Lettres ouvertes n°19, décembre 2003 – CRDP de Bretagne.
Prenant appui sur le rapport de Régis Debray (L’enseignement du fait religieux à l’école laïque, 2002), la première partie de l’ouvrage récapitule les éléments du débat, qui se déploie entre deux protestations ; celle du prof : « Mais je suis professeur de français, pas de religion ! » et celle de l’élève : « Mais on n’est pas au catéchisme ! ». On y réaffirme la nécessité d’aborder le « fait religieux » tout au long de la scolarité, mais surtout l’approche que peut en avoir l’école laïque : « Il n’est pas question de culte, mais de culture », La laïcité ne peut être l’ignorance du fait religieux ». Si la préoccupation première était, en réintroduisant le sujet dans les programmes, de « conforter l’esprit de tolérance en se donnant les moyens de mieux se respecter les uns les autres », certains textes insistent particulièrement sur le danger que présenterait l’amnésie face au fait religieux, qui est une composante majeure de l’expérience humaine, nécessaires à la compréhension de l’histoire et de l’art.
La seconde partie offre des témoignages sur la manière dont plusieurs religions sont vécues intérieurement. Mais c’est surtout la troisième partie, « La place du fait religieux dans l’enseignement des lettres », qui intéressera plus directement le professeur pour sa pratique pédagogique : comment aborder le fait religieux en cours ? Plusieurs approches donnent des pistes pour s’organiser : l’inspection générale fait dialoguer les programmes avec le rapport Debray, tandis que des enseignants ou formateurs témoignent de leur expérience en classe. Une bibliographie commentée permet d’approfondir le sujet. On retiendra notamment que si le fait religieux n’entre officiellement dans les programmes de français qu’en 6e et en seconde, ceux-ci donnent néanmoins l’opportunité de l’aborder tout au long de la scolarité à travers les divers objets d’étude. Deuxième débat : faut-il désacraliser les textes fondateurs parce que l’on est à l’école laïque ? Non, dit fermement Katherine Weinland, IG de lettres : s’il ne faut pas « sacraliser les approches », en revanche il n’y a pas non plus lieu de « laïciser les contenus d’un texte sacré » au point, par exemple, de réduire un récit biblique « à un épisode de conte merveilleux ayant le bon goût de suivre le schéma narratif ».
Sur le site de l’éditeur :
http://www2.ac-rennes.fr/crdp/doc/librairie/asp/ActuEdition.asp
Caroline d’Atabekian