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Ludovia 2010 > Messages > Pascal Nodenot, formateur TICE. Portrait.
        Pascal Nodenot, formateur TICE. Portrait.

Pascal, tu es actuellement formateur TICE en primaire dans la circonscription de Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées. Tu travailles en équipe avec Virginie Paillas depuis quelques années déjà, et vous venez régulièrement à Ludovia. Vous avez également participé au 3ème Forum des enseignants innovants de Dax avec un projet intitulé « Un outil pour indexer et mutualiser les productions des enseignants ». Depuis ta formation à l’Ecole Normale d’instituteurs de Tarbes (avant dernière promotion avant l’avènement des IUFM), peux-tu me dire quel a été ton parcours ?

 

A ma sortie de l'école Normale, j'ai pris un congé sans solde de 2 ans pour des études de mathématiques à l'Université de Pau. C'était en 80. J'ai commencé alors à découvrir l'informatique,  la  programmation en Fortran, avec d'énormes ordinateurs et des cartes perforées… Un peu le temps des pionniers…
Après avoir réintégré mon poste dans les Hautes-Pyrénées, on a fait appel  à moi  pour accompagner les enseignants dans le cadre du Plan IPT (Informatique pour tous). Epoque de pionniers également, période exaltante où malgré les nombreux problèmes liés au matériel et  malgré les critiques de beaucoup…, on pressentait  qu'on était acteur d'un changement de société et que l'école participait à cette révolution.

Le matériel a évolué, plus puissant, plus fiable et avec lui sont arrivées  des notions nouvelles, l'hypertexte, le multimédia….

Je me suis alors particulièrement  intéressé à l’intégration de pratiques innovantes et des Nouvelles Technologies de Communication dans l'Éducation et j'ai souhaité me former dans le domaine de "la technologie éducative".

Pendant plusieurs années, en autodidacte.

Mais comme j’éprouvais de plus en plus de difficultés à mener à bien certains  projets et avais besoin d’une formation théorique dans les différents domaines de l'ingénierie des projets multimédia, j'ai soumis un projet de formation à l’Inspecteur d’Académie des Hautes-Pyrénées qui m’a encouragé dans cette démarche et m’a octroyé un congé-formation pour passer une licence professionnelle "Ingénierie des projets multimédias".

Parallèlement à mes missions de formateur Tice, j'ai par la suite été chargé de cours à l'Université de Bayonne et  me suis orienté vers la formation des enseignants instrumentée par le numérique, auto-formation, formation à distance…Je suis concepteur de parcours de FOAD ( dispositif Pairform@nce )  proposé dans le cadre la formation des enseignants et membre du groupe national 1° degré chargé d'adapter le dispositif Pairform@nce aux contraintes du 1° degré.

Le travail de réflexion que j'ai eu à mener sur la conception de ces parcours a eu des incidences sur mes pratiques de formation en présentiel : désormais, dans le cadre du Plan ENR notamment, j'essaie de doter les enseignants d'outils de veille, de partage de mutualisation et de communication pour que la salle de formation soit exclusivement le lieu de la transmission et de la confrontation entre pairs.


Qu’est-ce qui a éveillé ton intérêt pour les nouvelles technologies, puisque tu es devenu instituteur avant même que l’on ne parle du Minitel ?
Mes études universitaires,  l'arrivée de l'informatique à l'école ont bien sûr joué un rôle dans mon orientation professionnelle. Mais je dois avant tout cet intérêt pour les nouvelles technologies dans l'enseignement et plus particulièrement dans la formation, à des rencontres qui m'ont profondément marqué.
Rencontre avec un Inspecteur de l'Education nationale, M Dupetit , qui a été parmi les premiers à percevoir l'importance de ces technologies nouvelles pour les enseignants. Malgré bien des embûches et beaucoup d'incrédulité autour de lui, il avait réussi à doter sa circonscription d'un serveur Minitel !

Et chaque semaine, les enseignants de la circonscription recevaient des informations administratives et pédagogiques ; certains ont même produit des ressources pour alimenter cet "ancêtre de site de circonscription".

C'était à la fin des années 80, avant l'avènement du Web ! J'étais le webmaster avant l'heure d'un système  rudimentaire mais efficace puisqu'une dynamique de communication, d'échanges, d'entraide a été instaurée dès ces années-là : le besoin de discussion, le besoin que chacun a de produire, la formation entre pairs, la valeur créée par le partage, tout cela cet inspecteur l'avait compris bien avant le web2.0. 

Et pendant une vingtaine d'années, j'ai travaillé avec cette philosophie.

