QUID DES QUIZ ?
Pratiques pédagogiques :
- Quid des Quiz ?
- Travail collaboratif :
Les collecticiels au service de l’enseignement et de la formation
Caroline d’Atabekian
Avec le développement des outils permettant de fabriquer des exercices interactifs, désormais à la portée de tous (techniquement et financièrement), on voit en ce moment fleurir de toute part sur les sites éducatifs des exercices proposant aux élèves – voire aux enseignants – divers tests d’évaluation. Pourtant, culturellement, les QCM (« Questions à Choix Multiples ») si prisés dans l’enseignement chez nos voisins britanniques ont mauvaise presse en France. Pourquoi donc ce soudain engouement ? Et que peut-on attendre, dans notre enseignement, en classe, de ce type d’outils ?
L’interactivité, une e-llusion ?
Les QCM sont séduisants par leur interactivité même : en fait, sorti du lien hypertexte qui permet une navigation personnalisée, le Web n’offre pas véritablement de moyens approfondis d’interactivité. Un QCM sur un site éducatif est attrayant pour le visiteur, et l’on peut lui trouver l’avantage de donner l’occasion aux élèves de s’instruire en s’amusant. S’instruire ? En fait, les QCM peuvent se proposer divers objectifs. Du simple test d’évaluation qui renvoie juste une réponse du type vrai/faux, au QCM qu’on pourrait appeler de « remédiation » qui renvoie une explication documentée selon la réponse de l’élève (Un bel exemple : les exercices de Philippe Alfandari sur la deuxième guerre mondiale: http://palf.free.fr/histoire/guerre/quiz.htm – ici, la documentation apparaît une fois que l’élève a coché la bonne réponse), il existe une gamme de qualité des exercices.
Leur réelle efficacité reste bien entendu à démontrer – mais au fait, cherche-t-on à être efficace, ou attrayant? Il est évident que l’efficacité d’un QCM en ligne, si elle dépend de la qualité de l’exercice lui-même, dépend avant tout de la motivation de l’élève qui s’y soumet. Et l’on connaît assez le puissant pouvoir d’attraction du bouton cliquable qui va vous gratifier d’une « bonne réponse! » ou au contraire vous asséner une « réponse fausse! »; peu importe le reste. Ayant pratiqué le QCM interactif en classe, j’ai pu constater qu’il était bien rare, une fois le résultat affiché, que l’élève se préoccupe d’approfondir la notion lorsque sa réponse est fausse. En somme, les QCM en ligne risquent de n’être efficaces que pour des élèves idéaux, c’est-à dire ceux qui en ont le moins besoin, même si on en ressort toujours un peu plus riche.
Il n’y a pas que des QCM !
En fait, ce qui nous manque, c’est un mot. Faute du terme approprié, on range sous les dénominations de « QCM » ou « QUIZ » toutes sortes d’exercices interactifs, qui sont pourtant très variés et peuvent être exploités dans des limites qui n’ont parfois de bornes que notre imagination. Leur point commun : générer, à partir de données saisies par l’enseignant, des exercices interactifs. Je propose qu’on les appelle des « générateurs d’exercices » et, n’ayant pas trouvé mieux pour l’instant, je lance un appel d’offre à celui qui leur trouvera le plus joli nom (le terme « exerciseurs » désignant déjà des logiciels propriétaires offrant des exercices tout prêts).
Les générateurs les plus prisés sont ceux qui permettent de créer des exercices au format HTML (pages Web), que l’on peut rouvrir dans un éditeur HTML et personnaliser, puis intégrer dans un site (internet ou intranet). Parmi eux, le célèbre Hot Potatoes ( http://web.uvic.ca/hrd/halfbaked/ ) permet à lui seul six types d’exercices : un QCM proprement dit, un exercice « à trous » (closures), un générateur de mots-croisés, un QCM particulier (toutes les réponses sont proposées en même temps pour chaque question) à exploiter de diverses manières, un exercice permettant de présenter des phrases ou segments de phrases dans le désordre pour retrouver l’ordre original, un questionnaire « ouvert » (aucune réponse n’est suggérée, l’élève doit lui-même saisir sa propre réponse). Du même auteur, Textoys ( http://www.cict.co.uk/software/textoys/index.htm ) propose deux types d’exercices : un exercice d’écriture (toutes les lettres – ou seulement certaines – du texte saisi par l’enseignant sont remplacées par des * , et l’élève doit saisir les mots un par un pour rétablir le texte), un exercice pour rétablir la chronologie d’un texte (les phrases sont présentées trois par trois, il faut choisisr la bonne pour retrouver le texte).
Toujours du même auteur, Quandary ( http://www.halfbakedsoftware.com/quandary/ ) permet de fabriquer un parcours interactif: à chaque étape, l’élève se trouve dans une situation qui lui est présentée, et a le choix entre plusieurs manières de réagir. Chacun de ses choix l’emmène vers une autre étape,etc. Il peut à chaque étape recevoir des « atouts » ou au contraire rencontrer des obstacles (du type « le livre dont vous êtes le héros »). Sans compter EXX, un logiciel qu’est en train de nous concocter Yves Ouvrard ( http://www.collatinus.com/ ), et qui proposera lui aussi de nombreux types d’exercices (tous ceux qui maîtrisent PHP4 sont cordialement invités à lui donner un coup de main).
