La question des TPE, un dispositif innovant plébiscité par 95% des candidats du bac général, mobilise depuis décembre 2004 les enseignants et les lycéens. Elle rebondit maintenant du fait d’une modification inacceptable de son évaluation.
Une lettre adressée aux recteurs vient de préciser les modalités d’évaluation des TPE pour le bac 2006. Le système retenu est le suivant : « Lors de l’inscription au bac 2006, le candidat choisit une des deux disciplines qui a servi de support à son TPE en première. Les points au dessus de 10 qu’il obtiendra en juin 2006 dans l’épreuve du bac dans cette discipline seront multipliés par deux et ajoutés au total de ses résultats. L’équipe pédagogique des TPE de première inscrit une appréciation sur le livret scolaire. Au cours de sa délibération, sur la base de cette appréciation, le jury peut ajouter des points. »
Ce dispositif, certes transitoire, appelle plusieurs remarques.
La parole donnée aux lycéens de maintenir les TPE au bac n’est pas réellement respectée. On fait semblant de les évaluer. En réalité, la note de TPE sera celle des épreuves traditionnelles du bac.
Les TPE ont été conçus pour développer des compétences de recherche, d’autonomie, de synthèse et de réflexion systémique mises en évidences pendant deux ans par la réalisation d’un travail pluridisciplinaire autonome. En supprimant les TPE en terminale (ils sont maintenus en première) et en en subordonnant l’évaluation à celle d’une des épreuves destinées à vérifier les acquisition de savoirs formels, on dénature l’esprit même des TPE.
Si la plupart (mais pas tous…) des bons élèves excellent dans la réalisation de ces TPE (comme ils réussissent dans les épreuves classiques), d’autres trouvent une motivation nouvelle dans ce type de recherche plus libre, plus inventive qui leur permet de faire reconnaître des compétences jusque là ignorées par l’école. Les TPE aident puissamment ces jeunes à se préparer à l’enseignement supérieur. Ces lycéens se trouvent valorisés, par une bonne note bien sûr mais aussi grâce à une autre relation par rapport au travail, au système scolaire, à l’équipe de profs. En détournant les TPE, on leur refuse une chance de faire leurs preuves dans un domaine où ils étaient capables de réussir. Veut-on oui ou non lutter contre l’échec scolaire ?
Avec ce dispositif d’évaluation très complexe et hasardeux, il se confirme ce que l’on savait déjà depuis la suppression des TPE en Terminale en janvier dernier : le Ministre François Fillon, sans écouter les revendications des professeurs et des lycéens, entendait mettre fin à cette innovation majeure et à l’esprit qui l’anime.
Plus que jamais, nous demandons le rétablissement des TPE en Terminale, seule mesure capable de mettre fin à l’imbroglio caricatural que représente le nouveau dispositif d’évaluation des TPE. Nous demandons au nouveau ministre, M. De Robien, de répondre enfin aux souhaits communs des lycéens et des enseignants.
Le bureau du Crap et Le Café pédagogique
5 Juin 2005
Page publiée le 05-06-2005