat est rompu au bout de trois mois, vous lui plongez la tête sous l’eau encore plus profondément. On n’a pas le droit de jouer avec ça ».
X. Cornu ne voit qu’une solution : « l’Education nationale ne peut abandonner (ces jeunes) au motif qu’ils ne correspondent pas à sa façon d’enseigner. C’est à elle de s’adapter, d’individualiser les parcours et la pédagogie, de repenser à ses modalités d’évaluation »… L’Education nationale a sans doute besoin de moyens supplémentaires pour y parvenir, mais aussi de s’ouvrir à l’idée selon laquelle on peut former autrement qu’elle ne le fait et obtenir, à l’arrivée, des gens tout aussi compétents ».
A ces critiques s’ajoutent celles du Sgen, reçu par G. de Robien le 28 novembre. « A 14 ans, on ne peut savoir ce qu’on fera dans l’avenir et surtout si on est en échec. Envoyer un jeune en échec en apprentissage, c’est une démission ».
Dépêche AFP
Article de Libération
Dépêche AFP