|
Charlie et après
L'attentat contre Charlie Hebdo impose à l'Ecole un double défi. Celui de dépasser la douleur et l'émotion au profit de la réflexion. Celui de ne pas enfermer l'Ecole sous un unanimisme de façade sur des pseudos valeurs recuites mais d'interroger avec impertinence les valeurs que nous voulons pour notre pays et notre école... |
|
| | Comment parler de Charlie en classe ? | |
|
| | 7 janvier : Réflexions d'une maîtresse… C’est qui Charlie ?Ce soir, la France, notre République, notre démocratie, notre peuple sont en deuil. Les enfants, au sein de leur foyer, ont certainement senti l’émotion des adultes poindre face à cette horreur innommable, devant la télévision : nul ne peut rester insensible à ce drame et il est même utopique de vouloir comprendre (ou simplement d’essayer !) comment des êtres humains, dotés d’un cœur et d’un cerveau, puissent être victimes d’un tel long processus de deshumanisation qui les amène à de telles extrémités. | | | 12 janvier : Charlie : En parler en cours de philosophie ? L'attentat contre Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, a bouleversé le quotidien des cours. La situation s'est posée rapidement aux professeurs de philosophie, d'avoir à répondre aux « besoins ou demandes d'expression » des élèves, comme le préconise la lettre de la ministre. La discipline semble se prêter tout particulièrement à une évocation de l'événement : liberté d'expression, fanatisme, justice, violence... Mais comment aborder sereinement en classe une actualité aussi vive, dans la chaleur de l'émotion et le trouble de l'opinion ? Est-ce pertinent ?... | | | 12 janvier : La société ne respecte pas les valeurs que nous enseignons"On leur enseigne le respect, mais eux ne sont pas respectés à l'extérieur du lycée". Professeure d'histoire-géographie dans un lycée multiculturel au Havre, Isabelle Baillleul Létang a partagé son désarroi sur la page Facebook du Café pédagogique après que deux élèves aient refusé la minute de silence. Elle s'interroge sur les raisons qui expliquent cette attitude. Et n'hésite pas à dénoncer le double langage de la société française. | | | 12 janvier : Lettres : Apprendre à rireLes réactions de nos élèves ont témoigné des mêmes stupéfaction et douleur que les nôtres : autant dire de valeurs partagées. Pourtant une impression de ratage quelque part subsiste : comment expliquer que sortent du système scolaire des jeunes capables d’actes aussi contraires à ses finalités ? comment admettre que dans certaines classes on ait pu entendre dès le lendemain de la tuerie sinon des justifications, du moins des circonstances atténuantes ? C’est bien entendu que certains considèreront toujours la raison comme un dangereux adversaire. C’est aussi que la société française, et l’Ecole avec elle, continue à exercer un terrible pouvoir d’exclusion et à susciter à son tour le rejet. Mais c’est sans doute qu’il reste une compétence à mieux enseigner : l’esprit de dérision, celui qu’incarne si bien Charlie-Hebdo, celui que d’aucuns assimilent à la France, celle de Villon, de Rabelais, de Voltaire ou de Desproges. | | | 14 janvier : La fraternité ça s'apprend dès la maternelleLa confiance est un apprentissage. Alors que la France apparait comme un des pays où les gens se font le moins confiance, des enseignants ont compris que la fraternité et la confiance ça s'apprend. C'est notamment le cas de Sylvie Maillard, professeure des écoles formatrice (PEMF Lyon ). | | | 12 janvier : Une minute de recueillement dans mon collège"Je me suis levé ce matin un peu angoissé de cette journée ; est-ce que les élèves allaient percevoir la gravité du moment ?" Principal du collège Joseph Bara de Palaiseau (Essonne), Jean-Luc Simon raconte comment son collège a fait face à la journée de recueillement y compris à la poignée de réfractaires. | | | 19 janvier : La chronique de V. Soulé : Après Charlie, en CFA... Face aux élèves qui provoquent ou qui nient les actes terroristes, que peut-on faire ? "Il est toujours intéressant de faire un pas de côté, d’aller voir ce qui se passe ailleurs", nous dit Véronique Soulé. En journaliste expérimentée, elle est allée en Centre de formation d'apprentis (CFA), là où les élèves sont souvent particulièrement difficile, interroger deux enseignants. Connaissant bien leurs élèves et habitués à argumenter avec eux, Céline Dussaussois et Nicolas Boivin n'ont pas baissé les bras. Ils se battent patiemment, avec obstination, pour l'éducation de ces jeunes. Mais comment font-ils ? | | | 19 janvier : Après Charlie : Quand les élèves s'expriment« La minute de silence au collège ou au lycée apparaît en définitive comme une fausse bonne idée. (…)L'école doit rester le lieu où l'on parle, non où l'on se tait », écrit Yves Stalloni. Dans de nombreux établissements, les élèves ont dessiné, parlé, écrit pour témoigner en action de leur attachement à la liberté d'expression... | |
