Le 3 octobre, l’Allemagne célèbrera la « Journée de l’Unité allemande », sa fête nationale depuis 1990. Suivant le principe du fédéralisme, c’est traditionnellement le Land qui préside la Chambre des Länder (Bundesrat) qui accueille les célébrations officielles outre-Rhin. Il s’agit cette année de la Thuringe. De son côté, l’Ambassade d’Allemagne mettra à l’honneur le Land de Hambourg. Depuis 1990, le 3 octobre est le jour de la fête nationale en Allemagne. Cette journée est baptisée « Journée de l’Unité allemande ».
– Bref Historique
De 1954 à 1990, la République fédérale d’Allemagne (RFA) n’avait pas de fête nationale. On commémorait, en revanche, la perte de l’unité nationale par une journée fériée (le 17 juin), tout en appelant, chaque année, au rétablissement de cette unité. La date choisie le fut en souvenir de la révolte ouvrière du 17 juin 1953 en République démocratique allemande (RDA). A cette époque, le mécontentement avait déjà gagné la population est-allemande. Pendant l’été 1952, le gouvernement Ulbricht avait durci sa politique et engagé l’édification « systématique » du socialisme en RDA. Tandis que l’élan de la reconstruction s’accélérait en Allemagne de l’Ouest, les conditions de vie en RDA ne cessaient de se dégrader et les tensions sociales s’amplifiaient. Le relèvement des normes de travail qui engendra d’importantes diminutions de salaire amplifia le mécontentement populaire. La révolte qui avait commencé le 16 juin à Berlin par une manifestation ouvrière devant la Maison des Ministères, où se trouvait le chef du gouvernement socialiste Walter Ulbricht, s’amplifia rapidement et de manière spontanée. Un appel à la grève générale fut lancé pour le lendemain. Le 17 juin, le mouvement s’étendit comme une traînée de poudre à travers tout le pays. En pleine guerre froide, cette révolte marqua le premier soulèvement populaire dans le bloc communiste. Il fut réprimé dans le sang par les chars soviétiques.
Les 10 et 11 octobre prochain, le Festival du film allemand à Paris consacrera deux séances au film « Deux jours d’espoir », de Peter Keglevic, qui aborde le thème de l’unité allemande à travers le soulèvement des 16 et 17 juin 1953 à Berlin.
De 1949 à 1989, le jour de la fête nationale en RDA était le 7 octobre. Ce jour baptisé « Journée de la République » commémorait la fondation de la « République Démocratique Allemande ».
Dans les années 80, la politique de la Perestroïka du président de l’Union soviétique Mikhaël Gorbatchev conduisit les Allemands de l’Est à exiger des réformes et à réclamer plus de libertés. Le mouvement de protestation s’éleva lors des offices religieux, et rassembla de plus en plus de personnes. A partir de l’été 1989, les structures mises en place en RDA se désintègrent au fur et à mesure, entraînées dans une spirale d’événements devenus incontrôlables : la Hongrie ouvrit ses frontières et des milliers de citoyens est-allemands affluèrent en RFA via l’Autriche. Cette rupture encouragea de plus en plus de personnes à participer aux manifestations qui, plus tard, seront appelées les manifestations du lundi. Le modeste mouvement d’opposition grandit. Lorsque, le 7 octobre 1989, les dirigeants est-allemands voulurent célébrer le 40ème anniversaire de la fondation de l’Etat, les premières manifestations de masse éclatèrent, notamment à Leipzig. Les manifestants clamaient : « Nous sommes le peuple ». Les 4 et 7 novembre 1989, le chef de l’Etat et du parti SED Erich Honecker, le Conseil des Ministres et le Bureau politique de la SED démissionnèrent en bloc. La « révolution douce » en RDA engendra une espèce de paralysie des organes de l’Etat. Le soir du 9 novembre 1989, une nouvelle réglementation en faveur des voyages à l’extérieur du pays fut annoncée. Cela suscita d’immenses espoirs au sein de la population de la RDA, et entraîna l’ouverture de points de passage à la frontière à Berlin. Le Mur était de facto tombé. Le renversement pacifique en RDA offrait la chance de réunifier l’Allemagne, un espoir caressé depuis des dizaines d’années et auquel beaucoup ne croyaient plus. La nouvelle devise des manifestants devint « l’Allemagne patrie unie ». Le 28 novembre 1989, le chancelier fédéral Helmut Kohl présenta un programme de « confédération » des deux Allemagne en dix points, qui hésitait encore à parler franchement de réunification pure et simple. Le 18 mars 1990, pour la première fois depuis 40 ans, les citoyens est-allemands votèrent librement. Ils s’exprimèrent à une large majorité pour ceux des dirigeants politiques qui promettaient d’ouvrer pour la réunification la plus rapide possible. Le 1er juillet 1990, l’Union monétaire, économique et sociale était réalisée : le deutschmark était désormais la monnaie officielle dans les deux Allemagne. En août 1990, la Chambre du Peuple de la RDA et le gouvernement de la RFA signèrent le Traité d’unification qui entrera en vigueur le 29 septembre 1990. Il fournit la base juridique interne de la réunification. A Moscou, le 12 septembre 1990, les ministres des Affaires étrangères des deux Etats allemands et des quatre Etats victorieux de la Seconde Guerre mondiale signèrent le « Traité sur la réglementation finale concernant l’Allemagne », que l’on appellera « Traité 2 plus 4 ». Le 3 octobre, la RDA adhéra officiellement à la RFA. L’unité étatique de l’Allemagne était restaurée.
Symbole d’un peuple unifié, le 3 octobre fut alors choisi comme fête nationale.
Information donnée par le service culturel de l’ambassade.