« Ce
budget est marqué par la priorité gouvernementale en faveur de
l’enseignement et de la recherche ». Cette affirmation de François Fillon
est-elle fondée ? Certes le budget de l’éducation augmente de 2,8% et de
2,6% pour le seul enseignement scolaire, et cette hausse correspond aux
prévisions de croissance du PIB en 2005. Il atteint 72,5 milliards d’euros
dont 56,6 pour l’enseignement scolaire. Mais l’augmentation est une des plus
faibles de ces dernières années : 3,3% en 2000, 7,5% en 2001, 3,8% en 2002,
2,3% en 2003 et 2,8% en 2004 pour l’enseignement scolaire.
Le nombre d’enseignants diminue : » nous avons fait le choix
d’augmenter les effectifs dans le premier degré et de les diminuer dans le
second degré, conformément aux évolutions prévues pour le nombre
d’élèves » argumente le ministre. Si 1000 postes sont créés dans le
primaire pour accueillir 51.000 écoliers supplémentaires, la perte de 44.700
élèves du secondaire justifie aux yeux du ministre la suppression de 3.400
postes d’enseignants titulaires, auxquels il faut ajouter 2.100 auxiliaires
et contractuels. L’écart entre ces deux nombres s’explique pour F. Fillon
par « un taux d’encadrement différend entre le 1er et le 2d degré et le
fait que l’évolution des effectifs élèves n’ait pas été suivie dans le
passé ». Dans le secondaire l’augmentation du nombre de postes mis aux
concours (14.000 soit +1500) ne comblera pas le vide créé par les départs en
retraite (18.500) en 2006. Le ministre pense atténuer le choc en utilisant
davantage les ressources. Ainsi les remplaçants seront astreints à
intervenir sur un territoire plus vaste. Les enseignants des disciplines en
sureffectifs, environ 2400 empois concernant la philosophie, l’allemand,
physique – chimie, l’électricité, le génie électrique et l’anglais
littéraire, seront invités à intervenir dans davantage d’établissements ou à
changer de discipline.
Mais ce budget se détache des précédents par l’absence de perspectives
éducatives. Le budget 2004 prévoyait une hausse des dépenses
pédagogiques, un effort d’intégration des handicapés, la lutte contre
l’illettrisme et la violence scolaire, l’engagement des jeunes etc. Le
budget 2005 ne fait référence à aucune politique éducative. D’ailleurs sur
56,6 milliards seuls 2,6 milliards sont réservés aux dépenses autres que
salariales. Là-dessus 650 millions sont réservés aux dépenses pédagogiques
(au sens large). C’est peu pour 12 millions d’élèves.
Dans l’enseignement supérieur, le ministère annonce un milliard
supplémentaire. Mais une partie de cette somme correspond à des rattrapages
des années antérieures, une autre partie concerne la recherche privée.
Analysant le budget dans la perspective des relations entre le
gouvernement et les organisations syndicales, Emmanuel Davidenkoff, dans
Libération, estime que » la droite semble… avoir les mains libres pour
parachever le programme qu’on lui a longtemps prêté : supprimer des postes
et casser les syndicats. A moins que l’atonie actuelle soit de celles qui
précèdent les grandes tempêtes… Ou que Fillon remette les organisations
dans le jeu pour se prémunir du pire danger pour un ministre : n’avoir aucun
interlocuteur pour apaiser un éventuel mouvement ». Les syndicats ont
accueilli négativement le budget. Pour la CFDT, « Avec un tel budget,
comment vouloir conduire tous les jeunes à la réussite scolaire ? Comment
contribuer efficacement au « vivre ensemble » ? .. Ce budget augure bien mal
du débat sur la future loi d’orientation ». Le Snuipp a souligné lé fait
que la création de 1000 postes pour 51.100 élèves supplémentaires
aboutissait à « un poste pour 70 élèves ». L’UNSA parle de « régressions ».
Dossier de presse budget 2005
Rappel : Dossier budget 2004
Article de Libération