Luc Chatel, 110 rue de Grenelle, Parie 7ème 

Par François Jarraud



C'est un invité inattendu rue de Grenelle. L'ancien DRH réussira-t-il à mieux gérer les enseignants tout en suivant les ordres de l'Elysée ?


Pas de changement : Chatel remplace Darcos à l'éducation


A la différence de X. Darcos, Luc Chatel ne vient pas du monde enseignant. Né en 1964, il est diplômé de marketing et a été DRH dans une filière de L'Oreal. Politiquement, il vient du Parti républicain, se fait élire député UMP en Haute-Marne. Il est également maire de Chaumont. En tant que député, il a co-signé une cinquantaine de propositions de loi. Quatre seulement ont un rapport avec l'éducation. Ainsi L. Chatel a co-présenté la proposition de loi Censi sur les retraites des professeurs du privé, les propositions Favennec et Decocq visant à instaurer une initiation à la vie associative et à Internet dans l'enseignement secondaire; il a soutenu une proposition de loi demandant la suspension des allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire. Il a également produit 6 rapports , tous concernant les PME et des questions de consommation. C'est donc très logiquement qu'il avait été nommé secrétaire d'Etat chargé de la consommation du tourisme et de l'industrie dans le précédent gouvernement.


Porte-parole du gouvernement, proche de Nicolas Sarkozy, le nouveau ministre sera l'instrument de la politique présidentielle en matière d'éducation. Par bien des points Luc Chatel diffère de Xavier Darcos. Déjà dans la connaissance des dossiers et de la "maison éducation". Cette connaissance a permis à X. Darcos de se tirer au moins mal des budgets de son ministère, c'est un point à noter. Mais X. Darcos était déjà un fidèle exécutant de la volonté de l'hyper président. Demain pourrait ressembler au moins sur ce point à hier : quelque soit le renouvellement, le ministre de l'éducation nationale c'est Sarkozy.


Au revoir Xavier Darcos


S'il est vrai que chaque ministre jouit du discrédit de son prédécesseur, peu de ministres sont arrivés avec un capital aussi prometteur que Xavier Darcos. I.G., ancien directeur de cabinet, enseignant, Xavier Darcos connaissait parfaitement la maison éducation avec ses dossiers et ses pièges. Il avait su, durant la campagne présidentielle, prendre ses distances avec Robien et faire miroiter un changement de politique et de nouveaux avantages pour les enseignants. Ajoutez à cela la culture du lettré, de l'ironie et du charme, Xavier Darcos avait tous les atouts pour laisser le souvenir d'un grand ministre.


Or peu de ministres ont suscité autant d'opposition que Xavier Darcos. Elle est due en partie à la politique qu'il a eu à mener et particulièrement aux économies budgétaires. Mais le ministre y a aussi sa part personnelle. Le rejet est massif au primaire où il est allé jusqu'à des extrèmes jamais vus jusque là : plusieurs milliers d'enseignants en refus d'obéissance affiché et des corps d'encadrement sommés de les poursuivre. Dans le secondaire l'alternance de projets réformistes et de retours à la tradition inquiète.


Que restera-t-il de sa présence rue de Grenelle ? Les moins contestés sont  les services développés au bénéfice des parents et des élèves comme le service d'orientation , l'accompagnement scolaire, les cours mis en ligne.  Par contre X Darcos a échoué dans sa réforme du primaire, dont les programmes sont  rejetés massivement par les enseignants (le sabotage de l'évaluation CM2 le démontre). Il n'a pas su mener à bien la réforme du secondaire.


Au début de son mandat, Xavier Darcos avait su amener à Nicolas Sarkozy une partie des enseignants et se faire accepter des enseignants. Il laisse un ministère au bord de la révolte. La première tache de Luc Chatel sera de reprendre contact avec les personnels  et leurs syndicats sans désavouer la politique gouvernementale.. Un vrai challenge



Luc Chatel poursuit les réformes Darcos


Lors de sa conférence de rentrée, le ministre de l'éducation nationale a inscrit son programme dans la continuité de l'action de X Darcos. "J'ai pris le temps de l'écoute. J'entends prolonger ce dialogue. Mais dialoguer ce n'est pas renoncer à l'action. Je ne serai pas le ministre du statu quo. Je ne serai pas le ministre des réformes gadgets". Luc Chatel poursuit les réformes entreprises par X Darcos et au même rythme que lui.


Ainsi la réforme de la formation des enseignants sera appliquée en 2010. Les groupes de travail auront à se prononcer sur les maquettes de formation, l'organisation des stages, la date des concours. Ils rendront leurs recommandations fin octobre. Le ministre avait d'ailleurs pris l'initiative de publier cet été les décrets organisant la formation.


