Même à Lalonde, les instits en prennent plein la tronche.
A.-M. Chartier leur explique qu’ils laissent un peu aller le métier, E. Bautier met le doigt où ça fait mal, avec les confusions dans les usages du cours dialogué, F. Ramus précise pourquoi ils doivent mieux s’emparer de la question des troubles, F. Carraud les invite à réinterroger les gestes quotidiens du métier devant les élèves « différents », Y. Chenouf leur demande d’être vigilants sur les contenus culturels des ouvrages de littérature, N. Mosconi ose leur dire qu’ils considèrent différemment les filles des garçons…
Mais la différence avec ce que leur fait le ministre, c’est qu’ici, à la huitième édition de l’Université d’Automne du SNUipp, on est en confiance. Même quand ça fatigue un peu, même quand les nuits ont été courtes, même quand le soleil invite à la plage… Parce que les intervenants qu’on est venu écouter semblent faire la preuve qu’ils connaissent les difficultés du métier, mais aussi parce qu’ils affichent sans ambiguïté qu’on est là pour mieux comprendre ce qui se passe dans la classe, pour mieux faire pour les élèves qui « ont le plus besoin de l’Ecole ». Depuis huit ans, le pari n’est jamais réussi d’avance : cette année encore, quatre participants sur dix ne sont jamais venus. Ils se sont inscrits « pour voir d’autres horizons », « sortir de son train-train », « faire le point avant le recul des congés ». Ecouter et voir…
Même si d’un atelier à l’autre, on n’est pas forcément d’accord avec le voisin, et pas sûr d’avoir bien entendu tous les présupposés de l’intervenant, ce qu’on a entendu le matin se met en réseau avec la conférence du soir. Il arrive qu’une erreur de casting déçoive, ou qu’une « valeur sûre » agace. Chercheur, peut-être, Prométhée, pas toujours.
Pas assez de temps, pas assez de moyens, pas assez de formation : plusieurs fois, les interventions de la salle ont rappelé qu’on était dans un moment syndical. La disparition programmée des Réseaux d’aide émeut, autant que l’on s’inquiète de l’avenir de la formation. 6000 postes en moins, et des dizaines de milliers d’élèves en plus, la carte scolaire prochaine s’annonce sévère. D’ailleurs, l’annonce par Gilles Moindrot de la grève unitaire du 20 novembre, avec le SE-UNSA et le SGEN-CFDT, a déclenché les vivats : « On a besoin de respect et de dignité, pas d’adoration » a-t-il scandé.
Faire réseau…
Il est vrai qu’à Lalonde, faire réseau n’est pas un mot en l’air. Réseau de chercheurs autant que de praticiens : une intervenante est toute surprise de faire connaissance, au hasard d’un repas, du Boimare dont elle cite toujours les écrits dans ses conférences, sans l’avoir jamais vu de près… Un autre vient écouter un collègue qu’il n’a pas recroisé depuis plusieurs années, et on va discuter des virgules sémantiques en attendant la « soirée festive ».
Manifestement touchés par ce bourdonnement, au fur et à mesure que les conférences se succèdent, les presque 400 participants sont invités à travailler les impensés de leurs gestes professionnels, ces évidences du métier qu’il faut faire surgir et décortiquer. Dans un dialogue avec soi-même, mais aussi à l’intérieur du collectif de métier. Pour mieux comprendre le cadre de l’Ecole, les contraintes institutionnelles, mais aussi développer le pouvoir d’en faire quelque chose. Ne pas renoncer. Malgré tout.
Avec une phrase qui revient souvent : « il faut que nous soyons, ensemble, fiers de ce que nous avons à faire pour les élèves, fiers du métier ».
A La Londe, on peut arriver seul, mais on repart souvent à plusieurs…
Quelques échos partiels et partiaux de conférences, au hasard des rencontres, et sans parti-pris pour celles qu’on n’a pas eu le temps de suivre…:
Anne-Marie Chartier : « Faire un métier dont on puisse continuer d’être fier : un sacré défi pour la génération à venir…
Elisabeth Bautier : « Dépister les malentendus »
Yvanne Chenouf : « Lire, c’est transformer le monde »
Table-ronde : « Parents, enseignants, collectivités : quelles alliances, malgré tout ? »
Françoise Carraud : « Prendre en compte, dans les classes, les cultures des élèves ? »
Sylvie Cèbe : « un outil pour apprendre aux élèves à comprendre ».
Mathématiques : le parent pauvre ?
Enseigner les sciences, pourquoi ? Comment ?
Nicole Mosconi : « Filles, garçons, ça dure ! »