Un dossier du Café
Que prévoit la Loi Fillon ? Quels sont ses enjeux ? Le Café pédagogique met en ligne un dossier documentaire qui mêle sélection de ressources et analyses sur les principaux enjeux de la loi d’orientation de l’école. A lire en ligne ou à télécharger.
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/loifillon_index.aspx
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/loifillon_index.aspxloifillonaff.pdf
15 février : La loi Fillon à l’épreuve de la manif
« Sur le bac, et seulement sur cette question-là, nous ne passerons pas en force ». Le propos tient un peu du défi. François Fillon a annoncé que le projet de loi sur l’orientation de l’école serait amendé de façon à ne pas inclure la réforme du bac. Mais il maintient le reste de son projet de loi. Les organisations lycéennes, UNL et FIDL, ainsi que le Snes appellent à manifester mardi 15 février tandis que l’intersyndicale (FSU, Unsa, Ferc-Cgt, Sgen-Cfdt et Faen) demandent de « poursuivre l’action » c’est-à-dire d’obtenir le retrait du projet de loi Fillon et le rétablissement des TPE en terminale. La mobilisation sera de toutes façons limitée : seules les académies d’Ile-de-France et de Bordeaux ne sont pas encore en vacances.
Dépêche AFP
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_050213163550.mu9o54n8.html
19 février : Le texte définitif est prêt
Les députés ont maintenu les principales dispositions de la loi Fillon. L’Assemblée nationale a terminé le 19 février l’examen de la loi d’orientation pour l’avenir de l’école. Du fait de la procédure d’urgence, le texte ne bénéficiera pas d’une seconde lecture et devrait être adopté par l’Assemblée le 2 mars.
Les députés ont ajouté trois dispositions. En premier lieu, l’article 15bis de la loi établit l’apprentissage de la Marseillaise à l’école. Il s’agit de favoriser « l’assimilation des populations extérieures venues sur le territoire national », une question sérieuse qui mériterait peut-être des élus du peuple une réponse un peu plus complexe… Deuxième ajout : l’enseignement du fait religieux : il fera partie des obligations de l’Ecole. Les députés ont estimé que sa place actuelle dans les programmes est insuffisante. Troisième apport : une série de mesures qui privilégient systématiquement l’apprentissage par rapport à l’enseignement professionnel.
Les députés ont maintenu les principaux points du texte. Le CIRE est simplement rebaptisé « programme personnalisé de réussite scolaire ». Le brevet intègre une épreuve d’EPS (« oubliée » dans le texte précédent) et garde sa « note de vie scolaire ». L’article 16 garde toujours la possibilité du contrôle continu au bac. Il inclura une évaluation du B2i. Sur le plan professionnel, le projet de loi ouvre la voie à la suppression des décharges horaires (heures de première chaire, de laboratoire, etc.) : « le fondement des décharges spécifiques désormais non justifiées devra être réexaminé ». En lycée, il prévoit la réduction des horaires et la suppression de toutes les heures dédoublées à l’exception des langues en terminale.
Les revendications des grévistes et des manifestants n’ont pas été entendues.
http://www.assemblee-nat.fr/12/dossiers/ta-report/ecole.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
F. Fillon défend son texte
« Tout indique, jusqu’à preuve du contraire, que le chemin tranquille et consensuel de la réforme de l’École n’existe malheureusement pas ». Devant l’Assemblée nationale; F. Fillon a défendu son projet de loi en mettant en avant son écoute des lycéens. « J’ai déjà eu l’occasion de leur démontrer que je n’étais pas insensible à leurs interrogations. Sur la question des options autour de laquelle certains percevaient un risque pour les sciences économiques et sociales, j’ai répondu favorablement. Sur les points acquis dans le cadre des TPE – qui, je le rappelle, sont maintenus en 1 ère – j’ai indiqué, qu’ils seront pris en compte dans la notation du bac. Sur la réforme du bac elle-même, j’ai dit que je n’avancerai pas tant que les craintes et les malentendus ne seraient pas dissipés ». Mais il donne la clé de son projet. « Ce projet de loi est construit autour d’un principe : celui de la responsabilité. Responsabilité des élèves, dont l’envie d’apprendre, le sens de l’effort et le respect des règles de la vie en commun doivent être soutenus, reconnus et encouragés. C’est le sens de la création des contrats individuels de réussite éducative, de la note de vie scolaire et de l’attribution de bourses au mérite. Responsabilité si importante des parents… Responsabilité des enseignants, dont la liberté pédagogique est inscrite dans la loi ».
