Par François Jarraud
Les syndicats réagissent à la publication des Regards sur l’éducation de l’OCDE en demandant non seulement des moyens mais aussi une transformation de l’Ecole.
« Il y a eu des progrès dans l’accès à l’éducation mais ils sont le fruit de la massification qui a eu lieu avant 2000 », nous confie Roland Hubert, co-secrétaire général du Snes. « Tout ce qui se fait maintenant va dans le mauvais sens. Ce qui est inquiétant c’est l’évolution de ces dix dernières années ». La baisse du taux de scolarisation, par exemple, est un vrai souci. Et ce n’est pas l’école du socle qui apportera une réponse car elle ne fera que faciliter le tri des élèves pour les empêcher d’aller au-delà ». L’autre grand élément d’inquiétude pour le Snes ce sont les salaires enseignants. « Ils sont très en-deçà de ce qui se fait dans les autres pays de l’OCDE et pas forcément pour un travail moins important. Quand on voit la crise de recrutement des enseignants et ces salaires on se demande comment le gouvernement va faire… » Autre souci : les inégalités scolaires : « ce ne sont pas les ECLAIR qui vont régler le problème ». Pour le Snes, « il est urgent de mener une autre politique que celle menée depuis des années. Il faut un vrai débat de société sur ces questions ». Celui des présidentielles…
« Après les évaluations PISA rendues publiques l’an dernier, le tableau de notre système éducatif dresse un constat sans appel. Il est surtout à des années lumière du satisfécit ministériel clamé sur toutes les ondes. Non seulement, l’école est victime d’un sous-investissement, mais en plus, elle est « championne » des inégalités laissant pour compte les élèves issus des milieux défavorisés », nous a déclaré Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp. « La réussite scolaire de tous les élèves impose un nouveau projet éducatif qui concilie quantité et qualité. Il faut investir dans la transformation de l’école. La maternelle, le travail en équipe, le « plus de maîtres que de classes » dans les écoles qui concentrent les difficultés scolaires, la formation en constituent les clefs majeures ».
« Malgré les multiples appels du Sgen-CFDT aux grèves et manifestations dont celle du 27 septembre prochain, le gouvernement maintient ses objectifs de réduction de dépenses publiques pour l’éducation », nous dit Guy Vauchel, secrétaire national du Sgen Cfdt qui souligne que » la France reste dans l’immédiat une mauvaise élève de l’OCDE en matière d’éducation ». » Il faut en finir avec l’égalité formelle des chances, faux nez de la sélection, et faire valoir pour tous les jeunes leur droit à l’éducation. L’effort quantitatif est sans doute utile mais n’y suffira pas, il faudra aussi repenser la conception même de la transmission des connaissances et de l’acquisition des compétences dans notre système éducatif ».
« La note sur la France que publie aujourd’hui l’OCDE dans la série « Regards sur l’éducation 2011 » fait l’effet d’un pavé dans la mare de la communication ministérielle de la rentrée », estime Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. » Si on ne fait pas toujours mieux avec plus, ce qui est sûr, c’est qu’à force de faire avec moins, on finit par faire moins bien ! C’est ainsi que l’OCDE attire l’attention sur de « sérieux signes de ralentissement » de la progression enregistrée en matière de niveau d’éducation de la population française. » Le Se-Unsa souligne deux points. » Le démantèlement de l’éducation prioritaire, la quasi-disparition de la scolarisation précoce, l’assouplissement de la sectorisation et l’ « exfiltration » des plus « méritants » vers des établissements plus favorisés renforcent cette tendance lourde de notre système éducatif à « soutenir l’excellence ». Pour le SE-Unsa, il faut que ça change ! Enfin, au moment où le SE-Unsa lance une campagne offensive sur le pouvoir d’achat des enseignants, l’OCDE confirme que le salaire des enseignants français a diminué sur la période de 1995 à 2009 et que leur salaire moyen est inférieur à la moyenne de l’OCDE. Et là aussi, pour le SE-Unsa, il faut que ça change ! »
Contacté par le Café, le ministère n’a pas fait de déclaration.