Rencontre aussi avec 2 collègues, retraités à présent, l'un du Gers Jean-Pierre Laguerre, l'autre des Hautes-Pyrénées, Jean-claude Pomès, deux "formateurs-innovants", considérés un peu comme marginaux par l'Institution mais dont la profondeur de la réflexion,  le regard toujours porté sur les incidences pédagogiques de telle ou telle nouveauté technique m'ont beaucoup apporté.
Rencontre enfin avec Virginie Paillas, entrée comme aide-éducatrice à la circonscription de Lourdes,  avant de devenir professeur des écoles puis formatrice Tice et qui est depuis peu responsable de formation pour le premier degré au CNED. Rencontre très importante pour moi car cela m'a relancé à un moment où je doutais de la pertinence de mes choix. Je me suis senti  moins seul dans mes réflexions ; j’ai retrouvé chez elle la même curiosité, le même dynamisme, ce même souci constant d'aider les enseignants à intégrer de manière pertinente les Tice dans leur pédagogie, que j'avais rencontré quelques années auparavant chez mes anciens collègues.

Nous travaillons ensemble depuis 12 ans, avons constitué un petit laboratoire d'idées,  développé quelques ressources pour la classe, essayé de formaliser par des écrits tout ce qui nous paraît important pour que les enseignants progressent dans leurs pratiques pédagogiques à l'aide du numérique…

Nous avons souvent douté,  peu soutenus localement ces derniers temps mais cette année nous aura permis de prendre confiance et d'être confortés dans nos choix : l'invitation au salon des enseignants innovants en juin à Dax, à une table ronde et à un atelier de  l'explorcamp 1° degré à Ludovia, les échanges que nous avons eus avec des enseignants de tous horizons lors de ces journées nous ont  redonné confiance. Reconnaissance et  confiance, voilà ce dont on avait besoin !

 

Peux-tu dire en quelques mots ce qui te paraît essentiel dans ton rôle de formateur Tice auprès des enseignants de ton département?
Face à la profusion de contenus en ligne, on voit émerger de nouveaux usages qui demandent aussi de nouvelles compétences. 

Certaines étaient d’ailleurs déjà identifiées par le C2I2e.

Tout récemment le B.O n°29 du 22 juillet 2010 réaffirme la nécessité d’un usage quotidien et transversal des TIC. 

La compétence 8 de ce référentiel : « Maîtriser les technologies de l’information et de la communication » mentionne notamment que le professeur « actualise ses connaissances et compétences au cours de son exercice professionnel » tandis que la compétence 10 : « Se former et innover »  souligne qu’il « s’inscrit dans une logique de formation tout au long de la vie, notamment via les réseaux numériques».

Pour actualiser ses connaissances, pour s’inscrire dans une logique de construction d’un réseau, support d’une démarche de formation, l'enseignant doit désormais savoir :

Identifier des réseaux, des personnes ressources (au niveau institutionnel, comme au sein d’une communauté de pratique).

Organiser la collecte de l’information

Organiser l’archivage des informations qui sont considérées utiles.

Organiser la diffusion des informations qu’il semble pertinent de partager.
De plus, il doit trouver des outils qui lui permettront d’optimiser ses temps de recherche,  de veille informationnelle et de préparation de la classe.
Il me semble que le formateur Tice doit  absolument l'accompagner dans ces nouvelles démarches.

 

Virginie et toi avez développé plusieurs outils pratiques et ingénieux d’accompagnement des enseignants dans l’usage du numérique. Quelle est votre démarche dans cette recherche ?

Elle part d'un constat .

Les enseignants sont demandeurs, les instructions officielles rappellent les nécessaires évolutions du métier d’enseignant, Educnet encourage les nouveaux usages…Or, aucune formation n'est prévue pour aider les enseignants dans ce changement  de pratiques et d'attitudes.

J'essaie de les aider dans ce sens.


Peux-tu présenter votre dernière contribution ?

Nous avons voulu apporter un témoignage de pratiques basé sur l’utilisation, dans le cadre de la formation des "enseignants ENR",  d’un trio d'applications en ligne constitué d’un service de micro-blog (twitter), d’un agrégateur de contenus (netvibes) et de services de partage de signets (diigo - pearltrees).

Notre objectif était  de décrire les fonctionnalités que nous avons identifiées et les usages qui en découlent,  d'expliciter en quoi elles sont utiles à un formateur.

 Nous avons décrit également comment cette articulation nous permet d’accompagner à distance des enseignants face à des nécessaires changements de pratiques, et en quoi ces nouveaux outils permettent interaction, mutualisation et partage…

schéma

Qu’as-tu pensé de la 7ème édition de Ludovia ?
Comme tous les ans, je suis revenu de Ludovia  enchanté,  riche de découvertes et de rencontres. Une excellente pré-prérentrée.
Jusqu'à l'année dernière, j'y allais avant tout pour assister au colloque scientifique ; j'y trouvais là un rare lieu d'échanges et de réflexion autour du multimédia dans les pratiques éducatives.

Les contributions des universitaires sont parfois difficiles à appréhender mais les thèmes des 2 dernières années ( "Do it yourself "en 2008 et "Espace(s) et Mémoire(s)" en 2009 ) étaient proches de mes préoccupations, ont nourri ma réflexion et ouvert des pistes de travail nouvelles avec des enseignants du département.

