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Un outil pour le travail mutualiste :
Entretien avec David Ducrocq, professeur des écoles Comment publier sur Internet sans apprendre l’informatique ? Il y a maintenant bien des réponses à cette question. David Ducrocq apporte ici les siennes, celles d’un enseignant dont l’action contribue sur le terrain à encourager des activités de création sur Internet. David Ducrocq est professeur des écoles et actuellement Enseignant Ressource en TICE (ERTICE) à Ablain-Saint-Nazaire. Il s’agit d’une école en secteur rural près de Liévin dans le Pas-de-Calais située dans le bassin minier. FJ- Votre projet « Ethno 62 » est ce une plate-forme ou un concept ? DD- En fait, le projet relève des deux. A l’origine, il s’agit d’un concept pédagogique. La plate forme a été développée par mes soins pour servir le projet pédagogique. Le projet a vu le jour dans ma classe de CM1 de l’Ecole Paul Bert – Emile Littré de Liévin durant l’année scolaire 1999/2000. L’objectif initial était de donner du sens aux activités d’expression écrite en créant un site valorisant les travaux des enfants. Ce site est encore visible à : http://home.nordnet.fr/~dducrocq J’ai retenu le thème du patrimoine qui me semblait intéressant. Il permet de travailler les différents types d’écrits du cycle 3 (informatif, prescriptif, narratif…etc.) et les types de texte associés (légendes, recettes, règles de jeux, descriptions d’objets ou de lieux, biographies de personnages réels ou imaginaires, itinéraires d’accès à des lieux de visite…etc.). J’espérais aussi que ce thème unique favoriserait les retours sur les travaux des enfants. La démarche utilisée dans la classe était celle préconisée dans l’ouvrage « Former des enfants producteurs de textes » (groupe d’Ecouen sous la direction de Josette Jolibert – Hachette). J’ai bâti avec les enfants des grilles de relecture. Ces dernières nous ont permis de produire des textes mis en ligne sur le site. Ce travail étalé sur toute l’année scolaire a donné d’excellents résultats et a largement facilité les travaux d’expression écrite. Les enfants écrivaient car ils avaient la certitude que ces écrits seraient mis en valeur sur le site de la classe. Globalement, cette première version du site a été un succès. Ce premier travail a néanmoins permis de mettre en évidence quelques difficultés comme la lourdeur du travail pour le maître porteur du projet et le manque de réactions de la part des visiteurs du site. Parfois, des félicitations qui, si elles font plaisir, sont néanmoins assez stériles d’un point de vue pédagogique. Rien ne prouvait aux enfants que le site était consulté. L’absence de réactions des visiteurs n’a pas permis de mettre en place les activités de réécriture espérées. Aujourd’hui le projet a évolué avec « Ethno 62 ». Il tente de trouver des solutions aux difficultés rencontrées lors de la première phase. Les objectifs principaux sont inchangés, mais le cahier des charges a évolué. Il s’agit de mettre en place un site sur lequel plusieurs classes puissent travailler. Il doit permettre une publication aisée pour un non-spécialiste de l’outil informatique et faciliter les échanges entre les différents protagonistes. Les activités de réécriture doivent être possibles rapidement. FJ- Et la plate-forme « Site-auto » ? DD- Parallèlement, j’ai développé une plate forme de mise en ligne automatisée. Les scripts qui existaient ne me convenaient pas (interfaces trop complexes pour des enfants de cycle 3 et/ou absences d’ergonomie…) Pour ce travail, j’ai pu compter sur l’aide et les critiques constructives de mes collègues et j’ai utilisé les technologies PHP et MySQL. J’ai voulu développer une structure vide qui puisse s’adapter à d’autres projets similaires. En fait, dans mon travail d’animateur de terrain, j’avais besoin de ce type d’outil. Cette plate forme s’intitule « Site-auto ». Elle est diffusée en licence GPL et accessible sur le site « Scripts