Le débat peut-il accoucher d’une révolution culturelle ?
» On comprend qu’un débat de cette ampleur suppose une dynamique de réflexion citoyenne, au-delà du cadrage gouvernemental, qui ne peut s’initier qu’à la base au sein des communautés éducatives, élargies à toutes les forces vives concernées par l’école, se développant progressivement au niveau local et régional pour conduire, si le souffle en est suffisant, à des états généraux de l’école qui contribueront à orienter la décision politique ». André Giordan, Claire Heber-Suffrin, Georges Hervé, Bruno Mattei et Albert Jacquard, invitent tous les acteurs à participer au débat sur l’école. Mais c’est pour le situer sur un point imprévu dans les 22 thèmes du débat. « Si l’on veut vraiment être capable de répondre (aux défis de l’école), alors comment ne pas voir que les changements doivent porter non pas d’abord ou uniquement sur les moyens, l’organisation, la gestion ou la pédagogie, mais tout autant sur la transformation des mentalités qui génèrent des pratiques d’exclusion et des jugements invalidants et arbitraires sur les élèves, leurs potentiels et leur orientation. » C’est à une révolution des mentalités qu’ils nous invitent. « Il s’agit de refonder l’école sur une « politique de civilisation » (Edgar Morin), et à travers elle, d’éveiller à un monde commun, désirable et sensé, sans lequel, nous le savons bien, de plus graves périls nous attendent encore ».
http://www.liberation.fr/page.php?Article=161976
Les 10 propositions du CRAP
Au moment où les établissements organisent leur participation au débat national, le CRAP diffuse 10 propositions susceptibles d’animer et d’orienter le débat. Le CRAP se prononce pour un véritable « collège pour tous ». Il défend les pratiques interdisciplinaires de type IDD ou TPE et demande leur extension aux voies technologiques. Plus fondamentalement, il estime que « le lire, écrire et compter n’est plus suffisant face à la demande sociale mais aussi pour répondre aux besoins de culture de citoyens en devenir. Le partage des connaissances en disciplines scolaires… est artificiel et a contribué à créer des groupes de pressions qui ont œuvré à la juxtaposition et à l’accumulation de connaissances. Il conviendrait de raisonner en termes de culture » . Aussi il recommande un nouveau découpage disciplinaire : « une culture sémiologique : une grammaire des signes qui permette de lire et produire des textes sous toutes leurs formes, une culture scientifique et technique : conduisant à la maîtrise des systèmes de logique, de la démarche scientifique, une culture humaine et sociale : en termes de philosophie, d’histoire, d’économie, de droit, ou de politique afin de construire le citoyen, une culture du corps, des sens et de la santé : permettant à chacun de se connaître et de respecter autrui. Le CRAP souhaite le développement d’alternatives au redoublement par la mise en place de pédagogies différenciées.
http://www.cahiers-pedagogiques.com/actu/propocrap.html
Le collège unique, projet démocratique pour F.Dubet
« Le vrai projet démocratique est de faire travailler ensemble des élèves qui sont différents. Dans une société où les inégalités se creusent, où les mômes sont perdus, où les problèmes d’identité culturelle sont de plus en plus forts, je dis qu’il est essentiel de souder une génération, jusqu’à l’âge de seize ans, autour d’une culture commune ». Dans une tribune accordée à l’Humanité du 10 décembre, le sociologue souligne l’importance sociale du maintien d’un collège unique. » Le collège doit-il être une école primaire supérieure ou un petit lycée ? Dans le premier cas, on définit des connaissances que nul ne doit ignorer, quel que soit son avenir. C’est ce que fait l’école primaire. Qu’ils deviennent agriculteurs ou ingénieurs, tous les élèves y acquièrent les mêmes compétences de base. Dans le second cas, on vise l’excellence pour tous, avec un collège qui ne prépare, finalement, qu’aux formations générales… Et qui laisse de côté les 30 % d’élèves qui n’arrivent pas à suivre. C’est ce qui se passe aujourd’hui ».
http://www.humanite.fr/journal/2003-12-10/2003-12-10-384230