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Ludovia 2008 > Messages > Tables rondes sur les ENT
Tables rondes sur les ENT

Claire Balas - clairebalas@yahoo.fr

Les Espaces Numériques de Travail ont été au centre de la journée de jeudi 28 août. S’appuyant sur la situation actuelle en région Midi-Pyrénées (à la rentrée 2008 est lancée la phase de généralisation de ces ENT dans l’Académie de Toulouse), les quatre tables rondes de la journée ont donné la parole aux représentants des collectivités territoriales, aux acteurs institutionnels (Ministère de l’Education nationale, Inspection Générale, IUFM, réseau Scéren) ainsi qu’aux partenaires privés (constructeurs, éditeurs) pour débattre des questions de mise en œuvre et de fonctionnement des ENT mais aussi de leurs nombreux enjeux et de leurs incidences sur les plans éducatifs, sociaux, culturels, économiques…

Que retenir des nombreuses interventions ?

L’importance du partenariat est tout d’abord à mettre en avant. Editeurs et constructeurs privés, représentants du système éducatif et des collectivités territoriales, mécènes (Caisse des Dépôts et Consignations notamment), tous l’ont rappelé pour ce qui entend être l’un des grands projets du développement du numérique en France (au même titre que le projet de carte d’identité électronique ou celui de couverture médicale), dans une visée de modernisation et donc de plus grande attractivité du territoire.

Et les enjeux sont de taille : on parle ici de réduction des fractures, fractures liées aux inégalités d’accès au numérique sur le territoire d’une part ; fracture également entre la société civile et l’école. Serge Bergamelli de la Caisse des Dépôts et Consignations va plus loin en encourageant les acteurs publics à ne pas décrocher par rapport au secteur marchand. Faisant le constat que les usages spontanés des élèves ne vont pas vers les offres du secteur public, il évoque le risque de la disparition de ces offres de l’ « univers mental » des jeunes et donc la nécessité de construction d’un service public en ligne attractif doté d’une « ergonomie non répulsive ». Pour lui, les mêmes possibilités de travail doivent être offertes dans les établissements scolaires et dans les entreprises.

Car c’est bien en effet l’établissement scolaire qui est le premier lieu de déploiement de l’ENT :

Et qui implique une modification globale de son mode de fonctionnement : le numérique ne peut faire l’objet d’une simple « annexe » du projet d’établissement mais amène à repenser dans son ensemble l’organisation et  les composantes d’un établissement public d’enseignement, au premier rang desquelles la composante  physique (quel impact a le numérique sur l’architecture même du lieu ?)

Vue comme une réponse à la mobilité, l’implantation d’un ENT au sein d’un établissement interroge le statut de ce lieu de formation : va-t-on vers un lieu en ligne 24 heures sur 24 évoqué lors d’un des débats ?

On le voit, pour conduire le changement, un effort important doit être portée à la formation :

Formation des personnels d’encadrement : chefs d’établissement et inspecteurs pédagogiques, formation à destination des familles, formation des enseignants bien entendu :

Les ENT, outil de communication en interne et en externe, facilitateur de lien entre les familles et l’école, certes, mais aussi et surtout facteur de développement (on a ainsi pu parler de « vecteur », « levier », « support ») des usages pédagogiques.

Entre ici en ligne de compte la dimension temporelle : temps nécessaire d’appropriation des outils, de pratiques personnelles des enseignants (la maîtrise des outils est un préalable essentiel à leur utilisation), temps de développement des usages : une « politique des petits pas » (en privilégiant tout d’abord des usages simples) est-elle possible, s’est-on demandé, dans le contexte d’un système éducatif français très exigeant avec ses enseignants ?