|
| | | 8 janvier : Anglais : Parler de l'attaque de Charlie HebdoLes enseignants de la liste eteachnet ont rapidement réagi à cette attaque. En plus de la minute de silence qui sera organisée nationalement, voici des suggestions pour les cours à venir : des infos et un travail autour de la liberté de la presse et de Rockwell. | | | 8 janvier : Espagnol : El humor o la muerte« Hasta la victoria siempre » et « el humor o la muerte », sont les deux bulles que le dessinateur et directeur de Charlie Hebdo, Stéphane Charbonnier, alias Charb, avait écrites lors de la réalisation de sa propre caricature durant une interview du quotidien espagnol El Mundo. | | | 8 janvier : Allemand : « Ich bin Charlie » La presse allemande et notamment la ‘ZeitOnline’ retrace quasiment en temps réel l’émoi suscité par l’attentat perpétré contre les journalistes de Charlie Hebdo. Sur les réseaux sociaux, c’est sous le Hashtag #JeSuisCharlie que se manifeste un élan de solidarité international, notamment sur Twitter. Les commentaires reprennent fréquemment la citation du britannique Edward Bulwer-Lytton : « The pen ist mightier than the sword » ou en allemand : « Der Stift ist stärker als das Schwert », comme le décrit un article de la ‘Zeit’. | | | 9 janvier : Je suis Charlie : Présenter l'attentat aux élèves"Pour répondre aux besoins qui pourraient s'exprimer au sein des écoles et des établissements, un ensemble de ressources est d'ores et déjà à disposition des équipes pédagogiques et éducatives. Cette page en regroupe une sélection. Elles peuvent être mobilisées pour nourrir des débats argumentés et mener un travail pédagogique dans la durée", annonce Eduscol. Les documents abordent la liberté d'expression, la liberté de la presse, la laicité, les droits de l'Homme. | | | 12 janvier : de nouvelles ressourcesDe nouvelles ressources viennent s'ajouter à celles déjà signalées. Sur I voix, les élèves de première de JM Le Baut ont spontanément écrit des poèmes et réalisé un journal de leurs oeuvres. Au lycée Van Dogen de Lagny, Catherine Jouanneau, professeure d'histoire-géographie, fait le point pour les élèves sur les attentats et le défi qu'ils représentent pourla démocratie. Au collège, Claire Cassaigne, professeure-documentaliste, montre un travail sur la caricature réalisé en classe média. L'Ecole Estienne de Paris, qui prépare aux métiers artistiques, connaissait bien les dessinateurs de Charlie. Ses élèves leur rendent hommage avec de merveilleux dessins. | | | 14 janvier : La laïcité à l'écoleFruit d'un projet mené dans la circonscription de Royan (17), le site laïcité - école propose des fiches pédagogiques d'apprentissage de la laïcité de la maternelle au cm2. Le site permet de découvrir ce qu'est la laïcité, de construire cette valeur à travers des exercices, de faire connaitre la charte de la laïcité aux élèves. | | | 22 janvier : « L'après Charlie » espagnol et hispano-américainAlors que le quotidien espagnol El País a publié ce 14 janvier la double page centrale du Charlie Hebdo des survivants traduite en espagnol, on apprend que Reporters sans Frontières a missionné l´écrivain et dessinateur espagnol, Carles Romeu, pour sa traduction complète. Depuis ce tragique 7 janvier 2015, les réactions de la presse internationale et du monde des dessinateurs et caricaturistes ont été très nombreuses. Quinze jours plus tard, il est possible de dresser un panorama des hommages rendus à Charlie Hebdo par les hispanophones du monde entier et il y a une profusion de documents exploitables en classe. | | | Complots, relativisme et numériqueL'une des plus sérieuses inquiétudes qui devrait envahir rapidement le monde de l'enseignement est celle de la montée de la remise en cause, a priori, de toute information. Rappelons ici qu'une information est avant tout "un fait transformé en signe et transporté voire diffusé ou mis à disposition". En d'autres termes une information suppose une intermédiation, technologique et humaine.