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=20052151240
La loi Fillon en urgence
Le gouvernement a déclaré l’urgence sur le projet de loi d’orientation de l’école. Une mesure mal accueillie par les lycéens de la FIDL pour qui « c’est une énorme peur qui les amène » à déclarer l’urgence. La FIDL estime que « ce n’est pas normal quand on parle d’Ecole (de) passer en force pour éviter les contestations ». De son coté, le SE Unsa s’interroge : « Le gouvernement est-il si peu sûr de lui-même et de ses arguments ? Se méfie-t-il à ce point de la jeunesse de ce pays pour court-circuiter ainsi la procédure parlementaire ? Par cette décision, il creuse lui-même le fossé avec la communauté éducative, sans laquelle aucune évolution réelle de l’Ecole n’est pourtant possible ».
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_050216153522.3tlezlhv.html
Mobilisation annoncée le 10 mars
« Le monde de l’éducation est bien décidé à aller maintenant plus loin. Le 10 mars, où toute l’éducation est appelée à la grève et à manifester, s’annonce comme la prochaine grande étape de la mobilisation pour l’abandon de la loi Fillon et l’ouverture de véritables négociations ». La FSU n’est pas la seule à manifester son opposition à la loi Fillon. Les fédérations Faen, Ferc-CGT, FSU, Sgen-CFDT, Unsa Éducation appellent les personnels à manifester le 10 mars « contre les suppressions de postes qui compromettent l’avenir ; pour l’emploi et les salaires ; pour un service public d’Éducation qui assure véritablement la réussite de tous, ce qui implique l’ouverture de véritables négociations pour une autre loi ». Le SE-Unsa souligne « le manque d’ambition » de la loi et « les risques de dilution des IUFM dans les universités ». Les lycéens de l’UNL et de la FIDL seront aussi dans les cortèges. Quand aux parents de la FCPE, ils annoncent une journée « écoles mortes ».
http://www.snes.edu/snesactu/article.php3?id_article=1336
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article778.html
http://www.se-unsa.org/presse/comm/page.php?id=050302
10 mars : manifestations et grèves
Selon le ministère, l’Education nationale a compté 41% de grévistes dans le primaire, 40% en collège, 36% dans les lycées et 31% en L.P. Des chiffres contestés par les syndicats qui annoncent 60%, 58% et 48%. Les cortèges, auxquels participaient également de nombreux salariés d’autres secteurs, ont réuni entre 570.000 personnes (selon la police) et 1.040.000 (selon les syndicats). Ainsi Paris a vu défiler entre 35.000 (police) et 150.000 (syndicats) personnes, Marseille de 20 à 100.000, Bordeaux de 35 à 50.000, Lille de 14 à 25.000, Toulouse de 22 à 40.000, Lyon, Rouen, Rennes et Clermont-Ferrand entre 10.000 et 30.000.
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_050310180535.j0vk09c2.html
http://www.liberation.fr/page.php?Article=281499
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_050310134822.fl9b50pe.html
Réactions et déclarations
Pour Jean-Luc Villeneuve, secrétaire-général du Sgen Cfdt, interrogé par l’AFP, « (Le) projet de loi… est en train de devenir un non-événement. Nous demandons maintenant un collectif budgétaire pour la rentrée et le rétablissement immédiat des TPE en terminale et là dessus, nous ne lâcherons pas ».
Pour Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, « le récent sondage selon lequel une grande majorité d’enseignants sont favorables à une réforme du système mais pas à la sienne devrait faire réfléchir (le gouvernement).
Le premier ministre est justement à l’écoute : « On est attentifs aux inquiétudes exprimées aujourd’hui ». On devrait savoir vendredi soir si de nouvelles manifestations seront organisées mardi 15 mars.
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_050310140854.obeummcg.html
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_050310110835.xmoiah41.html
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_050310174624.mee9pn1a.html
La manifestation de Paris
Le 10 mars : une photo du cortège parisien, Boulevard de l’Hôpital, avec 30 secondes de fond sonore !
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/manif_100306_index.aspx
14 mars : Sénat : révolution conservatrice pour l’Ecole
Voulant passer d’une « logique de répartition des moyens à une logique d’efficacité et de résultats », le Sénat engage une transformation profonde de l’Ecole. La publication des rapports de la commission des finances et de la commission des affaires culturelles du Sénat éclaire sur les amendements que la haute assemblée souhaite apporter à la loi d’orientation. Tous visent à faire passer l’Ecole du statut d’institution à celui de service.
