La question se pose rituellement. Une dépêche de l’AFP du 26 août dernier, se voulant pragmatique, répand des clichés que les antiquisants connaissent bien. Parmi les plus rebattus : « cela aide grandement pour une seule profession : prof de latin et/ou de grec » ; mais on y retrouve également l’argument de l’élitisme (« Cet enseignement est choisi essentiellement par les parents voulant donner un « plus » parfois quelque peu élitiste à leurs enfants »).
Il nous a paru utile de profiter de cette occasion pour rappeler la présence des langues anciennes dans de nombreux concours : ceux des écoles de commerces, qui valorisent la connaissance du latin ; mais aussi, bien sûr, ceux de l’Ecole des Chartes, de l’Ecole du Louvre, etc. Et d’autres professions que l’enseignement ont « grandement » recours aux langues anciennes (celle d’archéologue n’est pas la moindre).
Autre rappel utile : en 2005, le choix d’une langue ancienne ne permet pas de constituer des « bonnes classes », et nous constatons, au Café pédagogique, que l’apprentissage des langues anciennes aujourd’hui n’est plus l’apanage d’une élite. En revanche, la culture classique reste appréciée, y compris dans le monde économique. Voulons-nous réserver cette culture à une élite, en favorisant ainsi l’élitisme que ses adversaires croient combattre ?
Les chiffres indiqués dans cette dépêche masquent la diversité des situations locales ; dans de nombreux établissements, les langues anciennes sont un outil de remédiation, et donnent la possibilité d’un accès privilégié à une culture qui, sans les professeurs qui la dispensent, resterait l’apanage d’une élite.
Enfin, nous essayons au Café pédagogique de montrer que la culture classique, très présente dans les médias, le cinéma (et même les jeux vidéo!) concerne tous les domaines (« Le latin est partout ! » dirait Jacques Gaillard). Cette « défense et illustration de l’intérêt des langues anciennes », que Luc Ferry appelait de ses voeux, les enseignants ne sont pas les seuls à la réaliser…
Dépêche AFP :
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/050826084820.bcdcc9mp.html
Parmi les nombreux argumentaires en faveur des langues anciennes :
http://www.ac-versailles.fr/etabliss/clg-lamauldre-maule/latin.htm
Voici deux pages sur l’intérêt des langues anciennes dans l’enseignement supérieur.
http://www.lycee-kerichen-brest.ac-rennes.fr/languesanciennesprepa.htm
http://www.ac-bordeaux.fr/Etablissement/BDBorn/les_sections/postbac/prepas/prepalettres/laconcours.html
Le rapport Wismann fait le point sur l’intérêt renouvelé de l’enseignement des langues anciennes en Europe.
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/rapport/rapport_wismann.pdf
Article paru dans Le Monde cet été : « Enseigner les Lettres dans une perspective européenne » – avec quelques signatures prestigieuses.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-685231,0.html