Covid : Face à la vague, JM Blanquer tente le protocole allégé 

Les classes du premier degré ne seront plus fermées dès le 1er cas de covid, a annoncé JM Blanquer le 25 novembre. L'Education nationale "ajuste" le protocole dans le premier degré en demandant aux parents de faire tester leur enfant avant son retour en classe dès le premier cas de covid. Ce nouveau dispositif vise à diminuer le nombre de classes fermées alors que l'épidémie explose. Il y a pourtant  bien des questions en suspens. La classe sera t-elle finalement fermée avant le retour des élèves avec leur résultat de test ? Est-il possible de ne rien changer dans le second degré ? Et deux questions redoutables restent en suspens. Qui vérifiera les attestations de test négatif alors que le conseil constitutionnel a cassé un amendement autorisant les écoles à avoir accès au statut virologique des élèves ? Que va t'il se passer dans les départements qui ont déjà des taux d'incidence très élevés dans le 1er et le 2d degré ? Car partout on reste officiellement au niveau 2.

 

"L'ajustement" du protocole

 

"Nous allons ajuster notre protocole" a déclaré JM Blanquer le 25 novembre en présentant, avec Olivier Véran, ministre de la Santé, les nouvelles mesures entrant en application. Il y a bien urgence. Le ministre de l'éducation annonce 8500 classes fermées le 24 novembre, soit plus du double en une semaine. Ce taux reflète la rapidité de l'expansion de la pandémie avec un doublement du nombre de personnes contaminées tous les 11 jours. Mais c'est pire dans les classes. Le taux d'incidence des scolaires est plus élevé et augmente plus rapidement que le taux moyen dans la plupart des départements. Sur les 60 premiers départements français, 50 ont un taux d'incidence des scolaires supérieur au taux moyen du département.

 

Comme nous l'avions annoncé, JM Blanquer va étendre au territoire national l'expérimentation menée dans les écoles primaires dans 10 départements. Selon le ministère, ce dispositif a permis de maintenir ouvertes 400 classes sur 700 cas confirmés. Il est donc efficace par rapport à l'objectif prioritaire du ministre : "Ce dispositif est conçu pour assurer la protection de nos élèves et de nos concitoyens et l'ouverture aussi grande que possible des écoles". C'est bien sur ce dernier terme qui est privilégié.

 

A partir de la semaine prochaine avec peut-être un étalement jusqu'à début décembre selon les départements, on testera tous les élèves d'une classe dès le 1er cas de covid dans le premier degré. La classe sera fermée et les élèves reviendront en classe en présentant un test négatif. Il reste du flou autour de ces mesures. D'abord sur la possibilité de leur mise en place selon les départements. Ensuite sur la durée de fermeture de la classe. La volonté ministérielle est par contre claire : diminuer le nombre de classes fermées pendant une semaine.

 

S'agit-il d'un allègement du protocole ? Oui car la mesure antérieure était radicale pour casser la transmission du virus dans la classe. Une semaine plus tard on était certain de connaitre les  porteurs du virus invités à prolonger la quarantaine si nécessaire. Avec la nouvelle mesure, on va avoir des erreurs de diagnostic en nombre, avec un décalage entre le test et la contamination. On aura très probablement davantage de porteurs du virus dans les classes, la plupart asymptomatiques. Le gouvernement fait le choix d'éviter les fermetures de classe en proposant un protocole moins efficace.

 

Des points faibles

 

Il reste du flou et des points faibles dans la politique gouvernementale. Le flou c'est sur la mise en place concrète. Le calendrier n'est pas clair : à partir de la mi semaine prochaine , adit JM Blanquer qui promet des instructions envoyées aux directeurs. Comment les écoles choisiront elles entre le tests réalisé à l'école et les tests demandés aux parents ? Pour des tests en milieu scolaire il faudrait des accords avec des laboratoires. Ils n'existent pas en ce moment. Les écoles inviteront donc les parents à se débrouiller pour faire tester leur enfant. Et cela ne sera pas simple partout. D'autant qu'on ne sait pas encore quels tests seront exigés.

