« Trois facteurs principaux entrent en ligne de compte dans le choix de la série de première : les résultats scolaires, les caractéristiques sociales et familiales, le fait d’être un garçon ou une fille ». Consacré au suivi d’un panel de jeunes entrés au collège en 1995, le numéro 72 d’Education et formations apporte de riches informations sur les représentations des élèves et leur impact sur les stratégies scolaires.
Deux articles concernent l’orientation en fin de seconde. Le premier, rédigé par Sévane Ananian, Alice Bonnaud, Aurélie Lambertyn et Marie-Noël Vercambre, met en évidence trois facteurs pilotant l’orientation : les résultats scolaires, le sexe et la catégorie socio-professionnelle. Plus que les résultats scolaires en général, le niveau en maths reste le facteur déterminant de l’orientation. Il pilote l’entrée en S, ce qui peut paraître logique, mais détermine également le choix de la filière L. Aucune autre discipline n’a cette importance. La catégorie sociale a aussi son importance : « à résultats scolaires et autres caractéristiques comparables, les enfants de cadres, d’enseignants, mais aussi de parents exerçant une profession intermédiaire s’orientent davantage vers une première générale que les enfants d’ouvriers, d’agriculteurs ou de personnes inactives » . Des différences apparaissent aussi selon le niveau de diplôme des parents et même le type de famille. « Toutes choses égales par ailleurs, le fait d’être enfant unique s’avère favoriser l’accès en première générale. À l’opposé, les élèves en situation familiale atypique (ne vivant avec aucun de leurs parents) ont moins de chances de poursuivre leur second cycle dans l’enseignement général ». L’article propose un intéressant graphique qui rend visibles les critères d’orientation. Un document qui mériterait de circuler en salle des profs.
Le sexe ne joue que modérément sur l’arbitrage entre général et technologique mais » se manifeste plus nettement au niveau du choix de la série… Ce critère sera prédominant dans l’enseignement technologique ». Entre STI et STT la part des jeunes filles varie de 7 à 61% !
Comment dès lors s’étonner du vécu douloureux de cette orientation. Un second article, rédigé par Jean-Paul Caille, met en évidence de fortes inégalités devant la perception de l’orientation. L’orintation est plus contrainte que voulue pour 4 jeunes sur dix. Ainsi si 14% des enfants de cadres estiment que la décision d’orientation était injuste, ce taux monte à 26% et 22% pour les enfants d’employé de service ou d’ouvrier. « Si près de 60 % (des jeunes) sont satisfaits de l’aide apportée par leurs parents, moins de la moitié estiment avoir été bien informés par les professeurs et les conseillers d’orientation. En cas de refus d’un voeu d’orientation, un jeune sur trois juge que la décision du conseil de classe était injuste… La perception de l’orientation est plus critique lorsque les jeunes ont été orientés en dehors de la voie générale. En particulier, le sentiment d’injustice et les problèmes d’offre scolaire sont sensiblement plus fréquents parmi les lycéens professionnels et technologiques ainsi que les sortants ».
Le sentiment d’injustice a aussi une dimension ethnique. » Exprimé par 24 % d’immigrés contre seulement 17 % des jeunes de familles non immigrées, (le sentiment d’injustice) grimpe à 30 % parmi les enfants d’immigrés originaires du Maghreb et à 28 % parmi ceux originaires d’Afrique subsaharienne. En revanche, il atteint seulement 15% parmi les jeunes dont les parents viennent du Portugal ou d’Espagne ». Toutes ces données montrent l’importance d’un renforcement de l’éducation à l’orientation.
Article d’Education et formations (en pdf)
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