Après la manifestation, N Vallaud-Belkacem "mobilise" l'Ecole 

"Au-delà de l'exceptionnelle mobilisation de l'ensemble de la communauté éducative et universitaire, la ministre souhaite... amplifier cette mobilisation à moyen et long terme car l'école de la République a parmi ses principales missions de faire vivre les valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité". Dans un communiqué publié le 11 janvier au soir, la ministre de l'Education nationale a confirmé une information que le Café pédagogique a donné dès le matin. Interrogés par le Café pédagogique, les syndicats réagissent à l'interpellation de la ministre et à un appel de la Ligue de l'enseignement. L'Ecole a-t-elle oublié la promesse républicaine ?

 

La mobilisation ministérielle

 

Le Café pédagogique a annoncé dès dimanche matin la décision de N Vallaud Belkacem de recevoir le 12 janvier tous les représentants de la communauté éducative. Se succèderont au ministère toute la journée les syndicats, les associations de parents, les organisations lycéennes et étudiantes. Son objectif : " préparer une mobilisation renforcée de l’Ecole pour les valeurs de la République".

 

Dans une lettre datée du 7 janvier envoyée à tous les enseignants, la ministre avait rappelé qu'il "appartient à l'Ecole de transmettre les valeurs de la république". Elle précisait : "l'Ecole éduque à l'égalité et la fraternité en enseignant aux élèves qu'ils sont tous égaux. Elle leur permet d'en faire l'expérience en les accueillant tous sans aucune discrimination".

 

Pour la Ligue, l'Ecole ne tient pas ses promesses

 

Samedi 10 janvier, la Ligue de l'enseignement posait déjà la question de l'après manifestation. " Comment se fait-il que 3 jeunes adultes français n'ont pas trouvé d'autres raisons de vivre que d'assassiner leurs semblables ?", demandait Eric Favey, parlant au nom de la Ligue, lors de la journée d'hommage à P. Meirieu. "Pourquoi l'Ecole tiendrait-elle ses promesses puisque finalement la République est capturée par les meilleurs que l'Ecole fabrique". E Favey a cité trois "scandales" dans l'Ecole. "Le scandale qui fait que les milliers d'élèves de l'enseignement professionnel soient privés de philosophie. Le scandale d'un pays qui se satisfait d'une éducation artistique censée travailler la question des sens et qui maintient à quelques dizaines de minutes par semaine cet enseignement. Le scandale de l'ecjs et des heures de vie de classe utilisées comme variables d'ajustement de programmes qu'on ne finit jamais. Ces scandales doivent cesser.. Nous ne voulons plus d'une école qui n'apprenne pas a vivre à nos enfants".

 

Les syndicats face à l'après manif

 

"L'Ecole jour un rôle important dans le vivre ensemble et l'appropriation des valeurs. Mais l'Ecole n'a pas trahi sa promesse", nous a dit Bernadette Groison, secrétaire générale d ela Fsu. "Les témoignages qui nous arrivent montrent des enseignants très engagés, souvent dans des situations difficiles. Ils font face. Leurs convictions restent intactes." Pour Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp Fsu, "l'éducation est interpellée comme promoteur des valeurs du vivre ensemble. Il y a des inégalités dans la société et elles traversent aussi l'école. Par exemple dans les quartiers de relégation sociale des élèves sont concernés par les inégalités et perdent des repères. La plupart des inégalités viennent de la société. Mais l'Ecole en génère aussi. Il faut agir sur les deux aspects. L'école ne peut pas tout faire".  Interrogé sur la rencontre du 12 janvier, S Sihr estime que ce sera "l'occasion de réaffirmer la primauté de l'éducation comme investissement. Il faut interroger la volonté du gouvernement de faire de l'éducation une priorité".

 

"Demain on va interroger l'institution sur la façon dont on répond à la situation présente", nous a dit Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen Cfdt. "Ensuite sur le renforcement du rôle éducatif de l'école qu'il va falloir assumer. Il faut lutter en faveur de la mixité sociale plus que jamais. Mais il faut fuir les mesures prises dans l'émotion pour gérer l'émotion.  Il faut des actions à long terme."

 

"L'Ecole est bousculée par ce qui vient de se passer. Elle se demande ce qui n'a pas marché dans l'intégration. Mais elle n'est pas responsable de tout", nous a dit Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. "On voit dans ce qui s'est passé à propos de la minute de silence que la question de la laïcité est posée chez nos élèves. Certains la voient comme une exclusion or ce n'est pas cela. La ségrégation découle d'abord du territoire il ne faut pas faire porter à l'école ces maux. La ghettoisation ce n'est pas l'école qui la fait".

 

François Jarraud

 

L'hommage à P Meirieu

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 12 janvier 2015.

Commentaires

  • Michel MATEAU, le 12/01/2015 à 17:40
    Bla...Bla..Bla....

    C'est pas moi, c'est les autres... Et puis il n'y a pas de philo en terminale Pro, et puis pas beaucoup d'éducation artistique...
    L'école n'est pas responsable, ou pas beaucoup....

    Y-a-ka...Y-faudrait kon....
  • Pyerch, le 12/01/2015 à 17:35
    Les valeurs de Charlie Hebdo (avant lui Hara-Kiri) sont essentiellement
    IRREVERENCE et IMPERTINENCE.
    Elles ne sont pas celles de l'institution EN, encore moins celles de ses hièrarques.

    Alors moins d'arrogance et moins d'amalgame.
    Non ils ne sont pas tous Charlie !
  • fovoir2, le 12/01/2015 à 12:32
    Il est grand temps ! L'institution a été trop longtemps velléitaire quant à la laïcité et les enseignants "hussards de la République" ont été souvent fustigés par une complaisance funeste (la preuve !) pour préserver l'électorat. Il faut être intolérant face à l'intolérance et donner les outils aux enseignants et les soutenir

    J'ai connu, de la part de certains élèves, l'effronterie, le mensonge, la fermeture au dialogue, l'injure impunie parfois, la pleutrerie des collègues et de "l'administration" (voir La journée de la jupe), les provocations lâches puisque l'enseignant ne peut pas y répondre, j'en passe et des meilleurs. Alors l'école a failli effectivement à sa mission républicaine à savoir faire respecter aussi les valeurs de la République, y compris le respect de l'adulte (valeur universelle et multiculturelle).

    Bien sûr, ce que je dis n'est pas "politiquement correct", surtout quand on croit aux valeurs humanistes et, donc, de Gôooche, mais c'est le paradoxe quand, en face, on ne croit pas aux mêmes valeurs et que l'on s'en sert pour pièger l'autre.

    La vrai cible est le système dans lequel nous sommes, et, je pense même que les trois meurtriers utilisent les médias au service de leur cause : la boucle est bouclée !


    • Bernard Girard, le 12/01/2015 à 17:28
      Pour les nostalgiques de l'école de la 3e république : ce régime s'est achevé en juin 1940 quand des millions de Français, tous formés par les "hussards noirs", se sont jetés dans les bras de Pétain et dans la collaboration. Il faut croire que les leçons de morale ne suffisent pas à faire de vrais citoyens.

      Pour le reste, ce serait quand même dommage que le Café pédagogique vire au Café du commerce.
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