 

Le nouveau dispositif a un autre points faible. Quand le teste n'est pas réalisé dans l'école, les parents doivent faire tester l'enfant en ville (c'est gratuit). Puis ils présentent le résultat du tests pour son retour en classe (si le test est négatif). C'est là que se cache la seconde difficulté. Le 9 novembre, le Conseil constitutionnel a censuré un article de la loi vigilance sanitaire qui autorisait les directeurs d'école à avoir accès au statut virologique et au statut vaccinal des élèves " ces dispositions portent une atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée." Ces informations restent couvertes par le secret médical. Comment dans ce cas pourraient ils avoir accès au résultat du test ?

 

Pour le ministère ce n'est pas un problème. "Il y a deux différences essentielles avec l'article censuré par le Conseil constitutionnel", nous fait savoir le ministère. "La loi que le conseil constitutionnel (CC) a censurée permettait d’avoir connaissance du statut vaccinal ou virologique sans passer par les parents, donc sans solliciter leur accord, notamment via les médecins scolaires (qui auraient pu communiquer directement les résultats aux directeurs d’école / chefs d’établissements). Elle permettait de traiter ces données, c’est-à-dire de les collecter et les conserver pour pouvoir les réutiliser. Le Conseil Constitutionnel a bien relevé ces deux éléments et a estimé qu’il n’y avait pas suffisamment de garanties notamment en raison du nombre de personnes susceptibles d’accéder aux données. La présentation des résultats du test négatif se distingue de la loi censurée sur ces deux points.                         Seuls les parents qui le souhaitent communiqueront les résultats de tests, auxquels personne n’aura accès autrement. Il n’y a pas de traitement de données : les tests seront vérifiés mais ni collectés, ni conservés (comme c’est le cas aujourd’hui des attestations)". L'argumentation est intéressante. Mais les parents n'auront pas le choix à moins de déscolariser leur enfant. Et il y aura bien une information médicale donnée à du personnel non astreint au secret médical.

 

Dans le second degré

 

Et dans le second degré ? "Le protocole de niveau deux est maintenu", a déclaré JM Blanquer aussi bien dans le 2d degré que dans le premier. Selon lui, "le secondaire peut traverser la 5ème vague" , du fait du fort taux de vaccination des élèves (77% de primo vaccinés).

 

Pourtant la situation est déjà très grave dans plusieurs départements. Ainsi l'Ardèche a un taux d'incidence de 484 pour les 0-9 ans et 501 pour les 10-19 ans. La Haute Corse est à 610 pour les 10-19 ans. Les Landes est à 380 dans les écoles et 366 dans le 2d degré. On pourrait encore citer le Lot et Garonne (410 pour les 10-19 ans). Dans la grande majorité des départements le taux d'incidence des collégiens et lycéens est déjà à 200. Et le rythme de progression est au moins le doublement chaque semaine.

 

On a là le second gros problème posé au gouvernement. Est-il prêt à laisser monter les taux à 600 ou 800 dans les collèges et lycées ? Même si la plupart des élèves sont vaccinés , les taux de contamination vont continuer à monter en flèche avec les effets sur les familles et les adultes au contact des jeunes. Pour ces départements ne pas prendre tout de suite les mesures nécessaires c'est réellement prendre un gros risque. Le ministère s'en remet à une vaccination dont on voit bien qu'elle n'empêche pas la diffusion de la maladie.

 

Un nouveau pari

 

 

 


Olivier Véran a annoncé des mesures générales pour les adultes et les enfants. Le port du masque sera obligatoire en intérieur partout dès demain. Le passe sanitaire sera dévalidé à partir du 15 décembre pour les plus de 65 ans qui n'auront pas fait de rappel dans un délai de 7 mois après la 2de injection. Pour tous les autres adultes se sera à partir du 15 janvier. Tous les adultes auront droit à une dose de rappel dès le 5ème mois après la 2de injection.

 

"Partout où c'est nécessaire, il peut être utile d'installer des capteurs de Co2", a  ajouté O. Véran. C'est pourtant exactement ce qui n'a pas été fait dans les écoles et établissements scolaires. Faute d'avoir pris la pandémie au sérieux, d'avoir investi dans les purificateurs et la ventilation mécanique ou même des masques protecteurs, la pandémie se répand par les salles de classe. Il n'est pas certain que l'ajustement" du protocole suffise à stopper la progression de l'épidémie. Encore une fois le ministère fait le pari de tenir jusqu'aux vacances. Le 25 novembre, le taux d'incidence des 0 à 9 caracolait bien au dessus du pic du printemps 2021...

 

François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le vendredi 26 novembre 2021.

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