Mardi 6
avril, la Commission Thélot, chargée d’animer le débat national sur l’école,
a rendu sa synthèse des débats. En 600 pages l’ouvrage rend compte de près
de 26.000 réunions, 50.000 messages, 1500 lettres et 300 auditions. C’est
dire l’énorme travail de mise en forme qui a été réalisé pour nous proposer
ce « miroir du débat » sensé apporter l’opinion des Français sur l’école. Que
nous disent-ils ? « Des classes moins nombreuses permettent de mieux
motiver les élèves… Le plaisir est moteur mais l’effort est
nécessaire… » Une bonne part des observations relève de ce qu’on
qualifiera, si l’on est gentil, de consensus de bon sens, si on l’est moins,
d’évidences. De tout cela, C. Thélot pense dégager quelques exigences
collectives. « Les Français.. demandent que l’Ecole se préoccupe beaucoup
plus de la maîtrise par les élèves de ce qu’ils doivent savoir. En ce sens
l’Ecole doit déplacer quelque peu son accent : non plus seulement
transmettre, mais faire maîtriser… L’Ecole doit non seulement instruire..
mais aussi éduquer : elle doit apprendre aux élèves des règles de
comportement… L’Ecole apparaît comme trop opaque ». Ajoutons-y que les
Français ne confondent pas l’égalité du système éducatif avec son
uniformité.
Au-delà de ces points communs, le débat révèle bien des divisions. « Sur
la plupart des questions éducatives, les différents membres de la communauté
éducative s’opposent. Trois pôles se dégagent : les parents et les jeunes..,
les enseignants, les chefs d’établissement « (un peu écartelés entre les
deux autres). Une autre division apparaît entre les niveaux. Les débats des
écoles primaires accordent beaucoup d’importance à l’apprentissage des
fondamentaux, parfois aux dépens de celui d’une langue étrangère.
L’orthographe reste l’obsession. En collège, on reste attaché au collège
unique et on souhaite une adaptation du cursus 6ème-5ème aboutissant à un
ensemble 4ème-3ème diversifié. Au lycée, les équipes semblent préoccupées
par l’orientation, la notation et la motivation des élèves.
Que tirer de cet inventaire d’opinions ? Sûrement qu’il y a consensus sur la
nécessité de changer l’école. Et, qu’au delà des très grandes lignes fixées
par la commission, après avoir enregistré la cacophonie des opinions où
s’entrechoquent et s’annulent les voix de tous, experts et incompétents
mêlés, le Miroir laisse les mains libres pour la future loi d’orientation.
Dès septembre, la Commission Thélot rendra son rapport qui donnera un
contenu précis à cette volonté de réforme. En décembre, F. Fillon l’a
confirmé, le gouvernement présentera au Parlement le projet de loi
d’orientation. Le travail commence.