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Ludovia 2010 > Messages > Comment favoriser l’interactivité et l’interaction?
Comment favoriser l’interactivité et l’interaction?

La réponse pourrait prendre la forme d’un livre recettes assorti de son « 10 leçons pour rendre votre cours interactif » et suggérer que l’interactivité c’est pas compliqué, il suffit d’appliquer la formule, de respecter les étapes, de poser une question, d’écouter la réponse, de faire poser une question par un élève, de donner la réponse etc. Et puis, il y a les outils magiques, qui favorisent l’interactivité, les forums, les tweets et Facebook. Sans doute, cette facilité apparente gêne les usages puisque les enseignants qui s’y essaie mesurent la difficulté de mettre en œuvre une réelle interaction dans le cadre classique du cours.

Anne Cordier a conduit une étude sur « Internet en tant qu’objet d’enseignement » en observant des pratiques d’initiation à Internet réalisées par des professeurs documentalistes auprès d’élèves de sixième dans trois établissements différents. Son constat est assez sévère : dans la plupart des cas observés, la situation communicationnelle est bridée, laissant peu de place à l’interaction et à la parole de l’élève. Les séquences sont construites rigoureusement, figées. Elles contraignent les usages à ce qui est prévu. La mise en dialogue est fictive. Les élèves ont peu de temps pour toucher l’ordinateur, ce qui génère des déceptions.

 

Pour Anne Cordier, dans les cas observés, Internet est vécu comme une concurrence à la parole professorale. Les enseignants ont peur de perdre pied, de perdre leur pouvoir, de perdre la qualité de l’échange d’où des situations de communication conflictuelles. Les élèves ressentent cette appréhension et l’attribue à une peur de l’outil technologique alors que les enseignants maîtrisent cette outil.

Pour réussir ce type de séquences, l’enseignant pourrait s’appuyer sur les savoirs non formels, les habiletés des élèves. Et c’est là que le bât blesse car le cadre classique et sa relation enseignant/enseigné sur le mode traditionnel maitre/élèves ne favorise pas une reconnaissance et une prise en compte des connaissances développées en dehors de l’école. Elle ne permet pas non plus de prendre des chemins de traverse, de faire de légères entorses au cours pré-construit. La relation pédagogique est un ingrédient essentiel pour que l’interaction fonctionne, réussir sa transformation nécessite un accompagnement ; une formation encore rarement proposés.

 

A l’opposé de cet exemple où le savoir informel ne parvient pas à s’immiscer dans un cadre contraint, Céline Snoeck du CRIFA a présenté le projet Health Cop. L’objectif de ce projet est de créer des communautés de pratiques au sein des personnels hospitaliers de Wallonie pour favoriser échanges de pratiques et co-construction des savoirs.

Susciter l’interactivité est un véritable pari mais aussi une nécessité pour que la mayonnaise prenne, que les communautés se créent et produisent ensemble des connaissances. Le CRIFA a mis un soin tout particulier pour choisir l’outil adapté, celui dont l’ergonomie, le design et les fonctionnalités faciliteront les échanges. La communauté n’étant pas dans ce cas naturelle et spontanée, il faut aux concepteurs du projet gommer tous les obstacles possibles à la construction de cette communauté. Le management et l’animation entrent alors en jeu. Des rôles sont attribués dans la communauté pour réguler les échanges : animateur, facilitateur, mentor, rapporteur. Les communautés sont d’abord fortement accompagnées puis s’autonomisent progressivement. Pour que les échanges prennent la voie de la construction de savoirs formalisés, des règles et des méthodes sont appliqués. Dans un premier temps, il s’agit de susciter le dialogue, d’inciter les participants à s’impliquer, à dépasser la peur de communiquer, de s’ouvrir à des inconnus. Des thèmes sont lancés sur le forum, des mails sont envoyés aux participants afin de les inciter à participer. Ensuite, lorsque l’échange est initié, la communauté prend forme, trouvant dans l’expérience des réponses aux interrogations soulevées par leur quotidien professionnel.

La réussite de l’expérience, attestée par l’activité sur la plateforme, tient au soin porté à la construction d’un cadre favorisant un fonctionnement autonome, au choix de l’outil et à l’accompagnement. Ce modèle, sans doute difficilement transposable tel quel dans le contexte scolaire, ouvre toutefois des pistes intéressantes.

Projet HealthCorp

 

Ces deux exemples ne suffiront pas à écrire le livre magique de l’interactivité en dix leçons. Mais tout de même, au risque d’enfoncer des portes ouvertes, ils montrent toute l’importance de la prise en compte des savoirs non formels, des connaissances des apprenants pour réellement exploiter les potentialités pédagogiques des Tice. L’interactivité appelle à une évolution de la relation enseignants-apprenants, cette évolution doit être comprise, prise en compte par tous les acteurs, y compris l’institution et accompagnée. La question de la formation revient, lancinante, véritable gimmick de ces journées à Ludovia.

 

Dans une table ronde, Patrick Mpondo-Dicka nous le rappelait : ce n’est pas ce qui est enseigné qui change, c’est l’environnement qui a changé. Le bouleversement n’est pas forcément dans les contenus mais dans la façon de les transmettre. Et cela s’apprend, certainement en s’appuyant sur des expériences existantes, des projets développés par les enseignants dans et hors cadre professionnel. Alors, on la construit cette communauté de pratiques ?

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