Début juillet, le Conseil Economique et Social a publié son rapport sur Le recrutement, la formation et la professionnalisation des salariés du secteur sanitaire et social. Il y fait état de son inquiétude concernant le risque d’une pénurie majeure de professionnels dans le secteur sanitaire et social. A titre d’exemple, il est rappelé que la moitié des infirmiers et des aides-soignants de la fonction publique hospitalière seront partis à la retraite d’ici 2015, autant dire demain.
« Pris parmi d’autres, les contre-exemples de la situation actuelle de la pénurie générale d’infirmiers et/ou celui des grandes difficultés à trouver des personnels éducatifs diplômés en Ile-de-France illustrent les conséquences de la politique de réduction drastique des quotas d’élèves. Fait malheureux pour notre collectivité, on constate maintenant que nous manquons sensiblement de professionnels, au point de courir le risque de peiner à maîtriser les crises sanitaires qui pourraient survenir. »
Comment alors garantir, sur l’ensemble du territoire, l’égalité de tous devant l’accès aux droits (soins, santé, prévention, action sociale) et pour chacun en fonction de ses besoins, et le droit de bénéficier d’établissements et services sanitaires, sociaux et médico-sociaux qui soient synonymes d’accueil et d’interventions spécialisées de qualité ?
Pour tenter d’éviter de nouvelles crises, le Conseil suggère la mise en place d’un dispositif de suivi de l’évolution quantitative et qualitative de l’emploi dans le secteur. Cet outil rendrait possible la conduite d’une politique de l’emploi et de la formation professionnelle qui réponde aux besoins sanitaires et sociaux prévisibles de la population.
Il souhaite aussi que le répertoire des métiers du secteur et la totalité des cursus de formation soient repensés en veillant à la cohérence et à la complémentarité des formations entre elles.
Le conseil propose, pour répondre rapidement aux besoins en personnels qualifiés, que la validation des acquis professionnels soit développée ce qui, liée à une formation adaptée à la certification requise, permettrait de résoudre les problèmes posés par l’emploi actuel de nombreux faisant fonction, professionnels non diplômés et en position précaire.
La solution passe aussi par l’augmentation des recrutements en formation initiale : le Conseil reconnait la pertinence de la mesure consistant à relever les quotas et numérus clausus pour l’entrée dans les Instituts de Formation en Soins Infirmiers et dans les écoles de travailleurs sociaux.
On se doute qu’il est important que les jeunes qui souhaitent s’orienter dans ce secteur soient encouragés et que leur accompagnement au sein de l’Education Nationale soit le plus efficace possible en termes d’affirmation du projet professionnel et d’acquisition d’outils nécessaires au suivi de la formation professionnelle souhaitée.
C’est de nos élèves dont il s’agit.
Il est alors difficile de ne pas penser au constat en mars 2004 posé au sujet des sections sciences médico-sociales par le Haut Conseil de l’Evaluation de l’Ecole, page 64 du rapport L’évaluation de l’orientation à la fin du collège et au lycée – Rêves et réalités de l’orientation :
Le Haut Comité insiste sur le cas des bacheliers (qui en fait sont le plus souvent des bachelières) SMS et souligne la difficulté paradoxale qu’elles éprouvent à trouver des places dans les formations paramédicales et sociales du supérieur.
Une étude menée dans l’académie de Rennes en 1987 faisait déjà ressortir le phénomène. Il y apparaissait très clairement que les résultats des concours d’entrée aux écoles d’infirmières privilégiaient largement des bachelières D, très souvent recalées des concours de médecine, au détriment des bachelières F 8. Que près de vingt ans après, cette situation n’ait donné lieu à aucune intervention de la part des ministères concernés laisse un certain goût d’amertume…. Surtout quand on la relie à ce qu’on sait aujourd’hui de l’état des professions médicales et paramédicales.
Le gâchis est en tout cas évident. ».
Et pourtant, portés par les Formations Complémentaires d’Iniatives Locales, les bacheliers SMS réussissent les concours d’entrée dans les écoles et instituts de formation. Les FCIL permettent aux jeunes de confirmer leur projet professionnels (stages) et de réussir les concours paramédicaux ou sociaux, et cela dans d’excellentes proportions pour l’entrée en Institut de Formation en Soins Infirmiers. Ces formations complètent avec efficacité la formation donnée dans le cadre du baccalauréat SMS afin que les jeunes puissent aller jusqu’au bout de leur projet.
Le rapport provisoire de la Commission du débat national sur l’avenir de l’École dit rapport Thelot qui sera publié mi-octobre se situe en prolongement de ce constat (Voir le commentaire concernant la section SMS sur le site de l’Association des Professeurs de Sciences Médico-Sociales) :
la Commission propose une réorganisation complète de la filière sanitaire et sociale de manière à répondre le mieux possible aux projets des élèves souhaitant entrer dans les différentes écoles formant aux métiers paramédicaux et sociaux. Cette réorganisation suppose, nous dit la commission, un travail en commun entre les Ministères de l’Education Nationale et de la Santé mais aussi avec les professionnels concernés afin d’adapter les enseignements aux concours et formations professionnelles du secteur.
Trois rapports qui confirment la pertinence d’une filière sanitaire et sociale de qualité et l’importance de l’articulation de notre enseignement avec celui des instituts et écoles supérieures du champ sanitaire et social.
Si nous savions déjà tout ça, ces rapports ouvrent, pour peu que les différents secteurs concernés en aient le désir, à un travail en commun porteur d’espoir pour le devenir de l’ensemble de la filière et l’avenir de nos élèves. La tâche est d’importance, mais qui doute que nous ayons le désir et l’énergie de la mener à bien ?
Sources :
(citations en italique)
Le recrutement, la formation et la professionnalisation des salariés du secteur sanitaire et social
Michel PINAUD
http://www.ces.fr/rapport/doclon/04071622.pdf
L’évaluation de l’orientation à la fin du collège et au lycée – Rêves et réalités de l’orientation,
Haut conseil de l’évaluation de l’école
Maryse HÉNOQUE, André LEGRAND
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/044000242.shtml
Association des professeurs de sciences médico-sociales
http://assoc.wanadoo.fr/apsms/
Compléments :
Voir le dossier Les professions du secteur sanitaire et social dans cette édition du café, édition réalisée grâce au soutien d’une de nos collègues de Sciences Médico-Sociales que je remercie ici.
Les formations complémentaires d’initiatives locales de préparation aux concours médico-sociaux en Île-de-France (Centre de Ressources en SMS d’Île-de-France)
http://www.ac-creteil.fr/sms/idf/sms_idf/welcome.html
La validation des acquis de l’expérience (Métiers sociaux)
http://www.social.gouv.fr/htm/pointsur/travail_soc/vae.htm