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Entretien avec Olivier Bonnehon, 23 ans, élève à l’ENCOM (Ecole Nationale de la Communication et de l’image), qui vient d’obtenir un contrat avec l’éditeur Delcourt pour sa série WIRD.
« Le seul conseil que je peux leur donner, c’est d’écouter leurs rêves…
L’important dans la BD, c’est d’avoir un univers personnel et un superhéros, un personnage auquel on s’identifie. Et puis la scène des personnages qui l’accompagnent. »
– Olivier Bonnehon, comment êtes-vous venu à la BD ?
J’aime la BD depuis mon enfance, j’ai toujours dessiné. Il n’y a pas vraiment d’école qui prépare à la bande dessinée, mais dans le dessin tout est bon à prendre. J’ai appris beaucoup à l’ENCOM. La première année, je suis venu au festival et j’ai montré mes planches au plus de monde possible. J’ai fait le tour des éditeurs puis j’ai recueilli des numéros de téléphone et j’ai pris des contacts. La rencontre avec un éditeur, un scénariste souvent se passe bien, on nous donne toujours des conseils en fonction de notre personnalité. Et puis je suis tombé sur un scénariste qui m’a proposé cette série de science-fiction. Le projet m’a intéressé, ça a marché.
– Vous aimiez le monde de la science fiction ?
Dans mon adolescence, je vivais dans l’univers de l’Heroic Fantasy, dans le monde du seigneur des anneaux : les ogres, les géants, les gobelins, les créatures démoniaques, les dragons. Là, c’est la première fois que je me lance dans la science fiction.
– Vous ne prenez pas part au scénario ?
On ne peut pas tout viser dès le début. Je suis avant tout dessinateur. Pour cette série, je vais travailler avec un scénariste.
– Quels conseils donneriez-vous à des élèves qui voudraient se lancer dans a BD ?
Le seul conseil que je peux leur donner, c’est d’écouter leurs rêves. Se projeter dans un univers qui n’est pas le monde réel contemporain. Il est plus facile pour des jeunes de se projeter dans l’univers de la « Fantasy » que de recevoir directement des analyses sur l’information, les guerres, les faits sociaux.
Au fond, pour eux, l’Heroic Fantasy ou la science fiction est un moyen détourné de critiquer le monde dans lequel ils vivent.
– Quels comportements avez-vous apprécié chez vos professeurs ?
Qu’ils soient rigides, mais qu’ils me laissent dessiner. La rigidité du système scolaire est ce qui permet à la liberté de jaillir. Dessiner, pour moi, c’était dire ma différence, mais un prof qui encourage l’élève à aller dans un domaine où il va être lui-même, où il va être roi, c’est également précieux pour éviter que l’enfant ou l’adolescent qui dessine ne se sente isolé.
Dans le collège où j’étais, mon prof de dessin me « saquait » pas. Je dessinais tout le temps, en histoire géo, pendant les heures de colle. Quand des images me passaient dans la tête, il fallait qu’elles sortent, il ne fallait pas qu’elles s’en aillent. Une image, c’est comme un animal qui veut s’échapper.
– Pensez-vous qu’il faudrait une école pour apprendre la BD ?
Une école de BD, ce n’est pas souhaitable. Il faut prendre ce qu’on peut à droite à gauche, à l’école d’animation, aux Beaux-Arts pour le dessin d’anatomie, pour les modèles vivants qui sont indispensables à l’acquisition d’une technique.
On ne peut pas se cantonner à acquérir les techniques du graphisme, on peut profiter de tout : de l’histoire de l’art, de la peinture abstraite, de la photo… La variété de ces supports éveille la sensibilité.
– Avec qui avez-vous le plus appris ?
On apprend quand on vous propose des outils pour apprendre et qu’on vous montre comment s’en servir. Le prof lui-même doit être utilisé comme un bouquin ouvert, une technique vivante. Ce n’est pas lui qui transmet sa formation graphique. Il ne faut surtout pas que le prof fasse bouffer des trucs à l’élève en lui disant : « Voilà, tu vas représenter ça ».
Mon école, ça a été les comics américains. Ce qui m’a manqué le plus, c’est l’argent pour en acheter. Pour évoluer dans sa pratique on a besoin d’en lire beaucoup. Ce qui serait bien, c’est une école où on puisse en trouver, où on puisse s’en nourrir.
Mes premiers chocs, c’est la télé de Dorothée, les dessins animés japonais, Albatore, et leurs pistolets laser. Maintenant on boycotte les séries japonaises pour nous servir du politiquement correct mal dessiné comme la série Albert. Au Japon et aux USA, le dessin animé est directement issu de la BD, la BD est une culture. En France, la BD est encore méprisée.
WIRD, d’Olivier Bonnehon : esquisse et planche définitive.
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