Le sac de plage 2011 : L'incroyable boom du bac pro  

Va-t-on briser le plafond des 66% d'une génération reçue au bac ? Après 15 années de quasi stabilité, la vague des bacheliers pourrait de nouveau monter et dépasser peut-être 70% d'une génération. Les responsables : les bacheliers professionnels. Une hausse brutale, comparable à celle du début des années 1990, se manifeste cette année. Ils étaient 131 582 à présenter le bac en 2010. Cette année ils sont 171 702. Comment expliquer ce phénomène ? Vincent Troger, qui a publié il y a quelques semaines une enquête sur les bacheliers professionnels, nous montre les enjeux de ce phénomène.


 

Cette année on assiste à une très forte hausse des candidats au bac professionnel avec 171 000 lycéens, soit 46 000 de plus qu’en 2010, + 36% en une seule année. Comment expliquez-vous cette évolution ?

Les statistiques de la DEPP indiquent une très forte progression des secondes bac professionnel en trois ans dés la rentrée 2008 : 5 600 en seconde trois ans en 2007, 67 000 en 2008, 163 000 en 2009. Donc la croissance de cette année est la conséquence de la croissance des secondes en 2008 qui était une anticipation de la généralisation de la réforme par certaines académies, la réforme ayant été annoncée par Darcos dès décembre 2007. Il y a aussi un effet de cumul, les dernières sessions du bac en 4 ans ont lieu cette année. Cela indique que dès janvier 2008, l’annonce du passage du bac professionnel en 3 ans a créé un véritable appel d’air.

Cet effet est-il durable ?

Notre enquête pour le CREN montre que 60% des lycéens professionnels veulent poursuivre leurs études et cela quelques soient leurs résultats scolaires. Les enseignants nous disent qu'un quart à un tiers de leur classe veut aller en BTS. Le succès de la réforme tient à cette volonté. Ils veulent continuer. Que va faire l’institution pour permettre leur accueil dans le supérieur ? Quand on creuse on se rend compte qu’il y a trois types d'élèves : ceux qui ont un projet professionnel très précis et qui savent où aller dans le supérieur, ceux qui veulent un bac, peu importe lequel, pour aller dans l’armée ou la police, ceux qui ont un projet très vague. Une des leçons c’est qu’une proportion importante des élèves est déconnectée de la réalité de son niveau scolaire. On mesure alors à quel point cette course au bac et cet élan vers le supérieur sont des lames de fond.

L’attraction du bac est quelque chose d’incontournable pour toutes les familles. Et cela aura aussi des conséquences pour le système éducatif. D’une part cela va creuser l’écart entre les filières professionnelles très demandées par les familles et les autres. D’autre part cela va modifier l’équilibre entre voies professionnelle, technologique et générale.

On peut citer des effets sur les filières professionnelles ?

La logique c’est que ce qui est demandé c’est le propre plutôt que le sale, le bureau plutôt que l’usine. Les filières peu attractives sont par exemple le travail du métal, les opérateurs sur machines à commande numérique, l’usinage. Or la demande de bac pro en 3 ans, au départ, est venue de l’UIMM ! La comptabilité, l’électrotechnique sont aussi en difficulté. Ce qui attire c’est la vente, la mécanique auto, le froid, l’électronique, la logistique. Les filles se portent davantage vers la bureautique ou peinture revêtement. Le nouveau bac pro médico social devrait aussi attirer.

On peut aussi anticiper sur des effets sur les filières technologiques. On voit par exemple comment la réforme de la filière STI pousse celle-ci vers le haut, vers l’abstraction. Par suite, tous ceux qui sont intéressés par une approche concrète de la production devraient aller en lycée professionnel.


Cette ruée vers le bac c’est un leurre ou c’est une véritable stratégie familiale ?

L’enquête que nous avons réalisée pour le CREN montre qu’il y a une véritable stratégie de contournement des familles. Elles utilisent le bac professionnel pour permettre l’entrée dans le supérieur quand leur enfant a des résultats médiocres à l’école ou quand il est dégoûté des études générales. Notre enquête montre très clairement que ces élèves n’aiment pas l’école. C’est un rejet massif. Les familles confrontées à ce rejet sont malgré tout dans un désir d’études vers le bac et le post bac. L’enseignement professionnel apparaît comme la solution de contournement pour atteindre ces objectifs.


Au niveau du post bac n’est-ce pas un leurre ?

Je ne sais pas. Cela va dépendre de ce que va faire le ministère. Va-t-il ouvrir des places en BTS en nombre suffisant ?

Il y a un débat, qu’on entend au Sénat ou dans les propos de Luc Chatel, sur le niveau du bac professionnel. Certains , les chambres des métiers par exemple, le jugent trop élevés et réclament des diplômes moins élevés. Le bac professionnel est-il vraiment adapté ?