Même rythme pour la réforme du lycée. Il en livrera les grandes orientations fin septembre et elle entrera en application à la rentrée 2010, un délai jugé trop court par le Se-Unsa et la FSU.


Alors qu'est ce qui distingue L Chatel ?  Le ministre a annoncé quelques initiatives nouvelles. D'abord en maternelle où l'accord avec l'Ageem, association d'enseignants, va se traduire par un plan de formation spécifique, conçu avec l'Ageem, destiné aux nouveaux enseignants. Cent inspecteurs (un par département) seront spécialisés pour accompagner les enseignants de maternelle.


Au primaire, le ministre annonce que l'aide personnalisée, les fameuses deux heures hebdomadaires destinées aux élèves en difficulté, fera l'objet d'une évaluation par l'Inspection générale. On sait qu'elle est vivement critiquée par les enseignants. Une large majorité la juge inefficace et le Snuipp avait demandé une évaluation.


Deux autres chantiers semblent intéresser le ministre. Il annonce une campagne de lutte contre les discriminations qui se marquera par  l'envoi "aux équipes pédagogiques" d'un guide à la fin de 2009. Enfin Luc CHatel s'occupe de la revalorisation salariale. Elle sera effective pour les nouveaux enseignants, qui devraient démarrer avec des indices supérieurs. Pour les autres, c'est une aide plus globale que le ministre souhaite leur donner. Ils auront la possibilité de suivre des formations qui leur permettront s'ils le souhaitent de changer de métier. La seconde carrière a-t-elle un avenir officiel à l'éducation nationale ?

Dossier de presse

http://www.education.gouv.fr/cid48749/rentree-scolaire-2009.html

Le Snuipp relance le débat sur l'aide individualisée et les rythmes scolaires

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/08[...]

La rubrique seconde carrière du Café

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/[...]

Publication des décrets sur la formation

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/08/04[...]



Pas d'état de grâce pour Luc Chatel


A peine nommé, Luc Chatel , le nouveau ministre de l'éducation nationale, doit affronter les réactions suscitées par le dernier message de son prédécesseur. L'annonce de la suppression de 16 000 postes d'enseignants à la rentrée 2010, soit 3 000 de plus qu'en 2009, fait lever les syndicats.


Le Snes parle de "provocation", évoque "une dégradation de la formation" puisque les emplois supprimés correspondent aux stages IUFM et calcule que "les stagiaires dans le second degré assurent aujourd’hui 8 heures de cours hebdomadaires, soit l’équivalent de 4.500 emplois". Le Snuipp s'indigne : "Comment comprendre que la formation professionnelle des enseignants soit réduite à la portion congrue, que les lieux de formation que sont les IUFM soient remis en cause, que la formation en alternance risque d’être réduite à un simple compagnonnage au moment où le métier d’enseignant requiert une plus grande professionnalité pour favoriser la réussite de tous les élèves ? Comment comprendre que des lauréats des concours 2010 puissent être responsables de classes sans avoir jamais effectué de stages en responsabilité dans leur cursus ?"


L'Unsa relève les contradictions des discours présidentiels. "L'investissement éducatif devrait être une priorité :il aura été ,de budget en budget, abandonné. Les budgets traduisent la réalité des convictions". Pour le Sgen "le ministre change, les suppressions de postes s'aggravent".

Communiqué Sgen

http://www.cfdt.fr/rewrite/article/20390/salle-de-pres[...]

Communiqué Snes

http://www.snes.edu/spip.php?article17193

Communiqué Snuipp

http://www.snuipp.fr/spip.php?article6479



Glasnost rue de Grenelle ?


Luc Chatel va-t-il mettre fin à la censure imposée à ses propres services par Xavier Darcos ? Rappelez-vous ce jour de janvier 2008 où le Café pédagogique publiait une Note d'information du ministère tenue sous le boisseau depuis des mois, obligeant le ministre à la distribuer officiellement.  Un chercheur témoignait : " "Mes collègues et moi, membres de la DEPP, supportons de plus en plus mal le blocage de nos publications".  Ces deux dernières années, Xavier Darcos a interdit de publication de nombreux travaux, stoppé net des enquêtes nationales, imposé le silence aux chercheurs de la Division des études de son ministère (DEPP). Parallèlement l'Inspection générale devait stopper elle aussi la publication de ses rapports (le plus récent en ligne date de janvier 2008 !). Tout ce qui pouvait éclairer l'action de l'Etat devait être au service d'un gouvernement.