Il y a donc bien d’autres solutions que les QCM pour fabriquer des exercices interactifs. A partir de ce constat, on peut s’inspirer des exercices proposés dans les manuels scolaires, puis se demander lequel de tous ces exerciseurs conviendrait le mieux pour faire un exercice du même type. On s’aperçoit alors de la richesse potentielle des générateurs d’exercices.
Et en classe ?
Si les exercices interactifs en ligne sont attrayants, reste à savoir ce qu’on peut en attendre réellement en classe, où l’efficacité est de mise. Le problème qui se pose n’est pas différent, en fait, de celui posé par les logiciels d’éditeurs qui proposent des exercices tout faits : comme le rappellent souvent les éditeurs, en effet, il ne s’agit pas de donner aux élèves une série d’exercices et d’attendre que le cours se passe. Les exercices sont efficaces dans la mesure où ils sont intégrés dans une séance de cours construite et qu’ils interviennent ponctuellement pour illustrer ou introduire une notion. A ce titre, ils sont préparés et commentés avec les élèves, et l’enseignant accompagne ceux-ci pendant l’exercice. 3
Or les exercices « maison », que l’on fabrique nous-mêmes, comme ils sont assimilés aux QCM (et en effet ce sont des QCM proprement dit que l’on trouve le plus), sont conçus non pas comme des exercices d’entraînement, mais comme des exercices d’évaluation, pace que le QCM dans l’histoire de l’enseignement a toujours été assimilé à l’évaluation (ou à l’autoévaluation). Cela peut changer ! Avec ces outils, on peut en effet créer entièrement ses cours sur un support numérique (document de texte, pages Web) et y intégrer quelques-un des divers exercices décrits ci-dessus en guise d’entraînement, exactement comme on utilise les exercices d’un manuel scolaire. Imaginons par exemple un cours présenté sous forme de pages Web contenant divers documents puis un lien vers des exercices d’entrainement. L’enseignant peut présenter le cours, puis inviter les élèves à en suivre seuls le cheminement.
Quel avantage, direz-vous? Là encore il ne s’agit pas de dire en début d’heure aux élèves : »lisez le cours puis faites les exercices ». L’enseignant peut présenter oralement le cours et en fixer les objectifs, puis laisser les élèves travailler en autonomie et en profiter pour les aborder un par un et s’enquérir des difficultés spécifiques de chacun. Par exemple, certaines parties du cours particulièrement importantes (ce que l’élève doit retenir) peuvent être présentées d’une manière particulière de sorte que les élèves sauront qu’il s’agit d’un paragraphe de cours à recopier sur leur cahier. Le parcours de l’élève l’amène alors à faire les exercices interactifs d’entrainement. Pour l’évaluation en revanche, on peut très bien imaginer d’y ajouter des exercices à faire sur feuille. L’exercice interactif permet alors à l’élève de se familiariser avec la nouvelle notion, et l’exercice sur feuille, qui requerrait la même compétence, permet à l’enseignant de vérifier que la notion a été acquise.
Les élèves travaillant de façon autonome, puisqu’ils avancent chacun à leur rythme et n’ont pas besoin d’attendre la correction des exercices pour passer à la suite, l’enseignant se trouve disponible pour apporter de l’aide à ceux qui en ont besoin. Par ailleurs, il n’est plus au centre de la classe celui qui dispense le savoir, mais à la périphérie, celui qui fait le tour des élèves et médiatise auprès d’eux le savoir contenu dans la machine (savoir qu’il y a mis lui-même, bien entendu…). Cette médiatisation, qui fait toute la différence entre un cours « en ligne » où l’élève est seul et un cours « en classe » où il est accompagné, me paraît nécessaire. Elle est la partie humaine indispensable qui entre en jeux dans le rapport de l’élève au savoir. Il ne passe pratiquement rien de l’ordinateur à l’élève si cela ne transite pas par les paroles irremplaçables du professeur.
Ce type de cours est aussi un moyen de mener chaque élève là où il peut aller: comme chacun avance à son rythme, on peut en effet se proposer un objectif minimum à atteindre dans l’heure, mais on peut aussi proposer, pour ceux qui seront plus rapides, des objectifs plus approfondis. Voilà en tout cas les deux principaux changements que les nouvelles technologies ont apporté dans ma classe : une sorte de « décentralisation » du savoir qui rend l’enseignant disponible, et un outil efficace de pédagogie différenciée.
Liens utiles :
HOT POTATOES :
Le site des utilisateurs francophones de Hot Potatoes (manuel d’utilisation au format pdf et fichier de traduction de l’interface en français)
http://membres.lycos.fr/toilefle/home.php
Le mode d’emploi en français:
http://ecolestjeanb.free.fr/hot_potatoes/accueil.html
Le mode d’emploi sous forme de copies d’écrans :
http://www.weblettres.net/framanet/tutoriels/index.php?page=hp
Apprendre aux élèves à fabriquer des exercices avec Hot Potatoes :
http://www.etab.crdp.ac-caen.fr/amfrevil/jm99/hotpot/hotpot_pres.htm
Liens vers des sites utilisant Hot Potatoes:
http://ecolestjeanb.free.fr/hot_potatoes/liens.html
QUANDARY :
Le fichier qui permet de traduire l’interface en français:
http://www.weblettres.net/framanet/tutoriels/index.php?page=qd
Un exemple de parcours interactif en anglais:
http://www.halfbakedsoftware.com/quandary/examples/landlady.htm
39 OUTILS POUR CREER DES EXERCICES INTERACTIFS THOT :
http://thot.cursus.edu/rubrique.asp?no=7878