Humaine car, même automatisée, c'est toujours un humain qui conçoit le cadre de la transformation du fait en information. Technologique, car même humaine, il y a une technique qui est convoquée pour transposer le fait en information, du langage à la voix, du sémaphore à l'octet. | |
|
| | | L'éducation nationale face au défi | |
|
| | 07 janvier : La laïcité doit-elle être repensée ? "La laïcité aujourd'hui c'est la peur de l'Autre !" Alors que la consultation sur le nouvel enseignement de la morale laïque et civique va commencer, la laïcité semble faire l'unanimité dans le monde éducatif. Valeur fondatrice de l'école publique elle semble une vérité indéboulonnable. Pourtant pour Béatrice Mabilon-Bonfils, sociologue Université de Cergy-Pontoise, et Geneviève Zoïa, anthropologue Université de Montpellier, la laïcité est devenue un écran qui empêche de voir les élèves, lire le monde et penser l'avenir. Dans un ouvrage extrêmement percutant, les deux auteures dénoncent l'hypocrisie du discours officiel de l'Ecole qui parle de laïcité mais s'accommode très bien de la ségrégation ethnique dans ses établissements. Pour elles la laïcité mise en pratique dans le système éducatif est devenue un obstacle à l'intégration... | | | 12 janvier : Vous étiez dans les manifestationsDe quoi peuvent parler profs et élèves ce 12 janvier ? De la manifestation. Près de 4 millions de Français ont défilé partout sur le territoire national le 11 janvier. Ils étaient plus d'un million à Paris, plus de 100 000 à Rennes, Montpellier, Bordeaux, 300 000 à Lyon, 70 000 à Clermont-Ferrand, 50 000 à Nancy et à Metz, 10 000 à Châteauroux (un quart de la ville) pour ne citer que ces seules villes. Parmi eux de très nombreux enseignants, d'innombrables lycéens, collégiens et même écoliers qui partagent une expérience commune. | | | 12 janvier : Après la manifestation, N Vallaud-Belkacem "mobilise" l'Ecole"Au-delà de l'exceptionnelle mobilisation de l'ensemble de la communauté éducative et universitaire, la ministre souhaite... amplifier cette mobilisation à moyen et long terme car l'école de la République a parmi ses principales missions de faire vivre les valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité". Dans un communiqué publié le 11 janvier au soir, la ministre de l'Education nationale a confirmé une information que le Café pédagogique a donné dès le matin. Interrogés par le Café pédagogique, les syndicats réagissent à l'interpellation de la ministre et à un appel de la Ligue de l'enseignement. L'Ecole a-t-elle oublié la promesse républicaine ? | | | 13 janvier : Valeurs républicaines : La "grande mobilisation" ce n'est pas la guerre...L'Ecole se donne une semaine pour se mobiliser pour les valeurs de la République. Toute la semaine du 12 au 16 janvier, N. Vallaud-Belkacem consulte les différents acteurs de la communauté éducative pour "mobiliser l'école pour les valeurs de la République". Le 12 janvier elle a reçu les syndicats enseignants, les associations de parents et de lycéens. Au terme de ce marathon de consultations, peu d'interrogations sur l'école, son rôle et ses responsabilités. | | | 14 janvier : Valeurs républicaines : N Vallaud-Belkacem amorce une réponse éducative Comment transmettre à tous les enfants l'héritage républicain ? Devant les recteurs et les Dasen, réunis au lycée Louis le Grand à Paris, N. Vallaud-Belkacem a amorcé un programme d'action en présence du premier ministre, Manuel Valls, le 13 janvier. Si la ministre voit bien ce qui alimente le doute par rapport au discours républicain, ses réponses restent classiques : la promesse d'un enseignement civique et moral rénové, de nouvelles ressources et l'engagement des cadres. | | | 14 janvier : Michel Lussault : L'Ecole doit aborder frontalement la question des croyances" Il faut inventer une laïcité ouverte, compréhensive". Michel Lussault, président du conseil supérieur des programmes (CSP) annonce bien une révision des programmes de l'enseignement moral et civique (EMC) après les attentats. Il souhaite un EMC plus ouvert sur le vécu des élèves et qui prennent en compte réellement l'existence des croyances dans l'univers mental des élèves. | | | L'éditorial du 12 janvier : Et après ?A quoi aura servi l'extraordinaire mobilisation du 11 janvier ? La question est déjà posée par la ministre qui convoque le 12 janvier les représentants de la communauté éducative. L'Ecole, en tant qu'institution, a-t-elle à voir avec la dérive mortelle des assassins de Charlie ? Est-elle décidée à relever le