L’Antiquité ne cesse d’être sollicitée pour interpréter les éléments qui, dans l’actualité, sont potentiellement les plus « épiques ». Le cinéma s’y est mis, avec le retour triomphal du péplum, depuis Gladiator jusqu’à Troie, et en attendant unAlexandre le Grand… Comme le veut le genre, c’est la figure du héros guerrier qui l’emporte dans cette présentation, partielle et dramatisée, de l’histoire antique.
http://ibelgique.ifrance.com/peplums/pep00front.htm
Des acteurs figurant à l’affiche de Troie présentent à Cannes un film selon eux « très contemporain » : « cela se passe encore ainsi »… et il y aura encore de nombreux Agamemnon, car la violence fait partie de l’homme.
http://www.festival-cannes.org/films/fiche_film.php?langue=6001&partie=video&id_film=4196887&cmedia=5367
on trouvera un commentaire (en anglais) de ces déclarations à l’adresse suivante :
http://www.commondreams.org/headlines04/0514-02.htm
Quelle est la place de l’amour dans la guerre de Troie ? « The story that emerges is one of great passion – but not, it seems, about love », lit-on dans sur le site de la BBC, qui a diffusé le 31 octobre dernier un documentaire sur le site de Troie.
http://www.bbc.co.uk/science/horizon/2004/troy.shtml
Le péplum de Wolfgang Petersen, en revanche, place l’amour au coeur de l’histoire – cet ingrédient n’est-il pas indispensable à la fiction ? Les médias, en mettant en relation l’archéologie, l’histoire et le mythe, favorisent l’amalgame entre le passé et le présent : les héros de l’épopée et de l’histoire antique sont « en avance sur leur temps », et, en ces temps de guerre, il est rassurant de songer que l’histoire se répète, que la « nature humaine » est toujours la même, et de sentir ces grands hommes à nos côtés. Mais cet amalgame, et l’impression de fatalité qui en découle, n’empêchent-ils pas de penser le présent, et de comprendre le passé ? Quand le péplum se veut historique, il fait fi précisément de l’histoire, quitte à présenter de grossières erreurs de chronologie, ou des anachronismes, qui font partie des ingrédients habituels du genre.
Le site « erreurs de film » permet aux internautes d’en dresser la liste, par exemple sur Gladiator
http://www.erreursdefilms.com/peplum/gladiato.htm
http://www.erreursdefilms.com/peplum/troie.htm
(on pourra s’amuser à relever aussi les erreurs des internautes eux-mêmes…)
Un internaute parle même d' »anachronisme musical » à propos de Gladiator : « Peu de gens, sans doute, sont capables de nous dire à quoi ressemblait la musique du IIIeme siècle après J.C., mais là n’est pas le problème : ce qui compte, ce n’est pas l’authenticité historique de la musique, mais son inscription dans un héritage purement cinématographique. »
http://blog.nonzone.com/archives.php?numpost=251
Au fond, la musique le péplum nous met sur la voie : ce genre cinématographique ne sert-il pas surtout à porter sur le présent un regard rassurant, donc conventionnel ?
On lira avec autant d’intérêt que de prudence les comparaisons établies dans la presse entre le président Bush et Alcibiade (dans un récent article du Los Angeles Times), ou Agamemnon…
http://solidariteetprogres.online.fr/News/Strategie/breve_689.html
Le site « bad subjects » propose une critique de la « culture Bush », notamment par une lecture de Troie.
http://bad.eserver.org/reviews/2004/2004-7-23-6.23PM.html
La New York Post publie la critique d’un documentaire américain sur Alexandre le Grand :
http://www.nypost.com/entertainment/33336.htm
Rubrique « péplums » du carnet d’adresses de l’académie de Versailles :
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/Lettres/classics.htm#c6