Sur le plan social, les deux commissions envisagent de mettre à la tête des conseils d’administration des LT et LP des « personnalités extérieures » comme si n’importe qui pouvait devenir chef d’établissement. Elles soutiennent la nouvelle conception de l’aide pédagogique qui prévoit qu’« aucun public n’est ciblé de façon prioritaire : l’aide est centrée sur l’élève, quel que soit son établissement, et non plus sur une zone géographique ». Cette conception, qui repose sur l’idée que l’élève et ses parents sont seuls responsables de l’échec scolaire annonce la remise en question des Zep. Ce sont » les notions de travail et de promotion par le mérite qui sont la condition de la réussite individuelle et du respect de l’égalité des chances », une phrase qui annule tout les apports des sociologues de l’éducation. Logique avec elle-même, la commission des affaires culturelles supprime dans la loi un alinéa qui demandait aux communes de répartir les élèves entre les écoles avec un souci d’équité. Les ghettos scolaires pourront perdurer en toute légalité.
Sur le plan pédagogique, elles demandent de payer les enseignants « au résultat » : » L’évaluation des enseignants et des équipes pédagogiques par les corps d’inspection prend notamment en compte les résultats des élèves dans l’acquisition du socle commun ». On comprend qu’il vaudra mieux enseigner dans le 6ème que dans le 93. Le Sénat renforce également la « liberté pédagogique » des enseignants en déchargeant le conseil pédagogique d’établissement de toute mission de coordination. Ajoutons qu’il raye d’un trait les efforts en faveur des langues régionales. Nos sénateurs trouvent leur inspiration dans Sauver les lettres et Marc Le Bris et font profession d’ignorer toute la recherche pédagogique française et mondiale.
Le Sénat étudiera la loi d’orientation et se prononcera sur les amendements proposés par les rapporteurs du 15 au 17 mars.
http://www.senat.fr/dossierleg/pjl04-221.html
http://www.senat.fr/rap/a04-239/a04-2391.pdf
http://www.senat.fr/rap/l04-234/l04-2341.pdf
Réactions
L’Appel des 14 pour une autre loi
« Nous dénonçons l’incapacité de l’actuel projet de loi à transformer l’Ecole, à lui donner une ambition à la hauteur des défis éducatifs, politiques, économiques, écologiques et sociaux que les citoyens du XXIème siècle vont devoir affronter ». Quatorze organisations (Cemea, Crap, Education & Devenir, Fcpe, Foeven, Gfen, Icem Freinet, Ligue de l’enseignement, Occe, Peep, Se-Unsa, Sgen-Cfdt, Snpden) lancent un appel pour « une école où chaque jeune pourra construire son avenir ». Il dénonce la ringardise pédagogique « faire porter aux familles et aux élèves la responsabilité de l’échec est inacceptable. Permettre de recourir au redoublement, chaque année, dès le cours préparatoire, ne résoudra ni la question de l’apprentissage diversifié des élèves ni la question de l’échec scolaire. Confondre, avec la note de vie scolaire, sanction et éducation, respect des règles et engagement citoyen, est un retour en arrière » ainsi que la sélection précoce du projet Fillon. Et rappelle que « de nombreuses pratiques innovantes, peu valorisées par l’Education nationale, fonctionnent avec succès dans des écoles, des collèges et des lycées ».
http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?id_article=1435
L’analyse du Sgen
« La genèse de cette future loi était très pertinente. Pendant dix mois, plus de 20 000 débats ont réuni des centaines de milliers de personnes et la commission, à la composition très ouverte, présidée par Monsieur Thélot a élaboré, après un travail très important, un rapport salué par une très grande partie de la communauté éducative. Or, le projet de loi dont vous allez débattre ignore ou dénature les propositions ou suggestions tant des débats nationaux que de la commission. Ce n’est pas ainsi que l’on contribue à réconcilier le citoyen avec la chose publique ». Le Sgen Cfdt fait connaître son analyse du projet de loi Filllon aux parlementaires. On relèvera par exemple ce point. « Si l’on veut prévenir l’échec dans les apprentissages, c’est en amont qu’il faut concentrer les efforts et les moyens – plutôt que dans des dispositifs de soutien, autres que ponctuels ou ciblés, or tout ce qui avait été difficilement mis en place ces dernières années pour restaurer le sens des apprentissages et le goût d’apprendre, favoriser des acquisitions en termes d’autonomie intellectuelle a été mis à mal, qu’il s’agisse des itinéraires de découverte (IDD) en collège ou des travaux personnels encadrés (TPE) en lycée sans compter toutes les démarches de projets, travaux en groupes, activités culturelles, démarches éducatives personnalisées que les dispositions des lois de finances de ces trois dernières années ont de fait condamnées ».
