« Cette génération a fait tôt son nid dans le réseau des réseaux, comme s’il avait été inventé pour elle. L’interactivité satisfait sa soif de dialogue et d’authenticité. Formidable lieu d’échanges, la Toile tient de la cour de récréation et du défouloir. Elle encourage la mise en scène de soi, incite au marivaudage, désinhibe les timides, survolte les audacieux, tout cela sans grands risques. Accueillant, tolérant, virtuel, le Web autorise tous les faux-fuyants. Les « adulescents » apprécient ». Dans Le Monde, Bertrand Le Gendre fait le portrait de nos grands élèves, nés avec l’informatique et grandis avec Internet.
Pour lui, « L’I-génération a du mal à admettre que la culture et l’information ont un coût. Pour elle, c’est un dû… Certains, comme la chercheuse américaine Christine Rosen dans un récent article de The New Atlantis, s’interrogent sur le sentiment de toute-puissance que les moyens modernes de communication donnent à l’I-génération. De l’exacerbation du moi qui en découle, un syndrome qu’elle nomme « egocasting ».
C’est qu’outre-Atlantique la question des effets des TICE sur les relations entre personnes, et singulièrement la relation pédagogique, interroge. Ainsi Jason L. Frand, professeur à l’UCLA, dans un article paru dans Educause en septembre 2000, signalé dans le Café 44, mettait en évidence de nouvelles attitudes intellectuelles. Quelques exemples ? Les jeux vidéo habituent les jeunes à expérimenter sans cesse. Il faut perdre de nombreuses vies pour gagner un jeu Nintendo. Quand il s’agit de faire l’apprentissage d’un logiciel, les jeunes ouvrent la boîte et découvrent le programme en l’utilisant. D’un côté cette démarche par tâtonnements peut être récupérée par certaines disciplines. De l’autre, elle met en danger des démarches analytiques. Signalons également le dossier de Jacques Nimier qui proposait trois points de vue sur ce sujet.
Article du Monde
Edito du Café n°44
Dossier de J. Nimier