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Au pays de Madiba

Cape Town vit sous l’effigie de Nelson Mandela, comme toute l’Afrique du Sud, certainement plus ici qu’ailleurs. Au large du front de mer pimpant et joyeux, des plages au sable blanc, à l’ombre de la magnifique Table Mountain, Robben Island rappelle aux visiteurs les heures les plus sombres de l’histoire du pays et de l’humanité. Ile maudite, léproserie, cousine de l’Ile de Gorée, prison inviolable pour les détenus noirs, Robben Island est devenue un sanctuaire que l’on visite en car, une boule au ventre. Les murs reflètent toute l’horreur d’un régime qui emprisonnait ceux qui simplement refusaient de porter leur carte de circulation. Aucune issue pour eux, sur ce confetti entouré d’eau froide infestée de requins, juste la possibilité d’une évasion par l’espoir et le projet politique, ce que certains d’entre eux firent. Visiter Robben Island c’est aussi un peu aller à la rencontre de ces hommes et de celui qui amena le projet jusqu’à son terme, allant même au-delà, en incluant la communauté blanche dans ce projet. Mandela, Madiba selon son nom de combattant, est présent dans toute la ville, sur les tee-shirts et dans les esprits.

La nation arc en ciel est elle pourtant la nation idéale ? Vue depuis Cape Town, on répondra par la négative. La ville est aussi marquée par les inégalités entre des lieux paradisiaques, au bord de l’Océan, avec accès privé vers la plage au sable blanc et belle architecture et les Townschips en couronne autour de la ville. La coupe du monde a accéléré la rénovation de Cape Town, donnant un coup de neuf aux différents quartiers du centre ville et du front de mer. L’aéroport n’a rien à envier aux autres plateformes internationales. La ville est pimpante mais porte encore les stigmates des inégalités et de la pauvreté. Le chomage est estimé entre 25 et 40% de la population, une population jeune, frappée par le Sida.

L’insécurité est également palpable. A l’hôtel, un message nous enjoint d’être prudents, de ne pas circuler seuls surtout le soir. Des insignes de protections sont présents sur beaucoup de façades. Le danger est réél pourtant, lorsque l’on se promène, ce sont la beauté des lieux et la sociabilité des habitants qui dominent. Au marché des artisans, à Green Market, là où logiquement les touristes devraient subir des arnaques, l’atmosphère est plutôt à la décontraction. Les marchandages se font sur mode léger. Les vendeurs discutent facilement, nous racontent des anecdotes sur la ville ou la Coupe du Monde. L’un deux explique que des français lui ont acheté un maillot de Thierry Henry pour le brûler ensuite devant son stand et marquer leur colère contre le comportement de l’équipe de France. Les vendeurs ne sont pas tous sud africains, certains viennent d’autres parties de l’Afrique Noire. A l’hôtel aussi nous rencontrons des serveurs congolais. La plupart nous disent qu’ils ne souhaitent pas rester ici, qu’ils sont juste venus pour travailler, mettre de l’argent de côté pour pouvoir repartir chez eux. Dans une échoppe, un nigérien nous explique que le pays est magnifique mais qu’il s’y sent mal accueilli par les blancs, avec l’impression qu’à leurs yeux il est forcément criminel parce que noir. J’ai parlé de cet échange avec plusieurs sud africains blancs présents au forum, ils paraissaient plutôt étonnés. Pour eux, la prise de conscience est générale sur la nécessité de renforcer l’égalité des chances et de gommer le racisme des relatons sociales. Chaque jour me disent ils la douloureuse histoire de l’apartheid est mentionnée d’une façon ou une autre dans les médias ou par les politiques. Certes, et même si les choses évoluent doucement, les blancs, soit 10 % de la population, ont encore en main les rênes de l’économie sud-africaine.

Diviser la société sud africaine en noirs et blancs est d’ailleurs fort simplificateur. L’Afrique du Sud est une véritable mosaïque où se parlent 11 langues officielles. Sur 45 millions d’habitants, on dénombre 38 millions d’africains, 4,4 millions de blancs, 4,2 millions de métis et 1,2 millions d’indiens ou d’asiatiques. Dans la province de Cape Town, trois langues sont parlées l’afrikaner, le isiXhosa et l’anglais au sein d’une population comptant 4,8 millions d’habitants.

Le système éducatif doit prendre en compte cette diversité et veiller à ce que l’école soit accessible pour tous. Les Provinces  sont responsables de l’enseignement général et complémentaire dans les écoles, le secondaire et la formation pour adultes. Parmi les priorités nationales, l’accès à une éducation de qualité pour les communautés pauvres vient en première position. A Robben Island, les prisonniers utilisaient les temps communs, de travail notamment, pour s’instruire entre eux et construire un projet politique. L’éducation a été pour eux un moyen de libérer leur esprit, rien d’étonnant à ce qu’elle devienne une pierre importante dans la construction de la nation arc en ciel.

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