Ce discours existe mais il n’est pas majoritaire. Il reste contenu dans certaines spécialités. Une étude du Cereq a montré les réticences de certaines branches professionnelles. Mais la plupart des organisations professionnelles actent que le bac professionnel est la qualification de base.

N’y a–t-il pas un risque de voir l’enseignement professionnel éclater entre un enseignement manuel, celui des CAP et un enseignement de plus en plus scolaire, celui du bac pro ?

La tendance c’est bien que le CAP attire les élèves en très grande difficulté scolaire. Mais il ne faut pas exagérer la dimension scolaire du bac pro. Les élèves ont 22 semaines de stage en entreprise. Les enseignants disent que le programme peut se faire en 3 ans mais pas avec tous les élèves. Je crois que le bac professionnel va devenir le diplôme professionnel de référence à l’exception de rares secteurs. Le leurre porte sur l’objectif du diplôme. Sur le marché du travail il ouvrira à des emplois d’ouvrier qualifié ou d’employé.


Vincent Troger

Maître de Conférences à l'IUFM de l'université de Nantes

Propos recueillis par François Jarraud

 

L'étude du CREN

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/05/[...]

Vincent Troger dans le Café :

Sur la réforme des bacs professionnels

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/[...]  

Sur l'identité professionnelle des enseignants

http://www.cafepedagogique.net/communautes/Aref2010/Lists/Bi[...]



Le Guide du Bac pro en 3 ans

Réalisé par les IEN de Nancy-metz, ce guide actualisé vise à aider les chefs d'établissement et les enseignants à mettre en œuvre le bac pro en 3 ans. Il revient sur l'accueil des élèves, l'organisation des enseignements généraux, la préparation du BEP, les périodes de formation etc.

Le guide

http://www.ac-nancy-metz.fr/cpa/B/guide_pedagBPr3_R2010.pdf



L'Onisep ouvre "mon stage en ligne"


Voulue par le ministre, présentée devant Luc Chatel le 16 juin, la plateforme "mon stage en ligne" va faciliter les relations entre école et entreprises. Véritable interface, elle sait utiliser le langage des jeunes, les modes de travail de l'Ecole et alléger la tâche des entreprises. Saura-t-elle aussi imposer l'égalité devant les stages ?


Voulue par Luc Chatel, la plateforme a été présentée le 16 juin dans le cadre de Planète  PME. Pour Luc Chatel le rapprochement entre Ecole et entreprises est une "révolution" qui doit toucher l'enseignement général, après avoir pénétré le technologique et le professionnel. Elle est nécessaire pour améliorer la compétitivité économique au même titre que la réforme de l'orientation.


Quels besoins ? Pascal Charvet, directeur de l'Onisep, rappelle aussi qu'elle a été développée avec l'Agefa PME, une association crée par les PME pour développer l'apprentissage et l'enseignement professionnel. Elle répond à des besoins concrets. D'abord ceux des entreprises souvent submergées par les demandes de stages. La plate forme permettra de trouver des stagiaires plus facilement en ayant la garantie de sortir du fichier une fois les stagiaires trouvés. Mais la plateforme a aussi des avantages pour l'Ecole. Grâce à la géolocalisation de toutes les offres de stages, elle facilite le choix. Les enseignants pourront aussi montrer facilement dans quels secteurs se situe l'offre dans le département. Ceux qui n'ont pas l'habitude de chercher des stages, comme les enseignants des lycées généraux, apprécieront particulièrement l'outil. Enfin les élèves qui ont du mal à trouver un stage, par exemple parce qu'ils n'ont pas le réseau relationnel nécessaire, auront accès à une information importante sur les offres.


Quatre atouts. Pour Pascal Charvet "le site compte sur 4 atouts" pour trouver son public. Le  premier c'est la simplicité. La banque de stages permettra une recherche par diplôme, par compétences et par métier. Le site est compréhensible par les élèves. Le second atout c'est la sécurité. Le site permettra de prendre contact avec les entreprises en toutes sécurité pour elles et pour l'établissement. La qualité des offres est el troisième atout : la banque de stages sera maintenue en permanence. Il n'y aura pas d'offres périmées. Enfin la proximité est aussi un point important : le fait que les élèves puissent voir les offres près de chez eux est une incitation puissante à oser un stage.


A ces quatre atouts le Café ajouterait bien un cinquième. Si le site comprend les intérêts de entreprises, les pratiques culturelles et le langage des jeunes, il maîtrise aussi les règles de l'Ecole. Le professeur reste au centre de la recherche de stage. C'est lui qui valide la demande et qui est en contact avec l'entreprise. Le professeur est l'appui de l'élève et le stage en entreprise est un aspect de son éducation.


Le site a été présenté au salon Planète PME. Il sera opérationnel en septembre 2011.

Mon stage en ligne

http://www.monstageenligne.fr/



Sur le site du Café
Par fjarraud , le jeudi 07 juillet 2011.

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