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Si un outil a pénétré largement les établissements scolaires ces dernières années, c’est bien le téléphone portable. Les élèves en usent et parfois en abusent, comme quand ils retransmettent les remarques des enseignants en direct. Au point que nombre d’établissements ont du mal à faire face à cette irruption du monde extérieur dans la clôture scolaire, voire refusent de le voir ! L’arrivée des téléphones de quatrième génération permettant de se connecter à Internet ne devrait pas être sans effet dans nos classes. Ces téléphones permettront de se connecter depuis la salle de classe ou la cour sur n’importe quel site éducatif. Mais ils donnent aussi la possibilité aux enseignants de les utiliser pour accompagner l’élève et maintenir le fil éducatif avec lui. C’est sur ce chemin là que s’est engagé Philippe Steger, professeur d’économie-gestion. FJ- Votre établissement a-t-il des spécificités qui expliquent cet intérêt pour les nouveaux outils techniques ? PS- Le lycée du Mas de Tesse de Montpellier (34) est un établissement pilote pour les TICE. Cela signifie qu’il a le soutien logistique du CRDP pour expérimenter une solution intranet qui vise à mettre en œuvre le » Bureau virtuel » de l’élève. Celle-ci apporte de nombreuses possibilités d’ouverture, de consultation et de communication au cœur de la communauté éducative. L’expérimentation du bureau virtuel de l’élève au sein d’un intra-extranet se poursuit avec enthousiasme et s’étend à cinq classes. Nous avons pris le soin d’intégrer tous les niveaux de l’apprentissage (BEP Ventes, BAC-PRO Vente, BTS Action commerciale, Prépa-HEC). S’y ajoute une classe de CM1 qui a souhaite nous rejoindre. FJ- Mais qui a pensé à utiliser les téléphones portables pour compléter ce suivi ? PS- C’est une idée personnelle. Mais elle fait suite à six ans d’enseignement en BTS Informatique de gestion. La raison fondamentale est pédagogique. Je suis convaincu que la séquence pédagogique est une valse à trois temps : L’idée est d’éviter que l’élève reste seul à sécher sur un problème. Nous avons bien le « bureau virtuel de l’élève ». Mais si l’accès à des ressources éducatives est fluide dans l’enceinte de l’établissement, la consultation de ressources à domicile pose la question du taux d’équipement en ordinateurs familiaux et en connections internet à haut débit. Or celui-ci est encore faible. C’est pourquoi le téléphone portable, très répandu, a attiré notre attention dans le cadre d’une nouvelle ergonomie scolaire. FJ- Qu’en attendez-vous ? PS- Ce téléphone nouvelle génération est d’abord un terminal internet accessible à tous. La généralisation des mobiles au sein de la population scolaire, et leur migration rapide vers des téléphones portables sophistiqués ressemblant à des PDA (Personal Digital Assistant), ouvre la voie à un nouveau support de ressources à la disposition des élèves et des enseignants. Le taux d’équipement des élèves d’une classe de Bac-pro du Lycée du Mas de Tesse à Montpellier, est de 100 %. (17 élèves). Les classes de BTS Action commerciale et BTS comptabilité et gestion, ainsi que la classe Prépa HEC ont des taux d’équipement voisins. On peut imaginer que presque tous les pré-adolescents et adolescents des années 2004-2005 seront équipés de mobiles ou y auront accès dans la famille, ce qui ne sera toujours pas le cas pour l’ordinateur. C’est donc maintenant qu’il faut penser aux ressources qui leurs seront accessibles. Si les écrans sont encore trop petits pour conférer un véritable confort visuel, les téléphones évoluent vers des formats type » assistants personnels ». La possibilité de consulter partout et tout le temps (transports scolaires, domicile, temps d’étude) des compléments de cours, documentations courtes, messages sonores et questionnaires ouvre un vaste champ d’investigations. FJ- Quels types de ressources pour quels apports pédagogiques envisagez-vous ? PS- La démarche ne consiste pas à faire du » mini-internet » : le grand réseau est tellement riche, sa bibliothèque tellement variée qu’il faut la parcourir sur un grand écran avec une connexion haut débit. En revanche, on trouve, sur les sites WAP (Orange, SFR) et I-MODE (Bouygues), quelques espaces de consultations très bien pensés : météo, bourse, annuaires, spectacles… Mais pas encore d’espace pédagogique. Or, sur le plan de la pratique de la langue française, on assiste à une très nette inflexion dans la maîtrise du vocabulaire pour chacune des disciplines enseignées. La seule recherche, par l’enseignant, de la compréhension de la terminologie de son