C’est un peu la quadrature du cercle. Actuellement, dans les pays de l’OCDE, un quart des enseignants du primaire et un tiers de ceux du secondaire ont plus de 50 ans et s’approchent de la retraite. Chaque pays doit assurer leur renouvellement quantitatif et parallèlement améliorer la qualité de l’enseignement dans un moment où le métier d’enseignant change. Mais comment trouver ces futurs enseignants dans des générations moins nombreuses et augmenter les exigences, alors que, partout, y compris en France, depuis les années 1990, les rémunérations des enseignants ont diminué ?
L’OCDE a enquêté sur les politiques mises en place dans 25 pays. Il y a d’abord les solutions de fortune : » Pour réagir aux pénuries d’enseignants, les systèmes éducatifs ont souvent recours à une combinaison de mesures à court terme : ils peuvent abaisser le seuil des qualifications requises pour l’accès à la profession, affecter des enseignants à l’enseignement de matières pour lesquelles ils ne sont pas pleinement qualifiés, augmenter le nombre d’heures de cours allouées aux enseignants ou encore augmenter la taille des classes. De telles mesures, si elles permettent de veiller à ce qu’il n’y ait pas de classes laissées sans enseignant, de sorte que la pénurie n’est pas nécessairement manifeste, soulèvent cependant des questions quant à la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage ».
Finalement les états se partagent entre deux politiques. Il y a ceux qui cherchent à trouver le meilleur candidat pour chaque poste en facilitant l’accès à la profession et en accordant une large autonomie aux établissements. Ces pays ont alors du mal à recruter et à retenir les enseignants dans certaines disciplines où la concurrence des entreprises s’exerce. C’est le cas par exemple au Royaume-Uni, en Suisse ou en Suède. Dans d’autres pays le système est basé sur la carrière. C’est le cas en France, au Japon ou en Espagne. Dans ce cas, « les préoccupations relatives aux systèmes axés sur la carrière ont tendance à être de nature plus qualitative : on craint notamment que la formation des enseignants ne soit pas en phase avec les besoins de l’établissement scolaire, que les critères de sélection à l’accès n’insistent pas toujours sur les compétences nécessaires pour dispenser un enseignement efficace, que les enseignants manquent de stimulants efficaces pour poursuivre leur formation quand ils ont été titularisés, et que la prédominance du respect des règlements limite la capacité de réaction des établissements scolaires pour rencontrer les différents besoins au niveau local. D’autres inquiétudes à l’égard de tels systèmes sont suscitées par leur manque d’attrait pour les individus qui ne sont pas sûrs de désirer s’engager très tôt dans une carrière dans l’enseignement pour toute la vie, ou qui ont accumulé de l’expérience dans d’autres professions. En réaction, les principales priorités de politique dans ces pays s’occupent de forger des liens plus solides entre la formation initiale des enseignants, la sélection et la formation professionnelle, d’introduire des emplois plus flexibles, d’élargir les possibilités de recrutement externe, d’assurer aux autorités de l’enseignement locales et aux directeurs d’établissements scolaires un plus grand rayon d’action pour les décisions personnelles, et d’établir une gestion au moyen d’objectifs ».
Si chaque système a ses points faibles, le rapport de l’OCDE désigne des orientations communes. D’abord mettre l’accent sur la qualité des enseignants ce qui suppose une formation adéquate et la considérer comme un continuum. Pour l’OCDE cela passe aussi par une information constante des enseignants. » Maintenir le niveau de qualité des enseignants et veiller à ce que tous suivent une formation continue et poursuivent efficacement leur apprentissage professionnel, c’est là un des principaux défis que doivent relever les décideurs politiques pour répondre aux besoins de la société de l’information. Les recherches menées sur les caractéristiques du perfectionnement professionnel efficace montrent qu’il est nécessaire d’impliquer étroitement les enseignants dans l’analyse de leurs pratiques à la lumière de normes professionnelles pour l’apprentissage des élèves. A cet égard, l’enseignement demeure en grande partie inchangé alors que d’autres formes de travail ont été profondément modifiées. Nombre d’autres professionnels commencent leur vie active en ayant l’impression d’assumer un rôle qui a été façonné par les recherches antérieures et qui sera transformé au cours de leur parcours professionnel par les recherches à venir. Il s’agit d’une perspective passionnante que l’enseignement n’offre pas encore. On observe des signes de changement dans certains pays où les enseignants assument un rôle de chercheurs en plus de leur rôle pédagogique, où ils abordent plus activement les connaissances nouvelles, où le perfectionnement professionnel est centré sur les indices d’une amélioration de la pratique ». Dans cette effort d’information et de formation les nouvelles communautés de pratiques jouent un rôle important.
Etude OCDE