Les temps vont-ils changer ? La publication de quatre Notes d'information de la DEPP d'un coup début septembre amène à poser la question. Est-elle le début d'un retour au service de l'Etat ? A notre connaissance, une dizaine de travaux étaient en attente de publication du coté de la Depp et bien d'autres encore en ce qui concerne l'Inspection générale. Il reste donc à libérer toutes ces études, à redonner à l'Inspection générale son rôle de réflexion et d'animation de l'éducation nationale. Or ce n'est pas par hasard que X. Darcos avait imposé la censure. C'est que des travaux peuvent aller contre la politique choisie par le gouvernement.

CM2 : L'étude cachée du ministère

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/01[...]

Robien a-t-il censuré la Dep ?

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2006/04/i[...]



Luc Chatel inaugure "l'internat d'excellence" de Sourdun

Pas moins de trois membres du gouvernement se sont déplacés pour inaugurer le 11 septembre l'internat de Sourdun (77). Garantir à quelques centaines d’élèves des quartiers classés "politique de la ville" un parcours scolaire de réussite, tel est le défi que doit relever l’internat.

Lire le reportage du Café

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/140909_L[...]


Martin Hirsch,  Luc Chatel et les décrocheurs

Soutenu par le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse, le collège La Boétie de Moissy-Cramayel, 77, a reçu le 14 septembre Luc Chatel et Martin Hirsch, haut commissaire à la jeunesse. Ils venaient voir comment une équipe d’enseignants travaille depuis 5 ans sur l’évaluation des compétences des élèves.


Partant d’un souhait de limiter le décrochage et de valoriser au maximum les compétences de chacun, les enseignants se sont attachés à définir pour chaque palier une grille annuelle de compétences, reformulée pour être mieux comprise par les élèves et enrichie en sous-catégories pour une évaluation plus fine. Le travail a été réalisé de manière interdisciplinaire, de manière à pouvoir exploiter au mieux les activités en groupe.

Lire le reportage du Café

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/1509[...]


Juppé ministre de l'éducation nationale ?

Dans un entretien publié dans Paris Match, Alain Juppé confie que N Sarkozy lui a proposé l'éducation nationale.

Dépêche

http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/09/16/e[...]



Sarkozy : Quelle ambition pour l'Ecole ?

"Je veux que l’on propose une solution à tous les adolescents qui sortent du système scolaire à 16 ans sans rien. Je dis que cela nous fait dépenser davantage aujourd’hui, mais que cela nous permettra de dépenser beaucoup moins demain parce que ces jeunes seront alors capables de trouver un emploi, de fonder une famille, d’élever leurs enfants plutôt que de rester en marge de la société. C’est un investissement". S'exprimant devant le Congrès réuni à Versailles le 22 juin, le président de la République s'est tenu, sur les questions d'éducation, à des propos généraux sans faire d'annonce concrète.


"Je souhaite créer les conditions d’une vie meilleure dans les lycées parce que des lycéens heureux, responsables, considérés, feront de meilleurs élèves et de meilleurs citoyens" a-t-il encore déclaré. "Je veux revaloriser l’apprentissage, la filière professionnelle, la filière technologique, la filière littéraire. Je veux que l’on mette les moyens nécessaires pour en faire des filières d’excellence au même titre que la filière scientifique". La seule annonce un peu concrète concerne le développement "d'internats d'excellence", une formule qu'il a expérimenté à l'époque où il dirigeait les  Hauts-de-Seine.


La FSU estime que "si le président parle en termes généraux de la réforme des lycées, il ignore l'effort indispensable à faire dans tout le système éducatif pour lutter contre l'échec et les inégalités".


 Pour l'Unsa, ce discours est de mauvais augure. "Après des mois de tensions avec les personnels de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche, après des suppressions massives de postes, des provocations inutiles, une perspective d’ensemble, des gestes d’apaisement étaient attendus. Le président de la République ne les pas faits. L’Ecole est réduite dans le discours présidentiel à la réparation des difficultés ou à des formules convenues tant de fois ressassées. L’Ecole n’est plus une priorité : elle devra faire plus avec des moyens diminués. Le président de la République a parlé de changement : l’Ecole n’en connaîtra pas. Sa situation, par les choix budgétaires imposés, ne peut que se détériorer. Le prochain budget l’annonce déjà : c’est une mauvaise nouvelle pour l’avenir".

Le discours de N Sarkozy

http://www.elysee.fr/documents/index.php?mode=cvi[...]



Sur le site du Café
Par fjarraud , le mardi 15 septembre 2009.

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