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Ludovia 2010 > Messages > En guise de conclusion : Digital natives et profs geeks
    En guise de conclusion : Digital natives et profs geeks

Le prof aurait-il peur des digital natives ? Peur de ne pas en savoir plus que l’élève, peur de perdre son prestige, son pouvoir, l’identité confortable que lui confère la supériorité que donne un savoir non partagé et dans laquelle il se blottit ? Peur de ne pas savoir « faire » ?

Est-ce là la raison de sa réticence à utiliser les outils numériques en classe ?

La question n’est ni nouvelle, ni originale, tous les blogueurs en éducation ont écrit là-dessus.

Et à Ludovia, elle est encore sous-jacente, non résolue. On ne peut s’empêcher d’y penser tant tout va lentement, tant le sujet n’évolue guère d’une année sur l’autre. Et l’ENT qui arrive…

Et de fait, les retours d’expérience sont parlants : équipez une classe de TBI, distribuez des portables équipés de ressources et manuels numériques aux élèves, et, si le prof est laissé libre…il l’utilisera au mieux une fois par semaine. C’est le grief qui revient sans cesse de la part des pourvoyeurs, les collectivités locales, vis-à-vis de l’Education nationale : nous achetons du matériel qui dort dans les armoires !

Si le prof est tenu de participer à une expérience évaluée par sa hiérarchie, il commence par utiliser le tableau blanc interactif, et revient au cours frontal, dans la posture qui le rassure : il va tout maîtriser. C’est lui qui dirige la navigation, c’est lui qui projette en collectif, au mieux demande t’il à un élève de prendre la main pour entourer un objet.

Alors, les décideurs locaux s’écrient : « Ils manquent de formation ! », et les inspecteurs de l’éducation disent : « Il faut mutualiser les pratiques, communiquer, échanger ». Entre profs s’entend. Notre hiérarchie a-t’elle peur de ne pas savoir faire ?

 

Mais pour mutualiser, il faut d’abord que quelqu’un maîtrise les outils et innove dans ses pratiques de classe. Or, nous l’avons vécu, il n’y a pas eu de plan de formation à l’échelle nationale digne de ce nom, et nous l’avons entendu encore à Ludovia 2010, dans le non-dit à ce propos, il n’y en aura pas. Il y a des tentatives d’accompagnement sur le terrain, notamment à distance, par manque de personnel dédié, et une mise à disposition d’outils de mutualisation. « Auto-formez-vous, nous sommes là ! », dit l’institution.

 

Le prof geek maîtrise les outils, il est à l’affût des nouveautés, il pense pédagogie, application pratique, il a son blog (par exemple http://profgeek.fr/), il expérimente, il conseille. Il est lu par les autres profs geek.

L’enseignant innovant a des idées, il n’a pas peur, ou plutôt il aime ressentir l’excitation et le petit frisson qui précède l’expérimentation en temps réel, avec de vrais élèves et qui va s’inscrire dans le vrai programme. S’il loupe, point de pardon de la part de la hiérarchie, il prend le risque seul. Et le plus souvent il reste seul, dans un bonheur qu’il ne partage qu’avec ses élèves, un petit bonheur confidentiel. L’enseignant innovant est modeste : oui, ça a marché, l’objectif est atteint, on a partagé un super moment, les élèves ont touché quelque chose de nouveau, de plus grand, de plus. Mais ça n’intéresse ni la direction de mon établissement, ni mon inspecteur.

Parfois, l’enseignant innovant est aussi un prof geek. Et il monte son projet avec ses élèves digital natives. Et au travers de sa pratique, les digital natives apprennent à manier les outils numériques d’une autre façon, ils sortent de l’intuitif pour formaliser de vraies compétences, organisées et transférables.

Il est seul, alors le Café lui a fait un salon  (http://www.cafepedagogique.net/communautes/Forum2010/default.aspx), parce que sans reconnaissance, on n’est rien, et on s’épuise. Parce que sans partage, la pédagogie ne vaut pas la peine. Alors les enseignants innovants se retrouvent entre eux, et découvrent avec émerveillement l’inventivité de leurs pairs. Ils savent ce que ça coûte de persévérance.

 

Alors voilà. Notre institution va t’elle enfin sortir de sa peur du prof geek et de l’enseignant innovant ? Va-t-elle enfin organiser la mutualisation dans une vraie formation à destination de tous ? Nos inspecteurs ont eux-aussi à formaliser et organiser le partage des pratiques, à créer le cadre de l’échange entre tous, et la formation de base de ceux qui ne viennent pas au numérique d’eux-mêmes.

Le prof non-geek, non-innovant, a besoin qu’on lui montre que lui aussi peut organiser la mutualisation des pratiques au sein de la classe. On l’a vu dans les retours d’expériences : les collégiens sont prêts à aider les profs en suggérant des solutions et en véhiculant les bonnes pratiques entre eux. Le rôle du prof est de conceptualiser, de faire analyser, d’organiser. Il ne peut pas cantonner sa mission à la transmission du savoir. Nous attendons aussi cette attitude de notre hiérarchie.

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