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article772.html
http://www.snes.edu/snesactu/article.php3?id_article=1308
Faut-il revoir le métier d’enseignant ?
» La redéfinition du service doit se traduire par une réduction du nombre d’heures de cours pour permettre la prise en compte de tâches indispensables à la réussite des élèves : coordination de projets, tutorat, suivi individualisé, relations avec les parents et l’ensemble des partenaires de l’École ». C’est un des éléments de réflexion qu’avance le Sgen dans sa lecture critique du projet Fillon.
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article770.html
Pour H. Hamon une occasion de perdue
« François Fillon fait preuve d’une méconnaissance ahurissante de la réalité des établissements. Prenez les travaux personnels encadrés, qu’il supprime en terminale. Ces TPE sont une des rares expériences pédagogiques qui a pris dans les lycées. Les enseignants n’en voulaient pas. Ils les ont découverts, appréciés, et les élèves aussi. Les supprimer pour réaliser des économies de bouts de chandelle et pour obéir à une idéologie réactionnaire révèle la légèreté avec laquelle les questions d’éducation sont traitées ». Hervé Hamon, membre du Haut Conseil d’Evaluation de l’Ecole, justifie la mobilisation lycéenne devant une loi « réactionnaire ». Pourtant il est favorable au contrôle continu au bac et craint le blocage de réformes nécessaires.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=274979
Copie à revoir pour 10 organisations
« Chaque année, 160 000 jeunes, en grande majorité issus de familles défavorisées, sortent du système éducatif sans diplôme. Les auteurs de cette déclaration attendent de l’Ecole qu’elle n’aggrave pas les inégalités mais trouvent les moyens de les contrebalancer. L’une des voies pour y parvenir est la mise en place d’un socle commun de connaissances et de compétences, base sur laquelle pourra se construire une formation tout au long de la vie réussie… Le projet qui sera examiné à partir de mardi à l’Assemblée nationale n’est pas à la hauteur de l’ambition d’une école de la réussite pour tous. Il doit, pour les signataires, être profondément amendé ». Dix organisations, ATD Quart Monde, la Fnars, la Ligue de l’enseignement, la Fcpe, la CSF, la Cnafal, la Joc, le MRJC, la Confédération étudiante et la Cfdt appellent les députés à amender largement le texte du projet de loi Fillon. Ils demandent « de réels moyens » pour les Zep, des pratiques pédagogiques renouvelées, le développement de nouvelles capacités : « le travail en équipe, la gestion du temps, la créativité », soit quelque chose qui ressemble aux TPE.
http://www.fcpe.asso.fr/article.aspx?id=419
Impossible changement pour A. Giordan
» un peu de recul sur un passé récent montrerait que le changement de l’école ne se légifère pas… et que le changement ne vient jamais d’en haut ! » André Giordan (Université de Genève) n’est pas étonné des difficultés rencontrées par le ministre à mener son projet de loi. Pour lui, » Le changement réussi est de l’ordre de l’informel et du complexe. C’est une transformation du regard qu’il s’agit de mettre en place en premier. Le changement s’opère d’autant mieux qu’il s’effectue inconsciemment, un peu comme les modifications du rythme cardiaque qui se produisent à notre insu ». Justement, l’inconscient ne se pilote pas…
http://www.liberation.fr/page.php?Article=275705
Le Socle commun est un cadeau
» Le socle commun, c’est au fond le paquet cadeau qu’une société s’apprête à faire à tous les malchanceux de l’égalité des chances républicaine, dès lors qu’elle a renoncé aux fondations d’une école émancipatrice pour tous et fraternelle ». Pour Bruno Mattei, IUFM de Lille, dans une tribune de Libération, le socle commun semble s’opposer à l’idéal de démocratisation.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=275703
Vu du PS
« L’éducation nationale doit avoir le courage de rompre avec les méthodes uniformes… pour encourager une logique de soutien plus ciblée… Boutons l’uniformité hors des classes. On n’enseigne pas dans un collège défavorisé d’Evry comme on professe dans un établissement prestigieux du centre de Paris ». Dans Libération, Jean-Marc Ayrault,président du groupe PS de l’Assemblée nationale, esquisse un autre projet pour l’Ecole.
Article de Libération