Car ce qui manque en matière de formation, c’est un minimum de réflexions… et bien sûr un optimum d’innovations et de recherches. Au moment où l’on renouvelle en dix ans la moitié des personnels de l’éducation, comment peut-on encore prendre au sérieux tout projet, monté entre quatre copains, dans l’urgence d’un cabinet de ministre ! C’est comme si on concevait le programme du nouvel Airbus sur un coin de table de bistrot… Quel manque d’envergure quand on proclame que la matière grise est notre plus grand capital. Quel mépris pour l’éducation de la Nation ! Quel manque de vision sur l’avenir…
Au-delà de cette carence effrayante de volonté politique qui frise l’inconscience, on ne peut avancer sérieusement en matière de formation, tant que plusieurs oppositions stériles auront cours. N’oppose-t-on pas inlassablement et de façon puérile la «formation théorie » à la «pratique» , la «formation académique dans une discipline» à la «formation professionnelle», la formation «commune» et la formation «spécialisée». Comme si on pouvait les séparer !.. La séparation entre «formation initiale» et «formation continue» est tout aussi dangereuse.
Une formation des enseignants ne peut se limiter à une formation académique dans une discipline accompagnée d’une patine psycho-socio-pédagogique, le tout en début de carrière. Au contraire, il s’agit de mettre en antagonisme ces aspects opposés pour faire émerger les nouvelles propositions.
Mais les principales questions à soulever pour (re)penser la formation sont aussi en aval, le recrutement n’est jamais neutre. Si seule la «formation théorique initiale, qui s’acquiert dès le début des études supérieures, est évaluée à l’occasion des épreuves théoriques des concours de recrutement » (déclaration de Luc Ferry du 9 4 2003), comment repérer au moins une sensibilité pour les jeunes, pour l’apprendre, pour le travail en équipe ou simplement pour le métier !
Un peu de « bon sens » serait utile… Et pas seulement sur ce plan… En période de mutation, de situations complexes, un enseignant devrait avoir avant tout une «personnalité» ; ensuite, elle devrait être porteur de savoirs issus de vie. Pas seulement de savoirs universitaires… Ne devrait-on pas imposer à tout candidat au métier une expérience de vie au préalable, dans une autre profession, dans une association ou en matière humanitaire. Peut-on être un véritable enseignant si on n’a jamais quitté l’école !
Le bon sens est à mettre également en aval… Il reste de terribles lacunes pour un tel métier. Nos enseignants ne reçoivent toujours pas une formation pour comprendre ce qu’apprendre veut dire. Le rapport de l’élève aux savoirs est toujours aux «abonnés absents ». Pourquoi ne continueraient-ils pas à l’envisager que comme le «bon élève» qu’ils ont toujours été !
Last but not least… quand envisagera-t-on enfin quelques séquences lors de la formation pour apprendre à «poser sa voix », être à l’aise avec son corps, travailler en équipes, comprendre ce qu’est une institution, gérer les conflits ou simplement… «parler aux parents »…
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