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La concertation s’invite à Ludovia

Un peu d’imprévu dans le programme de Ludovia : la conférence de presse prévue pour Olivier Dugrip, Recteur de l’Académie de Toulouse, se transforme en une concertation avec les participants de Ludovia sur le thème de la refondation de l’école autour du numérique, message ministériel exige. Nous nous installons tous sous le chapiteau du cirque, sur la place du Casino. La température monte en cette fin d’après-midi orageuse…

Anne-Marie Gros, de la mission TICE de l’Académie de Toulouse, Brigitte Jauffret CTICE AC Aix-Marseille et Jean-Pierre Rouby de l’Académie de Nice nous invitent (le public vient de tous les horizons, Ludovia oblige, chercheurs, développeurs, institutionnels, conseillers pédagogiques TICE, représentants syndicaux, bloggeurs indépendants et enseignants passionnés) à répondre à trois questions : A quelles conditions l’ENT est-il efficace pour

1.       favoriser les apprentissages

2.       lutter contre les inégalités

3.       Individualiser les parcours

Et c’est là que le bât blesse : que vient faire l’ENT dans cette galère ? Va-t-on encore se cacher derrière le mot magique et confondre le contenant et des contenus possibles ? Et si c’est par le numérique que l’on va changer l’école, ce numérique se réduit-il à l’ENT ?

Alors, quand les questions sont mal posées, on s’énerve, et surtout, on profite de la présence du Recteur pour demander encore une fois la mise en place d’une vraie formation pendant le temps de travail, non seulement des enseignants, mais de tous les personnels (syndicats UNSA et SGEN-CFDT). Il faut dire que le personnel non enseignant est particulièrement présent sur l’ENT. Il faudra une bonne heure d’interventions avant qu’un assistant d’éducation n’ose parler d’accompagnement des enseignants sur le terrain par les personnes ressources des établissements. Sinon, on se gargarise de changement de société au niveau mondial par les nouvelles technologies, et du fait que l’école ne peut pas rester en dehors. Il faut y aller, et vite ! Oui, ça, quand même, nous l’avons compris depuis longtemps… Mais on nous demande encore quels leviers il faudrait actionner, sans jamais écouter la réponse. Nous ne sommes vraiment plus dans le plaisir, mais dans la frustration. Avec une furieuse envie de retourner au colloque scientifique.

Nous sommes à Ludovia pour échanger sur les pratiques, pour réfléchir au fondamental avec les chercheurs, pour s’informer sur les derniers outils sortis. Et ça nous prend du temps. Et d’une année sur l’autre, nous n’avons pas de réponse unique et catégorique, chacun repart avec ses réponses temporaires et les incertitudes qui le feront avancer dans ses pratiques. Nous n’avons pas d’autres réponses à apporter dans le cadre de la concertation. Les enseignants innovants, les projets innombrables menés à bien sur le territoire se sont déjà emparés de la culture numérique. Que font donc nos décideurs? Où ont-ils les yeux ?

En dehors du colloque scientifique, les discussions se cristallisent autour des outils : les enseignants doivent les maîtriser, et en plus, ils changent tout le temps. Pourtant, les outils numériques, c’est comme le vélo : ça ne s’oublie pas, et les développeurs les rendent toujours plus intuitifs. Mais on se cache encore derrière cette peur. Affronter la question de l’attitude de l’enseignant dans la culture numérique et des objectifs éducatifs est autrement plus dangereuse, c’est pourquoi d’ailleurs ces questions ne seront évoquées que de façon globale : il faut intégrer les outils numériques dans les projets pédagogiques. Une enseignante propose quand même une nouvelle attitude face à l’évaluation des savoirs.

D’autres proposent d’évaluer la performance après utilisation des outils numériques : quels sont les indicateurs ? Quelles sont les performances améliorées ? Comment le mesurer ? Oui, des évaluations existent, à échelle locale, mais elles ne portent pas sur les compétences du socle, auxquelles il faudrait ajouter les notions de savoir naviguer, coopérer, exploiter.

On s’accorde à dire que le numérique à l’école comble les inégalités en zone rurale au niveau des élèves. Malheureusement, il les aggrave au niveau des familles non connectées. Il est nécessaire aussi de prendre en compte la formation et l’équipement des familles. Les collectivités locales réclament que la question de l’égalité territoriale soit réglée par l’Etat.

Béatrice Crabère

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