« Eduquer à l’Europe, c’est d’abord s’ouvrir aux autres, dépasser le nationalisme étroit, participer à une aventure commune qui s’incarne dans ce numéro par les nombreux échanges relatés : échanges entre élèves, entre enseignants, programmes communautaires, circulation des hommes et des idées, parfois virtuelle mais bien sûr aussi réelle, physique, malgré les difficultés administratives ou financières ». En introduisant ce numéro 442 des Cahiers pédagogiques dédié à « l’éducation à l’Europe », Jean-Michel Zakhartchouk met l’accent sur la difficulté de cette éducation.
Elle tient bien sûr au choix politique sous-jacent : l’Europe n’est pas une réalité c’est un projet politique qui fait débat dans la société. Mais elle vient aussi du fait qu’elle exige souvent une nouvelle pédagogie. Comme le fait remarquer François Audigier, » il y a deux voies pour introduire de l’Europe dans l’enseignement… La première… interroge les contenus… La seconde voie construit l’Europe presque à l’inverse. Ce sont d’abord les citoyens et habitants de l’Europe qui agissent et prennent des initiatives, construisent des projets ».
Cette seconde voie est évidemment plus délicate pour l’Ecole. Mais les Cahiers offrent un large éventail d’expériences. Ainsi ce voyage imaginaire au collège, en IDD, où élèves et professeurs échangent des lettres. En lycée, les élèves du Creusot évoquent, dans le cadre des TPE, le monde industriel avec des jeunes d’autres villes industrielles d’Europe. Ailleurs encore c’est la participation au « Printemps de l’Europe » qui arrive à faire travailler les élèves sur des sujets austères comme les institutions européennes.
Ce numéro des Cahiers n’omet ni la question des savoirs ni celle de l’organisation. Michèle Amiel, proviseur, témoigne très concrètement de l’organisation de projets européens. Ce numéro équilibré, ambitieux, suggestif devrait ouvrir un peu la fenêtre de la classe et nous encourager au moins à nous interroger sur notre identité qui est, aussi, européenne.
A noter également dans ce numéro, la suite du dossier sur la lecture, avec des contributions remarquables d’Alain Bentolila, Jean-Pierre Astolfi et Roland Goigoux. Ce dernier « rectifie » les idées fausses sur la lecture, comme celle-ci : « le cerveau est ainsi fait que c’est par la méthode syllabique que l’on apprend mieux à lire ».
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