Dossier spécial
Répression, contrôle et encadrement dans le monde colonial au XXème siècle
Ce nouveau numéro du Bulletin de l’IHTP (numéro 83) nous ramène à l’analyse du rapport colonial. Appuyant une société coloniale définie comme « une société dans laquelle les ressortissants de la puissance colonisatrice assurent les fonctions de direction et d’encadrement », le rapport colonial se décline sous trois variables : « l’encadrement qui correspond à une situation normalisée; le contrôle qui a pour but sa perpétuation..; la répression qui s’exprime en situation extrême ». Les travaux présentés dans ce numéro nous parlent pourtant souvent de la métropole : c’est que la société coloniale s’y prolonge et s’y maintient. Ainsi sont analysés le traitement du religieux islamique en métropole de 1914 à 1950 (M. Renard), la politique répressive, avec la fameuse brigade nord-africaine parisienne ou la répression à Guelma en 1945, la gestion de la main d’oeuvre immigrée (la cas Renault perçu comme un laboratoire).
Encore une fois, l’IHTP, par ce dossier, nous propose des travaux novateurs et fait avancer la science historique. L’intégralité du dossier devrait prochainement être en ligne.
http://www.ihtp.cnrs.fr/
Andrzej Bobkowski, En guerre et en paix
De nombreux « journaux » ont déjà été publiés sur la seconde guerre mondiale, qu’il s’agisse d’ouvrages rédigés par des témoins ou des mémoires de simples citoyens.
Le Journal d’Andzej Bobkowski a ceci de particulier d’être rédigé par un intellectuel polonais. Polonais, il jette un regard distancié, parfois cruel, sur l’attitude des Français durant la guerre. Son ironie peut être mordante. Elle est souvent lucide. Car l’auteur perçoit clairement les enjeux de la guerre et ne se laisse pas aveugler par les sirènes de la propagande.
Andrzej Bobkowski, En guerre et en paix, Journal 1940-1944, Editions Noir et Blanc, Paris, 1991, 614 pages.
Bernard Bruneteau, Le siècle des génocides
A lire la conclusion de B. Bruneteau (Université de Grenoble) on se demande si le XXIème siècle ne sera pas aussi celui du génocide.
Pour l’auteur, « penser les génocides c’est admettre que ceux-ci ne peuvent se réduire aux aventures singulières ou aux « aberrations » de certaines histoires nationales ». Il part donc à la recherche des racines de cette invention du XXème siècle. Pour cela il retrace l’histoire de chacun des génocides du siècle : l’Arménie, l’URSS stalinienne, la Shoah, le Cambodge, la Bosnie et le Rwanda.
Comment expliquer l’apparition des génocides ? L’auteur souligne le lien entre génocide et modernité. C’est elle qui fournit les « ressources » au crime de masse qu’il s’agisse des outils techniques ou des bases intellectuelles comme le socio-darwinisme. Le lien entre génocide et totalitarisme est évident. L’auteur montre également le lien entre le génocide et la naissance de l’Etat national moderne. Paradoxalement la démocratisation « serait le moteur du conflit inter-communautaire et de la disposition génocidaire ».
Bernard Bruneteau, Le siècle des génocides, Armand Colin, Paris, mai 2004, 254 p.