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Ludovia 2010 > Messages > Table Ronde Interactive : « Etablissement du XXIème siècle et Numérique »
Table Ronde Interactive : « Etablissement du XXIème siècle et Numérique »

 

Cette table ronde, traditionnelle à Ludovia, au contenu fort conventionnel, qui évolue peu d’une année à l’autre, se voulait cette année novatrice dans la forme, placée sous le signe de l’interactivité, puisque c’est le thème de 2010.

Au bas de l’estrade, au premier rang des fauteuils, se tiennent  blogueurs et tweeteurs, priés de réagir de façon si possible impertinente, et d’user et d’abuser de leur capacité d’ubiquité, pour écouter ce qui se dit tout en s’interpellant entre eux et en suscitant la participation des copains restés à la maison. C’est promis, en fin de séance, on lira quelques twitts et on y répondra. Le mur de tweets ne s’affichera cependant pas sur l’écran géant dans le dos des intervenants,  comme c’était le cas hier (c’était tout de même un peu dérangeant…), mais seulement dans la phase « récréative ».

La société Prométhéan tentera également, en guise de questions de l’assemblée, de faire réagir l’auditoire par boîtier électronique interposé, en affichant des questions issues du BarCamp d’hier soir, auxquelles il faudra répondre massivement, de préférence par oui u par non . Ce sera un fiasco total, tant les questions seront mal posées (et quand on touche à la pédagogie dans cette assemblée, il vaut mieux savoir de quoi on parle !), et tant l’exercice est vain. Heureusement, le président du colloque scientifique, Patrick Mpondo Dicka, sauvera le public de l’ennui et du ridicule par ses interventions fines et pertinentes à propos du contenu des questions, rappelant des principes forts mais souvent ignorés, entre autres qu’il faut s’intéresser aux usages et les objectifs pédagogiques avant de choisir les outils et non l’inverse. On a réellement assisté ici sur l’estrade à la confrontation de 3 mondes différents, ceux qui, par définition d’ailleurs, doivent se rencontrer à Ludovia, ceux de la recherche, des institutionnels et des développeurs commerciaux.

On pourra constater en fin de séance qu’il y a bien eu interactivité entre le monde des blogueurs et le public et les intervenants, mais que ça n’a pas aidé à l’interaction entre des univers trop différents, et qu’il n’y a que des questions (toujours les mêmes), pas de réponses…Le public, c’est à dire nous, et, par notre intermédiaire, vous, sommes encore restés sur notre faim.

La table ronde :

La région Midi-Pyrénées est représentée par Nicole Belloubet –Vice Présidente de la Région

Le projet des ENT, associant les autres collectivités locales, l’Etat et les personnels de l’éducation, est une préoccupation forte qui s’intègre dans un ensemble dédié au numérique (haut débit, téléphonie, cablage en milieu rural, réseau à très haut débit ASTER).

Le Conseil régional est soucieux de réduire les inégalités face au numérique, et, dans ce cadre, a initié le projet « Ordilib » (http://www.midipyrenees.fr/-Actualite-Ordilib-la-Region-permet-aux-nouveaux-lyceens-d-acquerir-leur) , qui consiste à offrir un PC portable équipé aux  entrants en seconde, sous conditions de ressources.

L’avènement du numérique amènera une rupture dans les unités de temps, de lieu et d’action, qui étaient constituantes jusqu’ici de l’établissement scolaire. Le spatio-temporel se déplacera hors les murs de la classe, et les actions répondront aux exigences d’une pédagogie en réseau et non plus descendante, le management sera lui aussi bouleversé.

Outre la question de la maintenance des équipements, récurrente,  le problème d’une redistribution des espaces s’impose : le groupe classe éclate , il faut prévoir des espaces pour l’individualisation, des espaces pour le travail en équipe des enseignants.

Les collectivités locales développent des politiques éducatives (sans parler de pédagogie), et fournissent des outils en conséquence. Les questions qui se posent sont celles de la finalité de ces outils, du repérage des publics à aider, de la formation des personnels de l’éducation.

Le discours des collectivités locales est donc toujours orienté vers une mise en cause des responsabilités de l’Etat vis à vis du développement pédagogique et de la formation des enseignants. Oui, tout le monde en parle… 

 

Olivier Dugrip – Recteur de l’Académie de Toulouse, d’apparence sereine et insensible aux appels des collectivités locales, souligne au contraire les succès des partenariats, se félicite de l’essor de l’opération « Ecoles numériques , qui représentent 10% des écoles de l’académie, de l’accès à l’ENT de tous les lycées fin 2010 et du bon équipement des collèges, notamment de ceux qui participent à l’expérimentation nationale du cartable numérique (7 collèges de l’académie, 5 en Aveyron et 2 en Ariège).