Cette année, j'ai été peu présent  au colloque scientifique. Je le regrette car le thème retenu "interaction/ interactivité" m'intéressait beaucoup. J'ai néanmoins pu assister à quelques communications et la lecture des actes du colloque ou de certains articles sur le web atténuent un peu mes regrets.
Mais un autre fait m'a marqué lors de cette édition de Ludovia.

Je parlais tout à l'heure de rencontres … J'en ai fait de nouvelles cette année mais d'un nouveau type ! J'ai rencontré des gens que je n'avais jamais vus auparavant mais que je connaissais par les réseaux sociaux et pour avoir travaillé avec certains à la rédaction via Etherpad  d'un article collectif pour les Cahiers Pédagogiques.

Des enseignants innovants, créatifs, curieux, enthousiastes, gourmands…Je trouve que la présence des bloggueurs a apporté un dynamisme incroyable à cette édition. Nous avons été immergés dans une ambiance de travail et de recherche durant 3 jours avec l'apport à distance, via twitter notamment , d'autres personnes qui ont suivi le colloque,  participé aux discussions et qui ont eux aussi alimenté la réflexion commune. Extraordinaire !

Et puis les échanges poursuivis depuis sur twitter ainsi que les contributions de certains sur leurs blogs prolongent encore actuellement ce moment magique qu'est Ludovia.

 

Es-tu satisfait d’avoir quitté la classe au quotidien pour devenir formateur Tice ?

Oui. Je crois qu'avec l'avènement du web 2.0, on vit  à nouveau une époque charnière dans l'Education.

L’information a changé de statut : elle n’est plus produite par des entités supérieures et n’est plus traitée comme une matière rare et précieuse.

 Nous assistons à un changement dans les usages : l’information devient la matière première que l’on peut « travailler », « récupérer », annoter … partager et échanger au sein d’un réseau de pratiques.

Il faut aider les enseignants à maîtriser ces changements fondamentaux. Et cela me passionne !

 

N’as-tu pas envie d’expérimenter toi-même les outils que tu mets à disposition des enseignants ?

Je l'ai fait. Je le fais.

 Et c'est avoir expérimenté longuement ces outils et choisi ceux qui à nos yeux pourraient le mieux être adoptés par nos collègues voire transférés en classe avec les élèves, que nous avons décidé avec Virginie de les présenter lors de nos formations en présentiel.

 

Comment sont accueillies ces innovations par les enseignants, l’institution ?

Les enseignants que nous avons formés ont très bien accueilli ces nouveautés.
Une enquête, envoyée en fin d'année scolaire nous a permis de les classer en trois familles : les consommateurs, les utilisateurs et les "utilisacteurs" qui, eux, ont déjà transféré ces nouvelles pratiques dans leur classe.

De nouveaux enseignants seront formés cette année dans le cadre des formations ENR.

On parle beaucoup du rôle de l'école pour réduire la fracture numérique chez les élèves, je crois qu'il est du rôle de l'Institution de former les enseignants en poste.

On a parlé pour eux de C2i2e ; cela se met en place progressivement.
Trop lentement à mon avis.

Ce sujet a été abordé à Ludovia  lors de la table ronde sur les réseaux sociaux : on a parlé du manque de formation des cadres, de leur frilosité face à ces nouveautés ;  parfois par crainte d'une certaine perte de pouvoir ? Je ne sais pas. Ce qui est certain c'est que l'accompagnement en formation initiale et continue est crucial : les enseignants ont un réel besoin de s'approprier ces outils nouveaux, les problèmes d'identité numérique, d'éducation aux médias doivent être abordés dès l'école. 

Ils ont un urgent besoin d'être formés !

 

 

Quels sont tes projets d’avenir, tes espérances, tes désillusions ?

Mon premier projet est de terminer l'outil que nous avons présenté au salon des enseignants innovants. Là aussi une histoire de rencontre : un projet initié par un IEN désormais à la retraite et qui n'a pu se faire localement.
 Nous travaillons désormais Virginie et moi avec des étudiants de l'IUT de Bayonne pour qu'ils nous aident à développer rapidement les dernières fonctionnalités.

Un autre projet en lien avec l'histoire des arts est en cours.  J'espère pouvoir l'expérimenter dans les classes avant la fin de l'année.

Des désillusions, je n'en ai plus.

Des moments de doutes ?  J’en ai encore.

Et à ce moment là, je les "confie" au "réseau" ; parfois quelqu’un répond, une nouveau sujet de discussions s'instaure  et je progresse par l'apport des autres.

Et,  puis je repense alors à  l'expression de mon ancien Inspecteur qui doutait lui aussi de temps en temps et qui me disait à ces moments-là "  Monsieur Nodenot,  nous aurons raison parce que nous avons raison !"

 

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