Nouvelle Lettre du Lirest
Au sommaire de ce numéro d’avril, le compte-rendu du colloque « Finalités et évaluations en éducation technologique », ainsi que les rubriques habituelles : conférences, publications, appels.
http://www.stef.ens-cachan.fr/lirest/lettre_lirest.htm
La lecture au cycle des approfondissements
« Si la littérature n’est pas vraiment un nouvel objet, les textes officiels demandent de la considérer d’une manière neuve, à la fois comme le lieu d’instauration d’une culture commune, comme un lieu ouvert d’exploration active, de partage et d’échange des fruits de l’exploration, comme un lieu de mise en forme de l’expérience humaine. Cet objet, j’appellerais aussi pour ma part à le considérer comme un objet artistique ». En conclusion des Actes de l’université d’automne sur la lecture et la culture littéraire au cycle des approfondissements, Catherine Tauveron montre le changement de perspective attendu des maîtres pour lutter contre l’illettrisme. Mis en ligne par la Desco, ces Actes font réfléchir sur la lecture littéraire et la lecture en réseaux. Pour C. Tauveron, « Intéresser les maîtres à l’aventure du langage au-delà de l’aventure des personnages, développer chez eux une attention esthétique, celle qu’ils accorderaient naturellement à une peinture, me paraît être un objectif majeur de la formation : c’est sur ce point qu’ils sont manifestement le plus démunis ».
http://www.eduscol.education.fr/D0126/lecture_litteraire_actes.htm
Une remarquable synthèse sur les inégalités à l’école
« Les inégalités à l’école sont perçues comme particulièrement intolérables.. ébranlant singulièrement l’idéologie méritocratique ». Marie Duru-Bellat (Université de Bourgogne) publie sur le site de l’Observatoire des inégalités une synthèse remarquable sur les inégalités à l’école. Elle fait le point sur leur genèse et propose des modèles pour les comprendre, mettant l’accent sur les travaux de Boudon : » le principal facteur d’inégalité est donc la différenciation, en fonction de la position sociale, des champs de décision des acteurs » par exemple des choix des familles, lui-même guidé par des réalités sociales. Ainsi pour M. Duru-Bellat, » les seuls pays où une certaine démocratisation des carrières scolaires a été observée (Pays-Bas ou Suède) sont ceux où se sont réduites les inégalités sociales de niveau de vie et de sécurité économique, dont on sait qu’elles pèsent sur la sensibilité au risque, et donc sur les inégalités de choix scolaires… Plus que des réformes éducatives, la modification des inégalités de vie entre des groupes sociaux qui utilisent l’école en fonction de stratégies et sur la base de ressources différentes serait un vecteur efficace de démocratisation… Il faudrait donc ré-évaluer, sans doute à la baisse, la fonction de l’école et la portée des politiques scolaires dans la reproduction des inégalités. » . Pour autant les politiques éducatives gardent une portée effective dans la réduction des inégalités. Et là l’avantage st aux systèmes éducatifs les moins élitistes : » l’ampleur des inégalités sociales apparaît d’autant plus forte qu’on passe des systèmes entièrement indifférenciés (tels les pays scandinaves), aux pays ayant conservé des filières (l’Allemagne ou le Luxembourg), sans que cela obère d’ailleurs le niveau moyen des élèves, au contraire ». Un texte remarquable au moment où se décide une nouvelle loi d’orientation.
http://www.inegalites.org/article.php3?id_article=235
L’hétérogénéité freine l’inégalité sociale à l’école selon M. Duru-Bellat
« Plus les systèmes scolaires maintiennent un niveau élevé d’hétérogénéité (peu de redoublements, tronc commun long, établissements peu différenciés) moins les inégalités sociales de réussite entre élèves sont importantes ». Dans deux études publiées par l’IREDU, Marie Duru-Bellat, Nathalie Mons et Bruno Sochaut analysent les résultats de l’enquête internationale PISA pour en tirer quelques éclairages. D’autre part, pour eux, « une organisation en filières non seulement n’améliore pas les performances des élèves, mais de plus elle ne permet pas de dégager une élite plus fournie ». L’enquête, qui démontre l’intérêt de la sélection tardive, pourrait éclairer les décisions à propos de la réforme du collège.
