« Aujourd’hui l’enjeu est qualitatif ». Concluant, le 15 septembre, la présentation de Regards sur l’éducation 2016, Eric Charbonnier, expert à la direction de l’éducation de l’OCDE, présente le nouveau chantier de l’Ecole française : améliorer sa qualité. Pour cela, la voie est tracée par les réformes engagées. Il faut les continuer et aller plus loin…
Changer les rapports enseignants – direction
« Il est important de sortir du coté négatif », estime Eric Charbonnier. La fiche sur l’école française est particulièrement muette sur le problème majeur du système éducatif français : les inégalités. « C’est un sujet sur lequel on communique régulièrement et on communiquera quand Pisa va sortir (en décembre), lache-t-il. Le sujet du jour c’est la qualité du système.
Et il le décline par niveau. Si la France a avant les autres pays développé le pré-primaire « un grand nombre de pays vont vers des systèmes intégrés », relève-t-il. Autrement dit il pose la question de la liaison entre maternelle et école, un défi que la France devrait relever.
Au primaire, le défi c’est savoir ce qu’on va faire de la 5ème matinée. Un rapport officiel a montré que la question se pose bien dans le classes. « En France on a plus d’heures de maths et de lecture qu’ailleurs à l’école mais on a 20% d’élèves en échec à l’âge de 15 ans », relève-t-il. « Ma question c’est bien comment les enseignants travaillent avec les élèves ». Les maitres surnuméraires ne trouvent pas grâce non plus. « C’est un dispositif quantitatif. Or c’est la qualité des enseignants plus que la taille des classes qui fait la différence ».
Au collège l’effort doit porter sur la collaboration entre les enseignants et les principaux. La France est un des pays de l’OCDE où les chefs d’établissement s’invitent le moins dans les classes et où les enseignants sont le moins intéressés à la gestion de l’établissement. « La réforme du collège va dans le bon sens et la réforme de l’évaluation va aider à cette collaboration ».
Autonomie et hausse du temps de travail des enseignants
L’autonomie des établissements est perçue comme positive à condition d’être controlée. « Quand on regarde sur le terrain on voit des différences de résultats entre des établissements proches. Quand on creuse on constate que dans tel collège il y a une équipe qui s’entend bien et qui est dynamique. C’est donc possible d’améliorer les choses. Mais il ne faut plus laisser cela au hasard des rencontres ».
Regards sur l’éducation montre que les salaires des enseignants français sont en dessous des salaires moyens de l’OCDE. Un professeur débutant français gagne la moitié de la paye d’un collègue allemand. « Mais ce n’est pas seulement en augmentant les enseignants qu’on va régler les problèmes du système éducatif. L’augmentation doit s’inscrire dans une réflexion sur le métier enseignant ». Concrètement c’est de l’augmentation du temps de travail en établissement des enseignants qu’il s’agit. « On ne peut pas éluder ce sujet compte tenu du cout du lycée », explique E Charbonnier. La moyenne des heures d’enseignement au secondaire dans l’OCDE est 21 heures.
Si l’OCDE estime « qu’il ne faut pas détricoter les réformes », elle entend aussi faire passer ses idées dans le débat des présidentielles. Et soutenir des réformes structurelles.
François Jarraud