Comment expliquer les 659 293 journée d’enseignement non remplacées dans l’enseignement primaire public ? Le Parisien dans son édition du 3 octobre met en cause l’Education nationale sur ses capacités de recrutement. Il affirme aussi que les enseignants sont deux fois plus absents que els salariés du privé. La directrice de l’enseignement scolaire, Florence Robine a réagi en rappelant les suppressions de postes avant 2012 et en soulignant la difficulté à remplacer les congés de courte durée. Pour le Café pédagogique, l’absentéisme enseignant est
Le Parisien a publié le 3 octobre des données extraites des indicateurs de suivi de gestion du premier degré public, un document réalisé par le ministère qui ne souhaite pas le voir circuler.. Pourtant ces données sont partiellement publiées avec la loi de finances puisqu’elles servent à calculer le taux de remplacements, un des indicateurs légaux des performances du ministère. Selon ce sources, il y a 659 293 journées d’absence des professeurs du premier degré non remplacées et le taux de remplacement (nombre de jours d’absence remplacés sur le nombre de jours d’absence) est de 88%. Le quotidien signale aussi les inégalités entre académies : à Paris et Reims on compte un taux de non remplacement de 5% alors qu’il est de 27% en Corse. Le Parisien annonce encore un taux d’absentéisme de 7,3% pour les professeurs du primaire supérieur à celui du privé (4,2%).
Pour Florence Robine, directrice générale de l’enseignement scolaire, « concrètement ça fait 2 jours par an et professeur, 1% des journées. Et ce ne sont pas des journées où les élèves sont abandonnés », dit-elle. Elle explique les différences entre académies par leurs caractéristiques : certaines ont plus de moyens , le tissu scolaire peut rendre géographiquement plus difficiles les remplacements courts, les créations de postes varient aussi selon les académies. Certaines ont du mal à recruter. Enfin il y a le poids du passé : on a supprimé des postes avant 2012 et les rectorats ont privilégié les ouvertures de classes sur les moyens de remplacements. Elle souligne les efforts entrepris : création de 400 postes de remplaçants à la rentrée 2013. Des créations insuffisantes pour le Snuipp qui évalue à 2 541 le nombre de postes de remplaçants supprimés depuis 2009 et à 300 le nombre de postes ouverts à cette rentrée. Mais pour elle de toutes façons il restera toujours difficile de remplacer les congés de courte durée. « Le mot absentéisme (des enseignants) me fait tiquer », répond Florence Robine à une question du Café pédagogique. « Je ne trouve pas qu’il y ait de l’absentéisme enseignant. Ce ne sont pas des absences non justifiées ».
Le fameux absentéisme des enseignants
Mais qu’en est-il vraiment de l’absentéisme enseignant ? Les statistiques de l’éducation nationale, aux dires de l’Inspection générale, ne sont pas toujours sures. Elles le sont encore moins s’il faut les comparer à des données d’autres origines. On dispose d’une enquête générale sur les congés de maladie chez les salariés de tous les secteurs réalisée par ma Dares (ministère du Travail) en février 2013. Or ne confirme pas les chiffres publiés par Le Parisien. Selon la Dares, le taux d’absentéisme des enseignants est de 3,2 %, un taux légèrement inférieur à la moyenne nationale (3,6). Les taux les plus élevés concernent les métiers du batiment ou de la santé. Selon cette étude, le taux varie selon le degré de souffrance physique ou psychologique au travail et la catégorie sociale. Ainsi le taux est trois fois supérieur chez les ouvriers que chez les cadres. Les absences enseignantes doivent aussi tenir compte des congés de maternité dans une population enseignante très féminine (82%).
Quels remèdes ?
Le rapport de l’inspection de 2012 proposait de soumettre les enseignants à des durées d’astreinte pour qu’ils accueillent les élèves en cas d’absence… Plus sérieusement, la solution est liée au recrutement de nouveaux enseignants. Réagissant à la proposition du Snuipp d’aider financièrement les candidats aux concours dans les académies déficitaires, F Robine a rappelé « la vision de l’Education nationale qui tend plus à l’uniformité qu’à l’analyse objective de la situation des territoires. Mais il faudra y réfléchir ». Elle a mis l’accent sur les progrès en terme de recrutement et de rééquilibrage des moyens entre académies. Compte tenu de la croissance démographique et de la crise du recrutement, ce sera long…
François Jarraud