scolaires » – http://scripts.scolaires.free.fr FJ- Comment faites vous participer les élèves au projet ? DD- Les enseignants des classes qui participent au projet « Ethno62 » n’adoptent pas tous la même stratégie pédagogique. En amont, il y a d’abord une phase de recherche sur le sujet travaillé. Parallèlement s’engagent des travaux sur la forme de texte à adopter pour traiter le thème retenu. Ces activités sont l’occasion de pratiquer des activités de recherches documentaires par le biais de sources classiques et/ou numériques ou des sorties sur le terrain. Certaines classes travaillent sur des thèmes qui dépassent le cadre local, les enfants sont alors dans l’obligation d’écrire aux offices de tourisme ou à des personnes susceptibles de les aider. Ils manipulent les appareils photos pour produire les images qui accompagnent les documents. Ils sont parfois amenés à demander l’autorisation d’utiliser des photos ou documents pour lesquels ils n’ont pas les droits. A ce titre, le projet Ethno62 offre la possibilité de valider toutes les compétences du B2I. En aval, un travail de réécriture est parfois nécessaire en fonction des remarques des visiteurs. En tant qu’administrateur, il m’arrive fréquemment de réagir aux travaux des enfants. Je les félicite toujours, mais il m’arrive de critiquer les documents déposés. Ainsi, je signale aux enfants qu’ils ont oublié certains mots clés dans la liste attachée au document. L’une des classes a travaillé sur la biographie du boxeur George Carpentier. Le premier texte déposé sur le site présentait ce personnage jusque la fin de sa carrière sportive. De connivence avec le maître, j’ai fait remarquer aux enfants qu’une véritable biographie présentait l’ensemble de la vie d’une personne. Les enfants ont alors poursuivi leurs investigations et ont complété le texte. Ce dernier monolithique ne facilitait pas la tâche du lecteur, j’ai alors invité les enfants à aérer leur travail, à utiliser des intertitres en leur faisant lire un autre document présent sur le site. Ces retours sont importants, ils permettent au maître de « rebondir ». Les enfants améliorent les écrits, apprennent par tâtonnements. L’objectif est maintenant que les classes puissent échanger entre elles sur le fond et sur la forme et que chaque maître puisse entrer dans cette dynamique. Tous les enseignants qui participent au projet ne sont pas encore entrés dans cette dynamique de communication réelle. Certains se contentent uniquement de publier avec leurs élèves, ils lisent les textes des autres classes mais ne réagissent pas aux travaux déposés. La motivation des enfants est très forte. Les élèves des classes les plus impliquées ont parfaitement perçu les finalités du travail. Je tiens à signaler l’importance du rôle d’animateur que je remplis dans le projet (aidé par mon équipe Cf. plus bas). Cet accompagnement humain est vital pour soutenir la dynamique du projet. Un système informatique sans accompagnement ne permettrait pas le même résultat. FJ- Mais comment en voyez-vous l’évolution ? DD- Elle peut prendre plusieurs formes. Je souhaiterais d’une part développer le concept au sein du département du Pas-de-Calais. Dans le cadre de la mise en place du B2I, de nombreux collègues sont à la recherche de produits de ce type. Je compte pour cela m’appuyer sur le réseau des enseignants ressources en TICE de notre département. Je compte aussi beaucoup sur mon équipe (Sylvain Dehurtevent, Gilbert Hamonet (enseignant en retraite), Sylvain Malycha et Philippe Sennelart). Ils contribuent à faire connaître le projet dans ses dimensions pédagogique et technique. Ils contribuent aussi à faire connaître la plate forme « Site-auto ». Entretien : François Jarraud Contact : david.ducrocq@laposte.net D’autres outils de publication en ligne : – Le célèbre SPIP : http://spip-edu.edres74.net – Patrice Hardouin propose une adaptation de SPIP a l’enseignement :
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