P Picard
Frédéric Boursier, Rennes, Président du réseau des villes éducatrices
Tout notre système social est questionné par l’Education. C’est une responsabilité partagée. Il se cristallise autour d’évolutions qui déstabilisent le système :
– évolution du marché du travail (tertiarisation des emplois, demande d’évolution permanente sans formation continue) ;
– explosion de la famille et difficulté dans la transmission des valeurs
– changements dans l’école : massification de l’accès, tout en ayant des sorties inégalitaires ; la culture scolaire est en conflit avec la structure de masse…
Ces évolutions sont intégrées dans les propositions du commissariat général au Plan qui recommande l’accès de tous au savoir et à la culture.
Les « Villes Educatrices » veulent articuler le projet urbain et le projet éducatif territorial, » émancipateur par nature « . Pour assumer la continuité éducative, il faut prendre les ressources de l’école, des équipements sportifs, mais aussi les ressources culturelles, l’éducation à l’environnement, la prévention judiciaire de la jeunesse. Il faut alors questionner la question de l’accès à ces lieux : transports, temps sociaux et rythmes, accessibilité financière de l’offre… Evidemment, il faut aussi questionner :
– l’organisation de la cité (logement et mixité sociale comme un postulat),
– la place, le rôle et les besoins des habitants, la démocratie de proximité,
– les partenariats dans lesquels les habitants trouvent leur place,
– l’organisation des services municipaux qui doivent être plus transversaux ,
– les légitimités entre les services de l’Etat qui sont souvent en concurrence
– l ‘implantation des filières d’excellence,
– la qualification des associations comme partenaire à part entière (avec leur professionnalisation)
– la question des déplacements géographiques
Mais comment faire ? D’abord, avoir une démarche globale, intégrée, qui évite la multiplication des dispositifs. Contrats Educatifs Locaux, Contrat de Ville, Contrat de Sécurité, Conseils de quartiers, commissions… Ayons tous en tête que ce ne sont que des outils à mettre au service d’un projet éducatif global.
Ces dimensions que nous construisons dans nos villes sont mal évaluées, mal capitalisées… La décentralisation n’est pas l’atomisation, et nous avons à donner un coup de pied dans la fourmilière pour que nos ambitions de concilier politique de la ville et éducation se fassent entendre. Ce n’est pas encore le cas dans le rapport sur le » Grand Débat » qui vient de sortir…