Comment faire mieux avec moins ? C’est
le casse-tête qu’a du affronter
Jean-Paul de Gaudemar, directeur de
l’enseignement scolaire, avant de
présenter à la presse, avec beaucoup de
transparence, les modes de calcul
employés par le ministère pour établir
les moyens accordés à chaque académie à
la rentrée 2004.
Dans le premier degré , 2004 verra, pour
la deuxième année, une remontée du nombre
d’élèves, après la grande chute des
années 1990. Pour accueillir les 53.400
enfants supplémentaires, le ministère
créera 1460 postes. Ils seront répartis
en fonction des inégalités
démographiques et sociales et des
éventuels sureffectifs ou sous-effectifs
des années précédantes. Globalement un
croissant allant de la Bretagne à la
Franche-Comté ainsi que l’Ile-de-France
connaissent une croissance
démographique. Certaines académies
perdront des postes : c’est le cas de
Nancy-Metz (-76 postes), Reims (-52), de
Lille (-49), Amiens (-47), Besançon
(-33), Rouen (-30), Caen (-29), Clermont
(-24). D’autres en gagneront :
Montpellier (183), Nantes (180),
Bordeaux (150), Grenoble (149),
Versailles (122), Lyon (100),
Aix-Marseille (96), Nice (80), Créteil
(65), Rennes (52) ainsi que les DOM à
l’exception de la Martinique. Dans un
communiqué, le Snuipp estime l’effort
insuffisant : « la répartition des 1.460
postes prévus au budget ne permet pas de
faire face à la hausse des effectifs ».
La situation est plus difficile dans le
secondaire. On attend 33.948 élèves en
moins à la rentrée 2004, du fait de la
chute des effectifs en collège
(-41.293). La moitié sud du pays et
l’Ile-de-France connaissent une hausse
des effectifs alors que le Bassin
parisien et le nord est en chute. Les
emplois d’enseignants dégringolent en
proportion : 2410 emplois sont supprimés
(0,6% des professeurs pour une baisse de
0,7% des élèves. Les académies les plus
touchées sont celles de Lille (-567
postes), Nancy-Metz (-334), Rouen
(-255), Amiens (-250), Dijon et Rennes
(-198 chaque), Reims (-189), Besançon
(-157), Caen (-155), Nantes (-135)Lyon
(-126), Clermont (-111), Paris (-98).
Versailles (+109), Montpellier et Nice
(+80 chaque), Toulouse (+52),
Aix-Marseille et Grenoble (+45 chaque)
voient leurs moyens augmenter.
Sur le plan pédagogique , M. de Gaudemar
a confirmé le maintien en l’état des
dispositifs innovants à la rentrée 2004
(IDD, TPE, PPCP).
« On vise une meilleure efficience de la
dépense publique, mais aussi à être
garant de l’équité » affirme M. de
Gaudemar. Et les nombreux documents
statistiques et cartographiques publiés
appuient ces propos. Par exemple, les
inégalités régionales ont été fortement
réduites. Ainsi, dans le primaire,
l’écart du rapport profs / élèves entre
les départements, par exemple entre les
Hauts-de-Seine et la Lozère, existe
encore mais il diminue fortement. M. de
Gaudemar veut privilégier le collège
parce que « c’est le lieu où se joue
beaucoup de choses et où tous les
enfants passent ». Il juge aussi
nécessaire d’allouer plus de moyens à
l’enseignement professionnel qui
accueille davantage d’élèves en
difficulté et issus de milieu modeste.
Cela suffit-il à expliquer toutes les
variations dans les moyens ? Par
exemple, l’académie de Lille perd
beaucoup d’élèves et de nombreux
emplois. Mais sa population scolaire est
défavorisée et son taux de redoublement
en lycée élevé. Quelles priorités ont
été les plus fortes entre les
contraintes démographiques, l’efficacité
pédagogique et la lutte contre les
inégalités sociales ? Il est vrai, d’une
part, que ces choix relèvent d’une
politique d’éducation davantage que
d’une gestion du système, d’autre part,
que celle-ci est bien difficile :
difficulté à déplacer les postes d’une
académie à l’autre, lenteur des
ajustements du fait du temps de
formation des enseignants, rareté des
outils de gestion dans le passé.
Certains choix seront peut-être
affirmés, pour la rentrée 2005, par la
prochaine loi d’orientation.
http://www.education.gouv.fr/actu/elemen
t.php?itemID=2004161738
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emp
loi_040107181145.p85fbq27.html