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Ludovia 2010 > Messages > Patrick Mpondo-Dicka : un passeur à Ludovia
Patrick Mpondo-Dicka : un passeur à Ludovia

Pour embrasser le thème de l’interactivité dans sa totalité, il fallait à Ludovia comprendre deux langages, deux visions, celle des chercheurs, et celle des praticiens, une gymnastique harassante à moins qu’un passeur, véritable bilingue ne nous facilite la tâche. Et dès les premières heures de l’Université d’été, Patrick MPONDO-DICKA a endossé ce rôle lors de l’ouverture du colloque scientifique. La limpidité de ses propos tranchait singulièrement avec les exposés touffus et parfois abscons de ses confrères. Tout au long de Ludovia, ses interventions ont fait mouche par leur pertinence et l’éclairage qu’elles apportaient au débat. Curieuses de découvrir le parcours d’un tel gymnaste de l’esprit, nous lui avons proposé de discuter à bâtons rompus le temps d’un repas.

 

Patrick Mpondo-Dicka est maître de conférences au Laboratoire de Recherche en Audiovisuel (LARA) de l’Université de Toulouse Le Mirail et vice-président de culture numérique, l’association organisatrice du colloque scientifique. Sémiologue, il s’intéresse au langage et à toutes les formes d’expression du sens spécialement dans le domaine de l’audiovisuel, du multimédia, du numérique. C’est à ce titre qu’il intervenait à la conférence inaugurale du colloque scientifique.

 

La démarche de Patrick Mpondo-Dicka se nourrit du métissage entre sa formation universitaire et son parcours au sein de l’éducation populaire. Du mélange des deux résulte une approche dénuée de langue de bois et de jargon, ouverte vers toutes les formes d’apprentissage. Diplômé en lettres modernes, son expérience du pionnicat l’a détourné des chemins de l’enseignement. Surveillant dans un établissement technique, il a perçu l’institution comme un « éteignoir d’enthousiasmes », dressant des obstacles devant les initiatives les plus simples pour améliorer la vie scolaire. Ce qu’il pouvait faire au sein des Céméa, mouvement d’éducation populaire, en animant des ateliers vidéo, s’avérait complexe à implanter dans un établissement scolaire, souvent pour des raisons tenant au bon vouloir du chef d’établissement ou du conseiller principal d’éducation.

 

Patrick a donc poursuivi ses études universitaires en sémiotique et est devenu maître de conférences à Toulouse Le Mirail. Pour lui, sa chance est d’investir des champs peu explorés en réunissant sémiotique, audiovisuel et numérique. Au départ, il distribuait des photocopies couleurs à ses étudiants en sémiotique de l’image, le procédé s’avérait coûteux. L’utilisation d’un logiciel de présentation est arrivée un peu plus tard après avoir vu un spectacle de théâtre à Avignon qui utilisait des présentations pour simuler des décors. Jusque là, se basant sur les usages courants de powerpoint dans les colloques scientifiques, l’outil n’était pour lui qu’un prolongement des transparents trop chargés et trop nombreux. Curieux des nouvelles technologies, il effectue une veille constante qui lui permet d’enrichir son dispositif, de trouver l’outil qui lui permettra de le faire évoluer.

Rapidement, il a souhaité mettre en ligne ses présentations pour préparer et prolonger ses cours. Une semaine avant le cours, Patrick met en ligne le contenu qui permettra de démarrer les travaux dirigés correspondants. Puis, après le cours, le corrigé du TD est posté sur le site. Le numérique est ici complémentaire du présentiel, permettant de relier le temps scolaire et le hors temps scolaire, loin de la dichotomie supposée entre formation à distance et formation présentielle.

Patrick Mpondo-Dicka a longtemps développé son dispositif dans l’indifférence générale. La pédagogie est sa préoccupation, mais elle est loin d’être la préoccupation dominante des universitaires. Les travaux de recherche, les publications entrent plus fortement en ligne de compte dans la notation et l’avancement que les aspects pédagogiques. Et la pédagogie n’est pas une matière obligatoire pour les aspirants à l’enseignement universitaire. Pour se sentir à l’aise dans ce métier, Patrick confie s’être libéré du carcan des représentations de ce qu’est un enseignant universitaire. Son expérience de l’éducation populaire a ancré chez lui le goût de la pédagogie et du décloisonnement entre savoirs formels et non formels.

Pour sortir de cet isolement et s’appuyer sur des compétences techniques, Patrick s’est rapproché de la DTICE (direction des Tice) de l’Université du Mirail à l’occasion du nouveau contrat quadriennal. Partir des besoins des enseignants et des étudiants pour créer des outils et non contraindre les usages à des outils pré-conçus, Patrick, en tant qu’administrateur a accompagné la DTICE dans cette évolution. Durant son mandat, il a aussi aidé à concevoir le prêt d’un portable aux étudiants de première année n’ayant pas les ressources pour en acquérir. Les grèves très suivies à Toulouse Le Mirail ont contribué, il faut bien l'admettre au developpememnt les usages des cours en ligne. Patrick Mpondo-Dicka voit d’un bon œil ces développements même s’il craint aujourd’hui une trop forte normalisation qui l’obligerait à intégrer une plateforme aux fonctionnalités contraignantes.

 

Tout s’explique alors. Enseignant en sémiologie de l’image, Patrick Mpondo-Dicka investit tout autant la recherche que la pédagogie, animateur dans le domaine de l’éducation populaire et prof de fac, il visite aussi bien les savoirs formels qu’informels. S’il fallait un traducteur, un médiateur, un passeur pour faciliter les échanges entre chercheurs et pédagogues, nous, nous choisirions celui là.

Béatrice Crabère et Monique Royer

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