Combien de postes de professeur de maths resteront sans titulaire en 2014 ? C’est trop tôt pour le savoir. Les résultats de l’admissibilité au Capes de maths ont été publiés le 20 mai. Pour 1243 postes il y a 1900 admissibles, un ratio qui cache en fait son jeu.
A priori le nombre d’admissibles est suffisant pour atteindre le nombre de postes. Il est nettement supérieur à celui du capes 2013 où il y avait 1311 admissibles pour 1210 postes. Au final seulement 816 postes avaient été couverts. Il est égal au nombre d’admissibles au concours exceptionnel 2014 où il y avait 1906 admissibles et finalement 793 reçus pour 1592 postes.
Mais il est probable qu’une grande partie de ces admissibles du capes 2014 s’étaient aussi inscrits au capes exceptionnel de 2014. Si on retire ces 793 personnes on ne trouve plus qu’environ 1100 réels admissibles pour 1243 postes. Même si les jurys sont peu exigeants compte tenu des circonstances et des besoins, ce sont à nouveau quelques centaines de postes qui ne seraient pas couverts à la rentrée et qui s’ajouteront au déficit du concours exceptionnel.
Le déficit réel de postes à la rentrée en maths se chiffrerait donc en centaines de postes. A la place des 2 835 postes de maths attendus à la rentrée on pourrait en avoir que 1580 environ si l’on suit le ratio admissibles / reçus du concours exceptionnel ou 2000 si l(on suit celui du capes 2013. Disons qu’au mieux il manquera environ 800 postes.
Cette crise de recrutement vient de loin. Selon la Commission française pour l’enseignement des mathématiques (CFEM) elle tient d’abord aux » fluctuations de très grande ampleur » dans les politiques de recrutement. « Ces conditions créent un corps enseignant dont la démographie n’est pas stationnaire, et qui subit donc des coups d’accordéon suivant les cohortes partant en retraite ». La CFEM avance d’autres facteurs conjoncturels : « l’allongement du nombre d’années d’étude à la charge de l’étudiant, dû à la réforme de mastérisation, même si la réforme récente plaçant le concours en quatrième année a amélioré les choses ; la concurrence avec d’autres professions qui ont des arguments convaincants, également due à la réforme de mastérisation ; la baisse du pourcentage de femmes qui a aussi diminué le nombre de candidats potentiels ; la concurrence possible avec l’informatique pour les débouchés ; les conditions de salaire, et le fait souvent répété que les salaires des enseignants français, en début et milieu de carrière, sont nettement en-dessous de la moyenne des enseignants de l’OCDE ».
Mais le mal a aussi ses racines encore en amont. Certes en élevant le niveau de recrutement, on a raréfié le nombre des candidats potentiels et on a mis l’enseignement en concurrence avec d’autres métiers. En faisant de la série S une filière d’excellence et non une série scientifique, on réduit d’autant le nombre de jeunes qui s’engagent dans des études scientifiques. La moitié des bacheliers S suivra des études en commerce , médecine ou même droit. Le déficit se lit dès l’université dans la rareté des inscrits en filière mathématique.
François Jarraud