» Face aux dangers d’un renfermement sur soi de la profession, toutes les mesures que nous préconisons sont animées par le souci de la plus large ouverture de la profession de conseil en orientation, ouverture à tous les partenaires de l’Education nationale, ouverture vers les autres acteurs du conseil en orientation, ouverture des recrutements, ouverture de la formation… » Le rapport de l’Inspection générale (Robert Denquin, Didier Bargas) sur les services d’information et d’orientation risque pourtant de susciter une forte crispation chez les conseillers d’orientation psychologues (CO-P).
C’est qu’il dresse le tableau d’une situation tellement dégradée qu’il faudrait la redresser d’urgence. L’Inspection dénonce » des emplois du temps éclatés, des activités morcelées, une présence en établissement de plus en plus réduite ». Ainsi « la formation continue des personnels qui revêt une particulière importance compte tenu de leur mission d’information pêche par ses insuffisances… Pourtant, le volume des 9h10mn hebdomadaires accordées aux CO-P pour leur perfectionnement individuel devrait permettre de développer une véritable formation continue. De nombreux conseillers ont avoué par exemple une connaissance insuffisante du monde économique et du marché de l’emploi, lacune regrettable au moment où se met en place dans les collèges l’enseignement de la découverte professionnelle !.. « Le rapport laisse entendre que l’horaire de travail n’est pas toujours respecté du fait du laxisme des directeurs de centre. Une autre fustigation concerne l’accès des publics au service : » Même si l’on peut comprendre les contraintes liées à un potentiel horaire en diminution, la mission s’étonne du peu de souplesse de nombreux centres. Certes, l’équipe des conseillers est presque toujours renforcée le mercredi après-midi pour faire face à l’affluence du public mais en dehors de cette demi-journée, les heures d’ouverture du CIO coïncident très exactement avec les heures où élèves ou salariés sont indisponibles ! Ce problème ne semble pas préoccuper les services pourtant officiellement très attachés à l’accueil du public ». Difficile d’être plus sévère !
Alors que propose l’Inspection ? Rien de moins que l’éclatement et la régionalisation du service. « On pourrait imaginer de créer un service académique d’aide et d’assistance psychologique distinct du service académique d’information et de conseil en orientation scolaire et professionnelle. Dans ces conditions les CO-P seraient appelés à choisir entre une affectation en qualité de psychologue du second degré dans un établissement scolaire sous la responsabilité du chef d’établissement et une affectation en qualité de conseiller d’orientation (CO) dans un centre d’information et d’orientation. Il faudrait bien sûr mettre fin à l’unicité du corps des CO-P et créer un corps de psychologues de l’enseignement secondaire et un nouveau corps de conseillers d’information et d’orientation »… Le service d’information et de conseil en orientation scolaire et professionnelle pourrait, soit demeurer au sein de l’éducation nationale avec de réelles possibilités pour établir des partenariats, soit être entièrement décentralisé aux Régions qui auraient pour mission d’organiser un réseau comprenant des facettes multiples adaptées aux différences des publics et des besoins. Dans ce cas, la logique et la cohérence voudraient d’ailleurs sans doute que le pilotage global et le financement des centres d’information jeunesse et des missions locales soient aussi confiés aux Régions ».
Car l’Inspection demande la création d’Etablissements publics régionaux capables de prendre en charge la restructuration du réseau des CIO, de répondre aux besoins locaux et d’améliorer l’efficacité des centres. » La conception de ces EPR pourrait se fonder sur le modèle des établissements publics locaux d’enseignement (EPLE) qui fonctionnent en partenariat entre l’Etat qui rémunère les personnels et garantit les missions, et les Départements et Régions qui assument les financements du fonctionnement et de l’investissement. Ces établissements doivent être uniquement des outils techniques, sous l’autorité du recteur ». Les nouveaux centres utiliseraient un personnel faisant plus d’heures hebdomadaires et en établissement et formé différemment. Car ce grand chambardement a aussi pour objectif de faire mieux prendre en compte par les CO-P les nécessités économiques locales et d’éviter les « dérives psychologisantes ».
Le rapport (en pdf)
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