cours par l’élève peut constituer un projet pédagogique digne d’intérêt. De plus, la formule du questionnaire, trop légère lorsqu’il s’agit de l’acquisition des savoirs, devient performante à des fins de » télé-validation » de la compréhension des nouveaux mots, formules ou sigles expliqués en cours. Ainsi, on peut proposer à titre d’exemple la séquence suivante : Sur une vingtaine de semaines par an et donc environ 200 mots ainsi validés, un étudiant en BTS verrait son professeur valider durant le cycle environ 400 mots, sigles, noms de marques et d’enseignes spécifiques à sa spécialité, ce qui couvre largement les pré-requis terminologiques d’un futur technicien supérieur. On peut évidemment imaginer de généraliser le processus à tous les niveaux d’apprentissage en prenant soin de tendre vers des objectifs pédagogiques très précis pour chacune des disciplines concernées. Un instituteur de classe de Cours moyen 1 vient de nous rejoindre. Il proposera dès le retour de vacances de février à ses élèves un questionnaire sur quelques notions développées au cours du mois précédent, accessible par… le téléphone des parents. FJ- Mais c’est aussi du travail supplémentaire pour les enseignants ? PS- On a mis au point le code informatique d’un questionnaire type, en WML et en I-HTML. L’élaboration par l’enseignant demande juste une quinzaine de minutes, et la mise en ligne sur une plate-forme préparée, quelques secondes. FJ- Et qu’en pensent les élèves ? PS- L’expérimentation est en cours dans les cinq classes pré-citées. Voici une première réaction, celle de Vincent Goussu, étudiant en BTS action commerciale et » testeur – rédacteur » des ressources que nous mettons en ligne : » Je suis utilisateur du Wap depuis plus d’un an. Je suis passé d’une consommation de 2h par semaine à deux forfaits illimités. Au début je l’ai utilisé pour des informations sportives et pour des recherches sur les pages blanches/jaunes. Depuis quelques mois, je m’en sers pour communiquer (Chat, e-mail…) et pour étudier. Comme tout le monde, j’utilise fréquemment les transports en commun et lors de ces trajets je suis soit sur le wap, soit au téléphone. Lors de ces instants » d’inactivité « , le fait de mettre des cours ou des questionnaires (régulièrement actualisés) en ligne sur le wap, me permettrait à tout moment de les consulter et de les valider à l’aide de quiz ou de fiches mémos. Par conséquent, le soir j’aurais moins de travail à faire car je l’aurais déjà traité dans la journée. L’intérêt que je porte à ce système pédagogique est très important parce que, d’une part quand je rentre le soir chez moi, je n’ai pas forcément envie de faire mes devoirs et d’autre part quand je suis dans le bus ou que j’attends pour un rendez-vous je n’ai pas constamment mes cours avec moi tandis que mon portable oui. Donc cela serait une occasion de mettre à jour mes connaissances en me faisant gagner du temps. Et puis de plus en plus de familles possèdent un ordinateur et sont connectées à internet. Mais ce nombre reste faible comparé à celui des téléphones portables. Un forfait wap illimité coûte 6 euros par mois alors qu’un abonnement à Internet revient à 25 euros. L’intérêt général de ce système est qu’il soit accessible à tous et peu coûteux pour le consommateur. En outre, il permet d’apprendre ou de réviser à des » moments perdus « ». FJ- Quelle est la prochaine étape de votre projet ? PS- Dix questionnaires WAP seront en ligne (deux par classes, du CM1 à la prépa HEC) et donc accessibles par mobile début mars. Si nous arrivons à élaborer des questionnaires intelligents, à ne proposer qu’un seul objectif pédagogique à la fois et à assurer la continuité dans la mise en place, on peut faire confiance à ce dispositif pour que le vocabulaire proposé par l’enseignant soit mieux approprié par l’élève. Dans un second temps, d’autres projets, comme la lecture de textes brefs avant le cours, la présentation de schémas ou diagrammes, le rappel de formules de calcul avant contrôle ou la mise en ligne de messages sonores pour l’apprentissage des langues pourront constituer des compléments de cours individualisés efficaces. Philippe Steger Propos recueillis par François Jarraud Le site consacré à la pédagogie par mobile : Les sites actuellement accessibles par I-Mode sont : Les sites actuellement accessibles par WAP sont : Vous devez pour le WAP ouvrir un émulateur et entrer une des adresses ci-dessus dans le champ » http:// » http://virtual.wapjag.com/?url=francewml.ovh.org/wap Site économique » ECONOMIE2000 » en HTML classique: |
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