Ce temps est-il fonction du degré d’implication et d’envie des enseignants ? En d’autres termes les enseignants sont-ils aujourd’hui motivés ? Question à laquelle Vincent Olivier du Web pédagogique répond par la formule du « bâton » et de la « carotte » : enseignants obligés, d’une part, de suivre les utilisations intuitives de ces « digital natives » que sont les élèves, pour en intégrer les potentialités dans les objectifs d’apprentissage ; soucieux d’autre part de l’efficacité de leur enseignement auprès des élèves, nettement amélioré par l’usage du numérique. Et notamment par l’utilisation de cet outil convivial du web : le blog, qui, outre la simplicité d’utilisation pour des usages de base,  présente comme intérêts  un format de publication incitant à une écriture hypertextuelle ainsi que la possibilité de conversation en postant des commentaires :

Les aspects d’implication et de production des élèves, d’interaction avec les enseignants, d’espace collaboratif, sont ici mis en avant : aspects qui fondent ce que l’on appelle aujourd’hui le web 2.0 : est-ce là  une des voies de développement efficace et réussie des usages du numérique à des fins d’enseignement ? La question est ouverte.

Pour des observateurs extérieurs, mais pas non concernés (comme Apple education ou Maxicours), de l’introduction du numérique dans l’enseignement, le succès viendra de la capacité à mettre à disposition dans des espaces collaboratifs des contenus à réelle valeur ajoutée à destination des élèves, des enseignants et des familles. Avec notamment comme préalables essentiels : l’interopérabilité des données publiées, pour pouvoir diversifier les supports et ainsi les outils d’apprentissage, en s’adaptant aux pratiques des jeunes : « il est plus sympa de regarder la vidéo sur mon Ipod que de lire les commentaires sur mon cahier » nous dit cette élève interviewée lors d’une présentation à Intertice, carrefour des innovations dans l’éducation ; et, deuxième préalable, l’encadrement juridique des données personnelles et la capacité de faire respecter le droit.

Revenons pour conclure à un futur plus proche en termes d’accompagnement institutionnel : on a ainsi parlé de  « politique volontariste » du Ministère de l’Education nationale qui prévoit à l’horizon 2010 la mise en place :

-          d’un volet numérique intégré à tous les projets d’établissement

-          du cahier de textes numérique venant remplacer « le gros cahier vert » actuellement encore utilisé dans les établissements

Au-delà de ces premières mesures nécessaires, il importe pour tous les acteurs de pouvoir disposer d’outils d’évaluation des dispositifs et expérimentations mises en place.

Les éditeurs amenés à s’exprimer sur la question de l’évaluation ont souligné que les mesures actuelles sont plus portées sur le quantitatif (combien de visites sur un site, de consultations de telles ou telles ressources) que sur le qualitatif. Notons que l’Agence des usages des Tice mis en œuvre par le CNDP contribue à cette évaluation qualitative par le biais des retours d’expérience. Ainsi Jean-Michel Perron, son responsable, souhaite développer l’implication des enseignants dans le repérage et la mise à disposition de ressources autour des usages du numérique. En d’autres termes, favoriser la formation des pairs par les pairs, comme s’y attellent chaque mois les contributeurs du Café !

Il souhaite également plus et mieux intégrer le monde de la recherche et le travail des universités face aux interrogations des enseignants quant à l’impact du numérique sur leur métier. André Tricot, du laboratoire Travail et Cognition de l’IUFM Midi-Pyrénées, est ainsi intervenu en tant que spécialiste de l’ergonomie. Sa discipline consiste à essayer d’évaluer et d’améliorer les situations de travail et les outils. A ce titre, il nous rappelle qu’une des erreurs les plus fréquentes est de confondre la conception d’un support et la conception d’un dispositif de formation. Ce faisant il plaide pour des constructions de projet intégrant une véritable ingénierie pédagogique qui replace la technologie à sa fonction d’outil : espérons que ces propos ont été entendus par les constructeurs et fournisseurs de logiciels ! Ils concernent aussi tout un chacun à l’heure du « do it yourself » grâce aux fonctionnalités du web 2.0. On renvoie ici au colloque scientifique qui s’est tenu parallèlement aux tables rondes et dont les actes ont été publiés par Ludovia. Impossible en effet de se dédoubler pour en présenter ici quelques conclusions !

De même, ce compte-rendu ne peut prétendre à l’exhaustivité et sera utilement complété par la consultation du site de Ludovia, où vous retrouverez bientôt l’ensemble des vidéos des différentes tables rondes.

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