http://www.u-bourgogne.fr/IREDU/notes/note042.pdf
http://www.u-bourgogne.fr/IREDU/cahier66.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
Le redoublement en CP… et ses dégâts
« Solution injuste, inefficace sur le plan pédagogique et coûteuse », le redoublement concerne pourtant 1 élève sur 20 au C.P. Thierry Troncin (IREDU) étudie le phénomène et s aperception par les enseignants, les parents et les enfants. Bien que les études internationales établissent que les pays où le redoublement n’existe pas (Europe du nord, Japon) sont ceux où les résultats sont les meilleurs, le redoublement continue à jouir d’un véritable statut dans le système scolaire français. L’étude de T. Troncin établit que « les redoublants de CP resteront plus faibles que leurs pairs » tout au long de leur scolarité : seulement 1 sur 10 obtiendra un bac technologique ou général. La majorité des enseignants de CP, les familles croient encore en ses vertus. Le redoublement s’affiche encore comme une solution. En CP, la notion de cycle a du mal à passer.
http://www.u-bourgogne.fr/IREDU/sem18054.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
Un numéro des Cahiers Pédagogiques pour travailler en groupe
« Pour sortir du modèle transmissif standard, pour différencier la pédagogie et rendre les élèves acteurs de leurs apprentissages, il faut maîtriser la problématique du travail de groupe ». En préface à ce numéro de mai des Cahiers, Raoul Pantanella rappelle l’enjeu de la pédagogie de groupe. Pourtant force est de constater que celle-ci a du mal à entrer dans les classes ! Philippe Meirieu donne quelques explications : le cours magistral garde une dimension narcissique si prenante, tout en restant fonctionnel… Pour faire bouger les choses, les « Cahiers » proposent un véritable guide pour se lancer dans la pédagogie de groupe en publiant à la fois des conseils méthodologiques, parfois très concrets comme l’organisation de la salle de classe, des exemples de pratiques pédagogiques dans de nombreuses disciplines et des articles pour penser sa pratique. C’est donc un numéro un peu particulier. Il repose sur l’énorme expérience d’une équipe investie depuis longtemps dans cette pédagogie. Il est aussi très militant. Et, peut-être, un rien désabusé : depuis la publication en 1997 d’un numéro sur le même sujet, peu de choses ont changé.
http://www.cahiers-pedagogiques.com/
Actes de la journée d’étude de l’ABF
L’Association des bibliothécaires français (section Etude et recherche) ou ABF propose les actes de la journée d’étude du 1er mars 2004 sur leur site. Thématique de la journée : Les Bibliothèques dans la société mondiale de l’information. Les articles sont tous très intéressants. Michel Vajou, dans sa partie (Les mutations de l’industrie de l’information : quel impact sur les usages et le médiations de l’information) étudie l’évolution en profondeur des artisans de la société de l’information tant en gestion, qu’en rentabilité marchande ou encore en ce qui concerne l’évolution technique. Produits et services ont une valeur ajoutée accrue du fait des hyperliens. Mais si l’accessibilité à l’information augmente, qui en est le gestionnaire, le responsable, que devient la concurrence des services et comment repenser les politiques d’achat notamment.
Jean-Philippe Accart évoque Les Conséquences pour les professionnels de la documentation le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), Genève décembre 2003.. On y apprend qu’en Europe fréquenter une bibliothèque est la deuxième activité la plus populaire, que la Roumanie a plus de kilomètres de rayonnages que d’autoroutes, ou encore qu’il y aurait 2,5 milliards d’utilisateurs des bibliothèques dans le monde soit deux fois plus que les utilisateurs de téléphones portables dans le monde ou deux fois la population de la Chine.
http:\www.abf.asso.fr
(Blandine Raoul-Réa)