défi de la ségrégation et de la desespérance ? | | | L'éditorial du 14 janvier : Quel sens donner au 11 janvier ?Que reste-il du 11 janvier ? L'énorme manifestation d'un peuple réuni va-t-elle aboutir à un gel de l'ouverture de la société française ? La peur va-t-elle l'emporter ? Ce sont ces questions que nous nous posons au vu des débats politiques. Et l'Ecole , avec la question laïque, est en première ligne. | | | | | | 16 janvier : Mobilisation républicaine : N Vallaud-Belkacem fixe ses prioritésComment rester dans l'unité nationale tout en défendant sa conception du projet républicain ? C'est l'exercice conduit avec brio le 15 janvier par N. Vallaud-Belkacem. Difficile de faire plus consensuel. En pleine surenchère sécuritaire, la ministre de l'éducation nationale ratisse d'autant plus large qu'elle veut imprimer sa marque. Le 15 janvier elle a ainsi consulté ses prédécesseurs, les collectivités territoriales, les associations partenaires de l'Ecole. Et si c'était pour conforter ses propres choix ? | | | 16 janvier : P. Meirieu : Pour que nos émotions soient vraiment démocratiques !L’émotion intense et collective qui s’est exprimée après les attentats de la semaine dernière a été saluée unanimement – ou presque – comme un sursaut humaniste et républicain. Massif et salutaire. Une manière de manifester sereinement et fermement notre attachement commun aux valeurs de la démocratie. C’était un acte politique fort. Il était nécessaire. Il doit rester dans les mémoires comme essentiel… Pour autant, il ne nous exonère pas – bien au contraire – ni du devoir d’inventaire, ni du devoir d’invention. | | | 16 janvier : H. Zoughebi : "La question de l'égalité est essentielle" " Comment arriver à convaincre les jeunes que la laïcité leur donne plus de protection et de droits ? Il faut d'abord que la société respecte ces principes pour de vrai." Vice présidente de la région Ile-de-France en charge des lycées, Henriette Zoughebi représente l'Association des régions de France dans la consultation lancée par N Vallaud-Belkacem. Elle lui propose deux décisions : utiliser les CVL pour lancer le dialogue entre jeunes et supprimer la filière spéciale post bac imaginée par le ministère pour les bacheliers professionnels. | | | 23 janvier : Valeurs républicaines : Le plan Valls entre autorité et carte scolairePas un bouton de guêtres ne doit manquer à la "grande mobilisation pour les valeurs de la République". Le 22 janvier, Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem ont donné l'impression d'avoir mis bout à bout toutes les mesures imaginables, à condition qu'elles ne coûtent pas cher. Car il y a de tout dans la grande mobilisation ! Des mesures qui fleurent bon la tradition et des innovations. Des mesurettes symboliques et de vraies politiques. Une mesure se détache : la réforme de la sectorisation des collèges. A l'image de la manifestation du 11 janvier, la mobilisation ratisse large. C'est l'avenir qui dira où elle va... | | | 23 janvier : Pour le CNESCO il y a urgence à lutter contre la ségrégation scolaire "Au-delà de l'apprentissage de la citoyenneté, les tragiques événements de ce début d'année interrogent aussi plus largement la capacité de l'école française à jouer le rôle crucial qui est le sien dans notre modèle d'intégration républicain des populations scolaires issues de l'immigration", annonce le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco), l'organisme créé par la loi d'orientation pour évaluer le système éducatif. | | | 27 janvier : Denis Meuret : Petites propositions pour diminuer la compréhension vis-à-vis des djihadistes dans nos écoles. En réponse à l’horreur d’assassinats commis au nom de l’islam par d’anciens élèves de l’école française, au désarroi d’avoir pu constater que, dans certains collèges, des élèves trouvaient à ces assassins des circonstances atténuantes, estimaient que Charlie Hebdo « l’avait bien cherché», la ministre de l’éducation, puis le Président de la République, en appellent à ce que l’école transmette mieux les « Valeurs de la République». Malgré la qualité de leurs discours, dont le mérite est de ne pas simplifier le problème, malgré la grandeur de ces valeurs, que, c’est vrai, les islamistes détestent, contre lesquelles ils tuent et qu’un premier réflexe est bien sûr de défendre, dans la rue et partout ailleurs, je voudrais interroger le fait de fonder sur la « transmission des valeurs de la république » la réponse de l’école au problème posé par la conduite de certains de ses élèves. | |
|
|
|
|
|