En trois ans, un, puis deux et aujourd’hui 5 tableaux interactifs et avec tablette associée de la société Promethean (ainsi que 2 jeux de boîtiers Activote) ont équipé les salles du Lycée Blaise Pascal à Ambert (63). Il est temps d’en tirer un premier bilan quant à l’évolution des pratiques pédagogiques qu’ils induisent.
Une appropriation en douceur et collective.
Une formation a été proposée « en interne » pour permettre aux collègues de surmonter les premières appréhensions et suggérer quelques pistes pédagogiques. Le chef d’établissement a accepté que cette formation (1 journée de présentation, élaboration de premiers éléments de séquence, puis retour quelques semaines plus tard) se déroule durant le temps de travail des collègues.
Ainsi, ce sont près de 30 collègues volontaires sur les 50 que compte l’établissement qui se sont portés candidats sur plusieurs sessions. Cette formation a permis aux collègues, qui se croisent le plus souvent dans les couloirs, de travailler ensemble sur des démarches pédagogiques pouvant être utilisées par plusieurs disciplines. Cet aspect favorise par la suite l’échange dans le cadre de l’utilisation des tableaux interactifs devant les élèves.
L’utilisation du tableau, dans le contexte du réseau d’établissement a facilité grandement l’accès aux ressources numériques disponibles sur le serveur et en ligne. Les supports numérisés par les uns pouvant être donnés aux autres pour construire leurs cours. C’est vrai en particulier pour les documents sonores et audios, pour lesquels la numérisation demande des compétences plus élaborées. Le tableau est alors la simple fusion du traditionnel tableau blanc, du magnétophone, du magnétoscope, du rétroprojecteur et de l’ordinateur.
Pendant cette période d’appropriation technique, les démarches pédagogiques utilisées en cours ont reproduit les démarches habituelles des enseignants devant les élèves : les premiers y gagnaient en rapidité d’accès aux données durant le cours, les seconds intrigués par le « jouet » ont rapidement dépassé ce stade et pu s’impliquer davantage dans l’élaboration de la trace écrite, d’autant plus que les boîtiers de vote individuels les obligeaient à formuler leur opinion face aux sollicitations des professeurs.
Cette première utilisation inclus une maîtrise technique à acquérir très réduite : on utilise simplement son ordinateur, mais dans le contexte d’une visualisation collective. Il est possible d’interroger une encyclopédie sur cédérom, de « capturer » un article, puis d’en faire sélectionner l’information essentielle par les élèves.
La manipulation d’images est certainement l’aspect le plus spectaculaire : il devient très facile de faire mettre en évidence aux élèves les traits majeurs de la construction d’un tableau, ou le croquis d’interprétation d’une photographie de paysage, puis de l’imprimer et de le distribuer aux élèves à la fin de la séquence.
L’évolution de la démarche pédagogique personnelle favorise l’échange au sein des équipes disciplinaires.
Le tableau interactif présente un intérêt tout particulier pour approfondir la réflexion pédagogique sur l’étude des documents et l’élaboration de la trace écrite.
En effet, la manipulation des documents est facilitée par la palette d’outils proposés par le logiciel Activstudio. Il est possible de demander aux élèves, soit par le biais de la tablette Activslate, soit directement sur le tableau de procéder eux-mêmes à l’appropriation collective des documents par la réalisation de la trace écrite correspondante : sélection d’information dans un texte, croquis d’interprétation à partir d’un document iconographique, associations de textes à des annotations sonores ou vidéo…
Nous avons vu les collègues partager les « trucs et astuces » découverts dans l’élaboration de ce travail : masquage/apparition de texte, manipulation des objets créés…. A partir du moment où l’on commence à se constituer une bibliothèque de ressources numériques leur « scénarisation pédagogique » semble s’imposer : tel collègue d’anglais peut ainsi faire travailler ses élèves sur une publicité télévisée décrivant une recette de gâteau : exercice d’écoute, d’identification des ingrédients grâce à des questions à choix multiples avec les boîtiers de vote, puis reconstitution du texte de la recette – et même sa réalisation ultérieure dans le cadre d’une autre cours !…
Même si le logiciel inclus des possibilités de partage de bibliothèques de ressources, cet aspect n’a pas été véritablement exploité par les enseignants, qui on davantage échangés les fichiers via des cédéroms. La dernière version du logiciel activstudio facilite le partage de ressources en réseau.
De la même façon, le déploiement des tableaux dans les collèges environnant à permis de mettre en ligne quelques séances sur le serveur i-bl@ise ( http://www.0630001j.ac-clermont.fr), dans le cadre de la formation initiée dans le cadre du bassin avec l’aide de l’IUFM. Cette mutualisation au-delà de l’établissement est d’ailleurs une piste intéressante, notamment dans un contexte de petits collèges en réseau, comme c’est le cas dans le bassin de formation du Livradois-Forez.
Dans tous les cas, la difficulté majeure repose dans la mise à disposition des ressources numériques suffisantes : une réponse passe par le travail commun, mais cette solution ne parait satisfaisante que dans un premier temps : la multiplication des ressources en de qualité en ligne (le lycée a participé à l’expérimentation sur l’ENS) fournie par les différents projets éditoriaux sont une alternative dont il faudra cependant mesurer l’impact financier sur les établissements.
Vers une recomposition des espaces de l’établissement ?
Cette dynamique de mise en réseau, se retrouve également dans la gestion même des moyens matériels de l’établissement. En effet, la « rentabilisation » de l’équipement en tableau passe nécessairement par la disparition des salles réservées exclusivement à une discipline. L’accès facilité aux ressources pédagogiques via le réseau et la facilité de leur utilisation collective rend possible l’élaboration d’une véritable politique d’équipement de l’établissement, qui ne soit pas une simple juxtaposition des souhaits de chaque discipline.
A ce jour, il semble que pour un établissement de 500 élèves comme le lycée Blaise Pascal, la présence de 5 à 6 tableaux réponde à la demande des utilisateurs : les enseignants qui le souhaitent sont affectés dans les salles équipées et à ce jour seules deux heures dans la semaine dépassent les besoins. L’arrivée prochaine d’un sixième tableau devrait à terme permettre de surmonter ce problème et permettre à d’autres personnes de se lancer à leur tour dans l’utilisation de cet outil.
Christophe DUCLAUX
Michel SAUVADE
Correspondant tice d’établissement.