L’utilisation des ENT déjà en place reste cependant limitée : l’appropriation des outils et le changement dans les cultures nécessitent du temps, l’optimisme est de mise. Cette adaptation sera favorisée par une mutualisation des pratiques (curieusement, le recteur est le seul à ne pas évoquer une formation des enseignants, ni même un accompagnement).

S’ensuit une justification du développement du numérique à l’école, si nous étions encore à convaincre : il s’agit d’une évolution inéluctable, l’outil étant ancré dans la culture des élèves ; il répond aux besoins de la pédagogie d’aujourd’hui, en permettant à l’élève d’être l’acteur de son propre apprentissage ; sa motivation en est accrue et les  apprentissages facilités ; les échanges sont favorisés hors les murs entre maître et élèves, assurant une  continuité pédagogique. L’outil central de l’ENT est pour lui le cahier de texte, autour duquel tout s’articule.

A l’unanimité, Monsieur le Recteur, vous ne nous avez rien appris que nous ne sachions déjà.

L’Etat se décharge élégamment de ses missions en appelant à la mutualisation des pratiques entre enseignants et au partenariat renforcé avec les collectivités locales. (François Jollivet donnera l’exemple de la région Poitou Charentes, où les TOS ont été mutualisés au niveau régional pour assurer la maintenance informatique des établissements scolaires).

 

Qu’en est-il en Norvège ?

Geir Ottestad, chercheur en statistiques, représente le ministère de l’éducation norvégien. Il s’exprime sans difficultés en anglais. Un traducteur est désigné, qui, malheureusement, ne se débrouille pas bien mieux que moi, qui aurais du mal à valider mon master2…Du côté des (autres) bloggueurs, on piaffe, on parle anglais couramment, bien-sûr !

En Norvège, on a commencé à équiper les établissements scolaires dans les années 90, et les usages ont été également très lents à s’installer et ont nécessité un gros accompagnement au niveau des enseignants.

L’élément vraiment déclencheur a été l’introduction d’un référentiel de compétences – ou curriculum – dans les programmes scolaires à partie du primaire. Ce référentiel demande une validation d’items comparables à ceux de nos B2I ou C2I, mais transversaux. Une étude statistique des pratiques est réalisée tous les 2 ans pour inciter les établissements à renforcer leurs pratiques. On observe effectivement une augmentation nette de la fréquentation des ressources numériques par les lycéens et les étudiants depuis la mise en place de ces programmes. Chaque enseignant a la responsabilité d’introduire le numérique dans son enseignement, dans une grande liberté de moyens, ce qu’ils ont d’ailleurs eu du mal à s’approprier. Quelques exemples d’items à valider en primaire en cours de norvégien nous convainquent du côté ambitieux du projet : maîtrise des structures complexes de la langue par le traitement de texte, identification des sources, respect des droits d’auteur ; articuler l’expression orale à partir de jeux vidéos, pratiquer l’expression écrite en histoires illustrées et animées, en incluant la recherche d’informations sur le web. L’importance de faire débuter le projet par les classes primaires est soulignée : les enseignants sont plus à même de repérer les compétences déjà acquises et de les faire évoluer.

Les outils ont permis une évolution des pratiques et une possibilité d’éclatement de la classe traditionnelle: il existe par exemple des superclasses de 120 élèves de niveaux différents qui travaillent en autonomie pendant 2 heures sur des outils numériques, avec à leur disposition une équipe de professeurs qui supervisent.

 

François Jollivet pour l’Assemblée des Départements de France

De l’immeuble aux meubles

Une des propositions des décideurs locaux pour répondre aux changements induits par l’utilisation massive du numérique combinée aux restrictions budgétaires, est de financer plus de numérique, et moins de bâtiments ces derniers à des publics différents hors temps scolaire.

Un débat s’instaure : quelle est l’autonomie des élèves dans les établissements scolaires ? Les salles de permanence équipées sont-elles nécessaires ? N’est-il pas judicieux de conserver des espaces sans machines ?

Nous laisserons la conclusion à Mario Asselin, notre Quebecquois préféré, pour qui les changements de posture dans l’enseignement sont un corollaire de notre société de l’abondance de la connaissance.

 

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