Le rejet de la loi d’orientation annonce une mobilisation des enseignants. Jeudi 16 décembre au matin, s’adressant au CSE, François Fillon maintenait son projet de loi en l’état, estimant qu’il se situe dans la continuité de la loi de 1989 et que son texte a été conçu « en cherchant à rassembler nos concitoyens ». Il a effectivement rassemblé les membres du Conseil Supérieur de l’Education. Par 39 voix contre , 9 abstentions et 4 voix pour (le Medef, la CFTC et la CPU), le CSE a voté contre la loi d’orientation pour l’éducation proposée par F. Fillon. Le CSE a adopté une motion proposée par le Sgen : « Le projet de loi d’orientation qui nous est proposé ne répond pas à la » nouvelle ambition pour l’École » affichée par le ministre pour les deux décennies à venir. Ce projet ignore pour l’essentiel le débat national. Les propositions avancées ne sont pas à la hauteur des attentes des citoyens. L’École mérite mieux. Les jeunes méritent mieux. Ce projet n’est pas en mesure de lutter contre les inégalités scolaires, de conduire tous les jeunes à la réussite scolaire, de contribuer à l’élévation du niveau de qualification. Aussi, le CSE, réuni le 16 décembre 2004, demande au ministre de l’Éducation nationale de reprendre ce projet de loi, d’ouvrir de véritables négociations et de se donner le temps nécessaire pour éviter un gâchis lourd de conséquences ». Ce texte a été adopté par 41 voix (Sgen, Fep, CFDT, FSU, Unsa Éducation, CGT, FCPE, PEEP, Unapel, Unef, UNL, Ligue de l’enseignement) contre 6 (Medef, Cftc, Csen) et 8 refus de vote ou abstentions (Snep, Fage, Snpden).
Cela n’empêchait pas F. Fillon d’ironiser après le CSE sur la division syndicale : « les motifs qui fondent les positions des syndicats qui se sont opposés au projet sont contradictoires. Certains jugent qu’il faut un socle mais veulent corriger sa définition. D’autres ne veulent pas de socle. Certains sont favorables au CIRE, d’autres contre ». Un peu plus tard sur France Inter il annonçait de nouvelles créations de postes. « Le gouvernement est prêt à mettre des moyens supplémentaires dans le cadre d’un effort pour l’Education nationale et aussi par l’optimisation des moyens, lorsque la réforme sera votée, lorsqu’elle sera mise en oeuvre ». Et s’attirait cette réponse de Luc Bérille (Se Unsa) : « Vous venez de créer des postes brutalement mais ces fameux… vous avez réussi à les financer en faisant un certain nombre de mesures d’économies, dont la suppression des TPE ».
Les syndicats annoncent de nouvelles actions. Pour le Sgen Cfdt, « Le ministre doit entendre raison… François Fillon se doit de prendre en considération le voeu présenté par notre organisation qui demande au ministre de «reprendre son projet de loi, d’ouvrir de véritables négociations et de se donner le temps nécessaire pour éviter un gâchis lourd de conséquences» et qui a obtenu 41 voix. Pour le Sgen-CFDT, il n’est pas question de refuser toute évolution. Bien au contraire. Il y a nécessité de transformer en profondeur le système éducatif. L’objectif de conduire tous les jeunes à la réussite scolaire passe par une loi ambitieuse et courageuse. Nous en sommes loin ».. Le SE Unsa renouvelle son opposition et texte et mobilise : « Ce projet fixe à l’Ecole l’objectif de faire réussir tous les élèves mais sans dire comment et avec quels moyens y parvenir. Le fossé entre les objectifs affichés et les mesures envisagées pour les atteindre est considérable. Il ne peut qu’accroître le désarroi des enseignants en quête de formation, de reconnaissance et qui ont besoin de conditions de travail plus favorables pour aider davantage leurs élèves….Il assure pour une large part le financement des mesures nouvelles par des économies faites sur le dos des élèves et des personnels ( la suppression des TPE en terminale par exemple permet de récupérer l’équivalent de 1000 postes…)… La FSU voit dans le projet Fillon « un ensemble de mesures dont certaines pourraient sembler relever du bon sens. Mais cet affichage masque mal des orientations qui de fait, tournent le dos à ces objectifs et qui s’accommodent de l’idée que la réussite de tous serait impossible, ignorent le poids des inégalités sociales pour faire de la réussite une question « d’aptitudes » ou de « talents individuels »… Au lycée, la suppression des TPE (sans concertation, sans évaluation) est significative des choix gouvernementaux : aucune ambition pédagogique, les seules réponses se situant au plan du resserrement des structures. Mais, plus globalement, c’est bien à une réduction de l’offre de formation qu’on aboutira ainsi qu’à une fragilisation de certains enseignements et de certaines séries (notamment la série ES) et à une remise en cause de la valeur nationale du baccalauréat, faisant courir encore une fois le risque d’une pénalisation des plus défavorisés ». La FSU évoque également la « dénaturation du métier » par exemple à propos des remplacements imposés aux enseignants.
Première mesure concrète d’opposition, le SE Unsa lance « une consultation nationale des enseignants pour recueillir leurs avis sur les principales mesures du texte et les faire valoir auprès des parlementaires ».